Le discours de Moussa Faki Mahamat
Madame la Représentante permanente de la République du Rwanda, Présidente du Comité des Représentants permanents des États membres de l’Union africaine,
Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs et autres représentants des États membres,
Monsieur le vice-Président de la Commission,
Mesdames et Messieurs les Commissaires,
Cher frère Adama Dieng, Conseiller spécial du Secrétaire général des Nations unies pour la Prévention du Génocide,
Distingués représentants du corps diplomatique et consulaire,
Distingués représentants de la société civile et des confessions religieuses,
Mesdames et Messieurs,
C’est avec une profonde émotion que je m’adresse à vous à l’occasion de la commémoration du 24ème anniversaire du Génocide des Tutsis au Rwanda.
Émotion, parce que nous resterons à jamais marqués par cet horrible crime qui vit plus d’un million de personnes massacrées.
Émotion, parce que le traumatisme consécutif au génocide demeure plus que jamais présent dans le quotidien des survivants. Comment ne pas l’être après avoir entendu les témoignages poignants de survivants?
Emotion, parce qu’en nous retrouvant ici, comme nous le faisons chaque année à l’occasion de cette cérémonie commémorative, nous entendons affirmer notre rejet collectif de la haine et de la stigmatisation de l’autre, qui sont au fondement de toute entreprise génocidaire.
Mesdames et Messieurs,
Cette année, le Génocide des Tutsis au Rwanda est commémoré sous le triptyque “Souvenir, Unité et Renouveau”.
Le Souvenir est un impératif.
Il est un impératif vis-à-vis des victimes, dont la mémoire doit être entretenue et préservée.
Il est un impératif pour éviter que nous tombions dans le travers de la banalisation du crime des crimes.
Il est un impératif pour poser de solides jalons pour la prévention et faire du trop souvent scandé « Plus jamais ça » non seulement un slogan, mais aussi une réalité.
Ce sont là autant de raisons qui attestent l’importance de cette commémoration.
Aussi voudrais-je remercier, du fond du cœur, tous ceux qui ont répondu à l’invitation de la Commission de l’Union africaine et de l’Ambassade de la République du Rwanda en Éthiopie.
Votre présence est hautement symbolique.
Elle atteste votre engagement à honorer les victimes, marquer votre solidarité avec les survivants et maintenir intacte la vigilance nécessaire contre les idéologies de la haine, celles de l’inhumanité.
Cette mobilisation est d’autant plus nécessaire et bienvenue que notre planète semble hélas être, à nouveau, entrée dans une ère de replis identitaires, de rejet et de peur de l’autre, de montée des égoïsmes nationaux.
Les minorités sont redevenues les cibles faciles de toutes sortes d’anathèmes et, quelquefois, victimes de violence de masse.
En certains endroits, le discours raciste et les amalgames dont il s’accompagne ne sont plus l’apanage de seuls groupes extrémistes situés en marge de la société. L’opprobre, qui autrefois agissait comme un garde-fou contre de tels propos, semble ne plus être de mise.
La tolérance de l’inacceptable ne cesse de croître.
Nous assistons, de façon concomitante, à un affaiblissement du multilatéralisme et des institutions qui en sont l’émanation. Notre capacité à collectivement faire face aux défis globaux qui nous interpellent s’en trouve fortement compromise ou, à tout le moins, fortement interrogée.
Dans ce combat contre les forces de la haine, contre la régression des valeurs de tolérance et solidarité, l’Union africaine doit prendre toute sa place. D’autant que l’Afrique a connu et connaît encore des conflits violents, extrêmement violents.
Aussi la vigilance est-elle de rigueur.
Nous avons les outils nécessaires, qu’ils soient normatifs ou politiques.
Nous devons œuvrer plus résolument à leur respect et à leur application.
Nous devons fortement faire entendre notre voix pour dénoncer tout ce qui concourt à répandre la haine et l’intolérance.
Ce combat doit aussi être celui de notre jeunesse. Sa capacité d’indignation doit demeurer intacte et son idéalisme encouragé.
Mesdames et Messieurs,
L’unité et le renouveau sont les deux autres éléments du thème de cette commémoration.
Permettez-moi de saisir cette occasion pour m’appesantir sur la signification de ces deux mots et mettre en relief les réussites du Rwanda.
Ici, je voudrais rendre hommage au Gouvernement et au peuple rwandais pour avoir fait de la réconciliation leur motto et de l’unité du pays l’antidote de la haine.
Le Rwanda a réussi au-delà de toutes les attentes.
Il a réussi parce qu’il a puisé dans le génie de son peuple les ressorts du sursaut qu’appelait la situation.
Il a réussi parce qu’il a cherché des solutions adaptées aux défis qu’il devait relever, notamment en réinventant des traditions qui avaient fait leur preuve, pour promouvoir le vivre-ensemble, rendre justice et enraciner la réconciliation.
Il a réussi parce que la volonté politique était au rendez-vous, parce qu’elle n’a jamais failli, malgré les défis et la complexité de l’entreprise qui a été engagée. Rendre hommage au leadership du Président Paul Kagamé me semble donc plus qu’indiqué.
Mais le Rwanda est allé plus loin.
De la réconciliation et de l’unité, il a fait le socle de son renouveau. Un renouveau qu’incarnent les remarquables résultats atteints sur le plan de la gouvernance et du développement socio-économique.
Mesdames et Messieurs,
Nous commémorons aujourd’hui, l’anniversaire d’un crime innommable.
Nous pleurons les victimes, éliminées de la façon la plus atroce qui soit, non pas pour ce qu’elles ont fait, mais pour ce qu’elles étaient.
Nous partageons la douleur insondable de ceux de leurs proches qui ont échappé au sort atroce que leur promettaient leurs bourreaux.
