Par Adama Gaye (*)
Un homme au nom prédestiné, nom porteur de malheurs, symbole de l’obscurité, remporte haut la main le titre d’homme de l’année au Sénégal : Timis ! Il se peut qu'il ait en plus déjà ramassé le jackpot: des centaines de milliards seraient dans sa besace avant même la cérémonie des récompenses.
Paradoxale donc cette annus horribilis qui voit un chenapan, un aventurier, apatride (?) venu de nulle part, mettre la main sur le pactole du siècle que Dieu a fait sortir des entrailles d’un pays longtemps rangé dans la catégorie des terres arides et ingrates sahéliennes mais brusquement hissé au firmament des nations bénies du ciel. Quelle surprenante année, honteuse, que cette cuvée 2016 qui aurait dû être celle de toutes les célébrations pour un peuple qui s’est retrouvé avec le cadeau le plus gratifiant pour l’aider à réussir sa course vers le progrès, la paix et la prospérité.
Visité par la manne divine, dans les antres de ses eaux maritimes, par le surgissement de ressources en hydrocarbures qu’on n’imaginait plus jamais sous ces cieux, le Sénégal était l’une des nations les mieux parties à l’entame de cette année dans la compétition interétatique globale. Tout semblait lui sourire enfin. Son pessimisme, ses doutes, ses maigres ressources pouvaient ne plus être qu’un vieux souvenir. Il lui était loisible même d’oser enfin rouler les mécaniques, en exposant à la face du monde ses nouveaux avantages compétitifs, naturels, en plus de ceux construits à la force des talents et des sacrifices de son peuple.
Découvrir du pétrole et du gaz a toujours été perçu comme un signe favorable du destin avant que l’on ne commence à parler, ces temps-ci, de l’urgence d’une transition énergétique vers des énergies propres, renouvelables. L’activisme des adversaires du fossile n’y fait rien : encore maintenant, seuls les rêveurs osent considérer pétrole et gaz comme des valeurs du passé. Ils restent l’une des clés les plus sûres pour l’entrée dans le modernisme, le développement, comme ils le sont depuis la deuxième révolution industrielle, laquelle ne serait jamais advenue sans leur injection dans les moteurs des voitures, puis dans la provision d’électricité et dans la fabrication des produits en tous genres du fait des avancées de la pétrochimie, sans compter leur rôle dans l’amélioration des machines de guerre, comme le comprit très tôt un certain Winston Churchill, ministre de la Marine de son pays au début du siècle dernier, avant de devenir l’historique Premier ministre de la Grande Bretagne pendant la deuxième guerre mondiale.
Autant dire que, lancée sur des roulettes, l’année 2016 aurait dû se terminer par un feu d’artifices pour célébrer l’aube d’une ère nouvelle, d’une vraie relance du processus de développement du Sénégal qui fut longtemps empêché par l’absence de facteurs naturels susceptibles de l’huiler.
Or, à quelques encablures de son terme, elle ne restera que l’année crépusculaire. Avec l’aide de Macky Sall et l’implication de son frère, dans une opacité totale, en violation des meilleures règles de bonne gouvernance économique, une partie importante des ressources fossiles du Sénégal est hypothéquée au profit d’une camarilla qu’ils encadrent.
L’ombre crépusculaire de Frank Timis qui s’est abattue sur le Sénégal pour embrunir ses chances, en le transformant en terre promise à la saga de la malédiction de ses ressources, a été longue à se projeter sur l’Ouest africain. Le Roumano-chinois, dont les racines plongent en divers lieux de la planète, trimballe sa silhouette dans cette région depuis la fin des années 1990 quand il a planté ses pénates en Sierra Leone, en une époque où ce pays était gouverné par le Parti du Peuple Sierra-Léonais (SLPP) du défunt président Tejan Kabbah. Longtemps marginalisé, il commença à voir le bout du tunnel lorsqu’en 2007 le régime du Slpp entreprit une étude détaillée des ressources minéralières du pays qui l’aida à se positionner. Peu après, l’arrivée au pouvoir du Congrès de Tout le Peuple (APC) de l’actuel Président Ernest Bai Koroma le mit sur une plus solide orbite.
