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Mobilisations étudiantes pour Gaza : un combat pour la défense de valeurs universelles, selon Pascal Boniface

Jeudi 2 Mai 2024

Pascal Boniface, directeur de l'Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS)
Pascal Boniface, directeur de l'Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS)

Les universités des États-Unis et de France, notamment à Sciences Po et à la Sorbonne, sont actuellement le théâtre de mobilisations étudiantes exigeant un cessez-le-feu à Gaza. Pascal Boniface, Directeur de l'Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS), analyse ce phénomène dans une vidéo publiée ce jeudi, mettant en lumière la complexité des motivations derrière ces manifestations.

 

Selon Boniface, ces mobilisations sont souvent critiquées comme étant motivées par l'antisémitisme, sous prétexte que les étudiants ne se lèvent pas avec autant de véhémence contre d'autres injustices mondiales, comme la répression en Iran ou la guerre civile au Soudan ou la situation de conflit dans l'est de la République démocratique du Congo (RDC). Cependant, l'expert rejette cette interprétation, expliquant que le conflit israélo-palestinien attire davantage l'attention en raison de son contexte unique, qu'il décrit en plusieurs points.

 

"La presse tend à mettre en avant d'autres crises pour minimiser l'importance du conflit israélo-palestinien, utilisant l'accusation de morale à géométrie variable qui se retourne contre eux. Le fondateur de l'IRIS met en perspective le traitement médiatique des différentes crises, "Les journaux eux-mêmes ne prêtent pas tellement attention et on a aujourd'hui le sentiment qu'ils mettent en avant la situation en Iran ou ailleurs pour qu'on ne parle pas du conflit israélo-palestinien."

 

Boniface rappelle également des précédents historiques où les mouvements de protestation internationaux ont principalement eu lieu dans des démocraties. Il cite la guerre du Vietnam, les mobilisations contre l'apartheid en Afrique du Sud, et les manifestations contre la guerre en Irak comme des exemples dans lesquels les citoyens de pays démocratiques ont protesté contre les actions de leurs propres gouvernements ou ceux de leurs alliés.

 

Le chercheur émérite rappelle qu'Israël se présente comme une démocratie. "Quand on est une démocratie, on ne commet pas de crime de guerre," insiste-t-il, soulignant l'importance d'être cohérent avec les valeurs démocratiques.

 

- Absence de sanctions des pays occidentaux

 

Un autre point crucial soulevé par Boniface est la relation des pays occidentaux avec Israël. "Israël être notre allié. Et nous aidons Israël dans ces bombardements sur Gaza par une aide juridique, par une aide économique, par une aide militaire", explique le fondateur de l'IRIS.

 

Selon lui, l'absence de sanctions contre Israël, malgré les bombardements sur Gaza, contraste fortement avec les mesures prises contre d'autres pays comme la Russie ou l'Iran. Cette incohérence, selon lui, alimente la frustration de la jeunesse, qui trouve injuste cette impunité.

 

Enfin, Boniface écarte l'accusation d'antisémitisme généralisé au sein des mouvements de protestation, notant que les quelques cas de débordements ont été rapidement condamnés par les organisateurs. Il souligne la présence de manifestants juifs aux côtés des musulmans, luttant ensemble pour ce qu'ils perçoivent comme une cause juste et comme "l'universel".

 

Cette analyse de Pascal Boniface met en évidence le rôle de la jeunesse mondialisée dans la défense de valeurs universelles, indépendamment des frontières nationales ou des identités ethniques ou religieuses et nous rappelle des mouvements historiques de dénonciation, mais aussi que l'injustice quelque part est une menace pour la justice partout.

 

- Situation humanitaire à Gaza

 

Pour rappel, Israël poursuit, depuis octobre 2023, ses bombardements indiscriminés sur la bande de Gaza, alors que l'attention internationale s'est dernièrement tournée sur le conflit entre Tel Aviv et Téhéran.

 

Depuis plus de six mois, Israël mène une guerre dévastatrice dans l'enclave palestinienne, qui a fait des dizaines de milliers de victimes civiles, pour la plupart des enfants et des femmes, en plus d'une catastrophe humanitaire sans précédent et d'une destruction massive des infrastructures.

 

En raison de la guerre et des restrictions israéliennes, la population gazaouie, particulièrement celle des districts de Gaza et du nord de l’enclave palestinienne, est au bord de la famine, tandis qu'une grave pénurie de nourriture, d'eau, de médicaments et de carburant frappe ce territoire à la suite du siège total imposé par Israël.

 

Le conflit a provoqué le déplacement d'environ deux millions de Palestiniens à l’intérieur de la bande de Gaza, soumise au blocus israélien depuis 17 ans.

 

Pour rappel, pour la première fois depuis sa fondation en 1948, l'État d'Israël est poursuivi pour crime de génocide devant la Cour internationale de Justice (CIJ), la plus haute instance judiciaire des Nations Unies, pour son offensive meurtrière contre la bande de Gaza. Un arrêt rendu le 26 janvier par la CIJ a ordonné à Tel-Aviv de prévenir la réalisation d'actes susceptibles d'être considérés comme génocidaires et de prendre des mesures pour garantir l'acheminement de l'aide humanitaire aux civils de Gaza.

 

Dans ce contexte, le premier ministre israélien Benyamin Netanyahu menace fréquemment de mener une offensive militaire contre la ville de Rafah, dans le sud de la Bande de Gaza, où plus d'un million de déplacés internes palestiniens sont réfugiés. [AA]

 
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