Au ministre de l’Intérieur, aux gouverneurs et autres cadres de l’administration territoriale, je dis : l’histoire, la Grande histoire vous épie !
Le 24 mars 2024, jour d’histoire pour le Sénégal ! Oui, jour d’histoire au motif que le pays va vers l’une des élections les plus déterminantes pour son avenir.
Et le Sénégal tout entier de retenir son souffle !
L’Afrique, dans sa diversité, prie pour que le Sénégal ne déçoive pas les attentes placées en elle. Quant aux autres continents, ils observent avec inquiétude cette expérience démocratique qui a traversé des turbulences terribles, menaçant jusqu’à sa survie même.
Tout cela pour dire que l’heure est grave ! Les sénégalais sauront-ils encore une fois déjouer les pronostics alarmistes de certains observateurs ? La balle est dans notre camp.
Plaise à Dieu que le 24 mars 2024 soit, encore une fois, jour de gloire pour le grand peuple sénégalais. C’est dans l’ordre du possible ! Ce pays dispose de ressources morales, intellectuelles à même de lui permettre de faire face à tous les défis qui se présentent sur son chemin. Pour ce faire, il urge que les uns et les autres s’engagent à adopter une posture qui fasse triompher la vérité dans les urnes au détriment de pratiques qui déshonorent l’acte démocratique.
Des élections chaotiques, le Sénégal en a connues ces dernières années avec une désorganisation totale frisant parfois le sabotage. Sabotage, vous avez dit !!!??? Voulu ou pas ? L’histoire nous dira !
Certaines pratiques malsaines qui ont émaillé les élections de ces dernières années vont elle faire leur réapparition à l’occasion des élections du 24 mars 2024 ?
Ce qu’on a vécu en 2017 avec le ministre Abdoulaye Daouda Diallo n’est pas digne d’un pays comme le Sénégal. Suivons cet extrait d’un reportage réalisé par France 24 en date du 30/07/2017 :
« Le vote a été marqué par quelques problèmes d’organisation en début de journée. L’ouverture de nombreux bureaux de vote a notamment pris du retard. Dans certains centres, il a fallu nettoyer les lieux après les violents orages qui avaient touché dans la nuit le pays.
Dans d’autres, l’ensemble des bulletins des très nombreuses listes -47, un record-n ’avait pas été acheminé à temps…Mais ce sont les problèmes liés aux listes d’électeurs et à la distribution des cartes d’identité biométriques permettant aux citoyens de voter, dont plusieurs centaines de milliers n’ont pas été fournies à temps, qui gênaient les opérations. »
Allons-nous encore vivre cette situation plus que déplorable ? La question reste posée !
L’expert électoral Ndiaga Gueye s’est longuement épanché dans un journal de la place pour dire qu’il n’est guère rassuré par les faits posés par ceux-là qui ont en charge le processus électoral. Il a tort ou il a raison ? Les faits répondront d’eux-mêmes et sous peu !
Cela dit, ce qui n’est pas rassurant, ce sont les propos des hommes et femmes, proches du pouvoir qui annoncent à grand renfort de publicité la victoire de leur champion dès le premier tour. Connaissant ces hommes et femmes qui ne sont nullement des enfants de chœur, on peut nourrir et à juste raison un certain nombre de craintes.
Quoi qu’il en soit et pour la paix civile, il revient aux acteurs qui pilotent l’organisation des élections de travailler d’arrache-pied pour organiser les élections les plus démocratiques et les plus transparentes qui soient.
Le monde bouge et tout finit par se savoir ! De fait, chaque responsable doit éviter que son nom soit associé à des pratiques ignominieuses qui peuvent lui valoir la déchéance morale et cela jusqu’à la fin des temps.
A chacun de prendre ses responsabilités et devant les hommes et devant l’histoire ! Des sénégalais ont eu à s’illustrer dans la parfaite organisation d’élections au Sénégal.
Je pense au Général Lamine Cissé ! Je pense au Général Mamadou Niang !
A Cheikh Gueye, ministre des Elections et au ministre de l’Intérieur de l’époque, Maître Ousmane Ngom ! Sans oublier Louis Pereira De Carvalho, chef de l’ONEL qui a su avec panache et autorité superviser les élections. Voilà ce que disait ce grand monsieur dans le journal, LE SOLEIL en date du 25 Octobre 2004 :
« Je jure d’accomplir ma mission avec impartialité, de ne me laisser influencer ni par l’intérêt personnel présent ou futur ni par une pression d’aucune sorte. Dans mon appréciation, je n’aurai pour guide que la Loi, la Justice et l’équité. »
QUELLE GRANDEUR !!! Vivement que ces grands messieurs qui ont su garder le sens de l’honneur et de la dignité, inspirer ceux et celles qui ont la redoutable mission d’arbitrer les élections concurrentielles du 24 mars 2024.
Le nouveau ministre de l’Intérieur, Mouhamadou Makhtar Cissé, je ne le connais pas personnellement. Je ne l’ai vu qu’une seule fois. Et c’était à l’IAM (2018-2019). Prenant la parole devant un parterre d’étudiants, il m’a laissé ce jour-là une forte impression. Maitrisant à merveille son sujet, il a eu droit après son speech à une standing ovation.