C’est alors qu'il gagne en audace. On rapporte qu'il aurait alors fait rénover, à travers un certain Moseray Fadika de la Holdings Koidu, la résidence présidentielle. Les faveurs qu'il récolte du régime n'empêchent pas le déferlement des scandales. Koroma découvre que la société de Timis aurait donné plus d’un milliard de francs Cfa, en dessous de table, à Alpha Kanu, un ancien ministre des Mines, avant d’en faire de même avec Alhaji Jalloh, celui nommé au même poste par le Président Koroma. Non décontenancé, l'appétit de Timis devient plus fort. Dans les milieux informés du pays, on susurre qu'il parvient même à conquérir le cœur du boss lui-même dont les déplacements en jets privés furent, affirment-ils, payés par lui. Pour lui permettre de se rendre à l’Assemblée générale de l’Onu ou pour participer à la remise du diplôme de sa fille à Londres. Je me souviens avoir personnellement déjeuné à cette occasion dans un hôtel Londonien avec Koroma et des membres de sa délégation, et de sa fille.
Plus tard, quand Koroma est venu au Sénégal par vol privé en 2011, officiellement pour une visite de travail, son déplacement, on peut le penser, était aussi sous le parrainage de Timis. Les odeurs petro-gazières s'y faisaient sentir. C’est du reste d'alors que datent les premiers moments de la capture illégale par Timis de nos hydrocarbures, avec, d’abord, l’aide de Wade, cornaqué par une horde de dealers, puis par Macky et son frère, en famille !
L’ombre de Timis plane désormais au-dessus du Sénégal. Macky Sall, son complice, doit lui décerner le titre de l’homme, ou, plus exactement, celui de démon de l’année. Le peuple sénégalais, lui, se doit de corriger immédiatement cette escroquerie !
(*) Journaliste, consultant
Un homme au nom prédestiné, nom porteur de malheurs, symbole de l’obscurité, remporte haut la main le titre d’homme de l’année au Sénégal : Timis ! Il se peut qu'il ait en plus déjà ramassé le jackpot: des centaines de milliards seraient dans sa besace avant même la cérémonie des récompenses.
Paradoxale donc cette annus horribilis qui voit un chenapan, un aventurier, apatride (?) venu de nulle part, mettre la main sur le pactole du siècle que Dieu a fait sortir des entrailles d’un pays longtemps rangé dans la catégorie des terres arides et ingrates sahéliennes mais brusquement hissé au firmament des nations bénies du ciel. Quelle surprenante année, honteuse, que cette cuvée 2016 qui aurait dû être celle de toutes les célébrations pour un peuple qui s’est retrouvé avec le cadeau le plus gratifiant pour l’aider à réussir sa course vers le progrès, la paix et la prospérité.
Visité par la manne divine, dans les antres de ses eaux maritimes, par le surgissement de ressources en hydrocarbures qu’on n’imaginait plus jamais sous ces cieux, le Sénégal était l’une des nations les mieux parties à l’entame de cette année dans la compétition interétatique globale. Tout semblait lui sourire enfin. Son pessimisme, ses doutes, ses maigres ressources pouvaient ne plus être qu’un vieux souvenir. Il lui était loisible même d’oser enfin rouler les mécaniques, en exposant à la face du monde ses nouveaux avantages compétitifs, naturels, en plus de ceux construits à la force des talents et des sacrifices de son peuple.
Découvrir du pétrole et du gaz a toujours été perçu comme un signe favorable du destin avant que l’on ne commence à parler, ces temps-ci, de l’urgence d’une transition énergétique vers des énergies propres, renouvelables. L’activisme des adversaires du fossile n’y fait rien : encore maintenant, seuls les rêveurs osent considérer pétrole et gaz comme des valeurs du passé. Ils restent l’une des clés les plus sûres pour l’entrée dans le modernisme, le développement, comme ils le sont depuis la deuxième révolution industrielle, laquelle ne serait jamais advenue sans leur injection dans les moteurs des voitures, puis dans la provision d’électricité et dans la fabrication des produits en tous genres du fait des avancées de la pétrochimie, sans compter leur rôle dans l’amélioration des machines de guerre, comme le comprit très tôt un certain Winston Churchill, ministre de la Marine de son pays au début du siècle dernier, avant de devenir l’historique Premier ministre de la Grande Bretagne pendant la deuxième guerre mondiale.
Autant dire que, lancée sur des roulettes, l’année 2016 aurait dû se terminer par un feu d’artifices pour célébrer l’aube d’une ère nouvelle, d’une vraie relance du processus de développement du Sénégal qui fut longtemps empêché par l’absence de facteurs naturels susceptibles de l’huiler.
Or, à quelques encablures de son terme, elle ne restera que l’année crépusculaire. Avec l’aide de Macky Sall et l’implication de son frère, dans une opacité totale, en violation des meilleures règles de bonne gouvernance économique, une partie importante des ressources fossiles du Sénégal est hypothéquée au profit d’une camarilla qu’ils encadrent.
L’ombre crépusculaire de Frank Timis qui s’est abattue sur le Sénégal pour embrunir ses chances, en le transformant en terre promise à la saga de la malédiction de ses ressources, a été longue à se projeter sur l’Ouest africain. Le Roumano-chinois, dont les racines plongent en divers lieux de la planète, trimballe sa silhouette dans cette région depuis la fin des années 1990 quand il a planté ses pénates en Sierra Leone, en une époque où ce pays était gouverné par le Parti du Peuple Sierra-Léonais (SLPP) du défunt président Tejan Kabbah. Longtemps marginalisé, il commença à voir le bout du tunnel lorsqu’en 2007 le régime du Slpp entreprit une étude détaillée des ressources minéralières du pays qui l’aida à se positionner. Peu après, l’arrivée au pouvoir du Congrès de Tout le Peuple (APC) de l’actuel Président Ernest Bai Koroma le mit sur une plus solide orbite.
C’est alors qu'il gagne en audace. On rapporte qu'il aurait alors fait rénover, à travers un certain Moseray Fadika de la Holdings Koidu, la résidence présidentielle. Les faveurs qu'il récolte du régime n'empêchent pas le déferlement des scandales. Koroma découvre que la société de Timis aurait donné plus d’un milliard de francs Cfa, en dessous de table, à Alpha Kanu, un ancien ministre des Mines, avant d’en faire de même avec Alhaji Jalloh, celui nommé au même poste par le Président Koroma. Non décontenancé, l'appétit de Timis devient plus fort. Dans les milieux informés du pays, on susurre qu'il parvient même à conquérir le cœur du boss lui-même dont les déplacements en jets privés furent, affirment-ils, payés par lui. Pour lui permettre de se rendre à l’Assemblée générale de l’Onu ou pour participer à la remise du diplôme de sa fille à Londres. Je me souviens avoir personnellement déjeuné à cette occasion dans un hôtel Londonien avec Koroma et des membres de sa délégation, et de sa fille.
Plus tard, quand Koroma est venu au Sénégal par vol privé en 2011, officiellement pour une visite de travail, son déplacement, on peut le penser, était aussi sous le parrainage de Timis. Les odeurs petro-gazières s'y faisaient sentir. C’est du reste d'alors que datent les premiers moments de la capture illégale par Timis de nos hydrocarbures, avec, d’abord, l’aide de Wade, cornaqué par une horde de dealers, puis par Macky et son frère, en famille !
L’ombre de Timis plane désormais au-dessus du Sénégal. Macky Sall, son complice, doit lui décerner le titre de l’homme, ou, plus exactement, celui de démon de l’année. Le peuple sénégalais, lui, se doit de corriger immédiatement cette escroquerie !
(*) Journaliste, consultant