Cet homme qui a une parfaite maîtrise de l’art de la communication, saura-t-il répondre à l’attente des 17 millions de sénégalais. Les prochains jours nous édifieront !
Et c’est pour convoiter du Ciel que le vainqueur du 24 mars 2024 soit porteur de promesse de paix, de pardon et de réconciliation véritable. Le Sénégal doit montrer à la face du monde qu’il est capable d’un sursaut de grandeur lui permettant de transcender rancœurs et autres ressentiments qui ne font que tirer une nation vers le bas.
Je rêve d’une réconciliation véritable, Macky Sall/Ousmane Sonko. Ils doivent se parler et montrer à l’Afrique et au reste du monde qu’ils sont des hommes, imbus des valeurs de longanimité. Et ce sera là un message fort envoyé à toute la classe politique africaine.
A toute la jeunesse africaine qui doit comprendre que le salut de ce continent réside dans le pardon et la réconciliation. Pas ailleurs !
Que le 24 mars 2024 nous donne l’occasion de parfaire et de consolider cette réconciliation que j’appelle de tous mes vœux. Et c’est le lieu de féliciter et d’encourager ce sénégalais du nom de Abdou Karim Gueye, grand activiste devant l’éternel. Je l’ai entendu dans une télévision de la place, prêcher la voie du dialogue. Il n’a pas tort !
Les règlements de compte et autres actions du genre ne feront que nous retarder. La reddition des comptes qui a été initiée en 2012, qu’a-t-elle apporté au pays ? On a dépensé des milliards pour les commissions rogatoires et pour les honoraires des avocats mais au bout du compte les résultats ont été nuls.
Qu’on se comprenne bien ! Je n’ai jamais dit qu’il faut passer, par pertes et profits, l’argent volé. On pourrait en collaboration avec les ONG et autres partenaires réfléchir à des mécanismes assez intelligents pour rapatrier l’argent acquis de manière illicite.
Tout compte fait, je prône la mise en place d’une Commission, genre Vérité et Réconciliation, où les uns et les autres viendront confesser leurs fautes voire leurs crimes. Ces aveux publics seraient consignés dans un livre blanc. Lequel livre sera publié en français, en arabe, en anglais et dans les langues nationales. Il sera demandé ensuite à nos historiens les plus crédibles de faire ressortir les faits saillants de ces événements tragiques que nous avons vécus dans la douleur entre 2021 et 2024.
Le produit de leurs investigations sera mis à la disposition du public et enseigné dans nos écoles et daaras pour que plus jamais le Sénégal ne connaisse des situations aussi renversantes.
NOUS AVONS SOUFFERT ! ET TERRIBLEMENT !!!!
Après les satisfécits décernés à Abdoul Karim Gueye, nous disons aussi merci au Président Macky Sall qui a su, par cette loi d’amnistie, provoquer le dégel dans l’espace public. Merci aussi à tous ces négociateurs de l’ombre qui ont permis cet apaisement, suivi de la libération des prisonniers politiques. Vivement que les autres-tous les autres-qui restent encore en prison, soient libérés !
Le geste était attendu par tous les Sénégalais. Triomphe miraculeux de la raison ! Celui-ci a fini par vaincre les folles passions et les discours haineux d’hommes et de femmes, rentiers de la crise. Ces petits messieurs qui continuent à déverser leur bile sur d’honnêtes citoyens dont le seul tort est d’œuvrer pour le rapprochement des sénégalais. Mais quand la médiocrité nous tient, on ne peut que se complaire dans la surenchère verbale et les discours haineux.
Heureusement que cette catégorie de cerbères n’a pas l’oreille du chef de l’Etat Macky Sall, fortement attendu sur le déroulé des élections du 24 mars. Il doit peser de tout son poids pour que l’élection du 24 mars soit une fête de la démocratie véritable. Ce faisant, il aura honoré son serment : « Je ne ferai pas moins que mes prédécesseurs. » Le mot du président sonne comme une belle musique de rêve dans l’oreille des sénégalais, mais attendons de voir ce qu’il en sera de ce mot qui fait tilt dans les consciences au soir du 24 mars avant de jubiler.
Cela dit, les motifs de ne pas désespérer du génie sénégalais existent. La preuve par cette belle ode à la paix des cœurs et des esprits, signée Amadou Lamine Sall. A méditer ! A méditer encore et toujours : « Devons-nous continuer à supporter la politique de haine, de confrontations meurtrières, de privation de rêve, de privation de consensus et d’entente ? Que faisons-nous du regard des enfants, posé sur nous ?....
Le seul bel héritage est de laisser un livre que l’on ouvre toujours pour apprendre et non que l’on ouvre l’injure à la bouche ». Le poète nous a averti ! Et à nous de jouer notre partition !
Fait à Pikine le 20/03/2023
Madi Waké TOURE, tmadi70@yahoo.fr