Nous marquons notre solidarité avec le Rwanda et son peuple, sachant que cette solidarité leur fit cruellement défaut au moment où ils en avaient le plus besoin.
Nous sommes aussi là pour célébrer la force de l’humanité, sa capacité à se relever des catastrophes les plus grandes qui soient, à surmonter les plus béantes des déchirures.
Le Rwanda est le symbole de cette résilience.
Ses réalisations fondent l’espoir que qu’aucune abysse, aussi profonde soit-elle, ne peut venir à bout de la volonté de vivre, des valeurs qui doivent sous-tendre notre humanité commune.
Oui, du fond des abysses, le Rwanda est aujourd’hui debout.
Il s’est hissé au sommet de ses mille collines, irriguées par le sang de ses enfants.
Mesdames et Messieurs,
Près d’un quart de siècle après le génocide des Tutsis, je voudrais souligner le pourquoi de notre rassemblement ici aujourd’hui:
se souvenir: soyons tous animés par l’impératif du souvenir pour tirer des leçons de notre échec à prévenir le génocide, mais aussi pour rester vigilants face à TOUTES les tentatives de révisionnisme;
rester unis dans notre hommage aux victimes et l’expression de notre solidarité avec les survivants; et
réaffirmer notre détermination à ne plus jamais permettre à une telle tragédie de survenir à nouveau.
Je vous remercie de votre attention.
Madame la Représentante permanente de la République du Rwanda, Présidente du Comité des Représentants permanents des États membres de l’Union africaine,
Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs et autres représentants des États membres,
Monsieur le vice-Président de la Commission,
Mesdames et Messieurs les Commissaires,
Cher frère Adama Dieng, Conseiller spécial du Secrétaire général des Nations unies pour la Prévention du Génocide,
Distingués représentants du corps diplomatique et consulaire,
Distingués représentants de la société civile et des confessions religieuses,
Mesdames et Messieurs,
C’est avec une profonde émotion que je m’adresse à vous à l’occasion de la commémoration du 24ème anniversaire du Génocide des Tutsis au Rwanda.
Émotion, parce que nous resterons à jamais marqués par cet horrible crime qui vit plus d’un million de personnes massacrées.
Émotion, parce que le traumatisme consécutif au génocide demeure plus que jamais présent dans le quotidien des survivants. Comment ne pas l’être après avoir entendu les témoignages poignants de survivants?
Emotion, parce qu’en nous retrouvant ici, comme nous le faisons chaque année à l’occasion de cette cérémonie commémorative, nous entendons affirmer notre rejet collectif de la haine et de la stigmatisation de l’autre, qui sont au fondement de toute entreprise génocidaire.
Mesdames et Messieurs,
Cette année, le Génocide des Tutsis au Rwanda est commémoré sous le triptyque “Souvenir, Unité et Renouveau”.
Le Souvenir est un impératif.
Il est un impératif vis-à-vis des victimes, dont la mémoire doit être entretenue et préservée.
Il est un impératif pour éviter que nous tombions dans le travers de la banalisation du crime des crimes.
Il est un impératif pour poser de solides jalons pour la prévention et faire du trop souvent scandé « Plus jamais ça » non seulement un slogan, mais aussi une réalité.
Ce sont là autant de raisons qui attestent l’importance de cette commémoration.
Aussi voudrais-je remercier, du fond du cœur, tous ceux qui ont répondu à l’invitation de la Commission de l’Union africaine et de l’Ambassade de la République du Rwanda en Éthiopie.
Votre présence est hautement symbolique.
Elle atteste votre engagement à honorer les victimes, marquer votre solidarité avec les survivants et maintenir intacte la vigilance nécessaire contre les idéologies de la haine, celles de l’inhumanité.
Cette mobilisation est d’autant plus nécessaire et bienvenue que notre planète semble hélas être, à nouveau, entrée dans une ère de replis identitaires, de rejet et de peur de l’autre, de montée des égoïsmes nationaux.
Les minorités sont redevenues les cibles faciles de toutes sortes d’anathèmes et, quelquefois, victimes de violence de masse.
En certains endroits, le discours raciste et les amalgames dont il s’accompagne ne sont plus l’apanage de seuls groupes extrémistes situés en marge de la société. L’opprobre, qui autrefois agissait comme un garde-fou contre de tels propos, semble ne plus être de mise.
La tolérance de l’inacceptable ne cesse de croître.
Nous assistons, de façon concomitante, à un affaiblissement du multilatéralisme et des institutions qui en sont l’émanation. Notre capacité à collectivement faire face aux défis globaux qui nous interpellent s’en trouve fortement compromise ou, à tout le moins, fortement interrogée.
Dans ce combat contre les forces de la haine, contre la régression des valeurs de tolérance et solidarité, l’Union africaine doit prendre toute sa place. D’autant que l’Afrique a connu et connaît encore des conflits violents, extrêmement violents.
Aussi la vigilance est-elle de rigueur.
Nous avons les outils nécessaires, qu’ils soient normatifs ou politiques.
Nous devons œuvrer plus résolument à leur respect et à leur application.
Nous devons fortement faire entendre notre voix pour dénoncer tout ce qui concourt à répandre la haine et l’intolérance.
Ce combat doit aussi être celui de notre jeunesse. Sa capacité d’indignation doit demeurer intacte et son idéalisme encouragé.
Mesdames et Messieurs,
L’unité et le renouveau sont les deux autres éléments du thème de cette commémoration.
Permettez-moi de saisir cette occasion pour m’appesantir sur la signification de ces deux mots et mettre en relief les réussites du Rwanda.
Ici, je voudrais rendre hommage au Gouvernement et au peuple rwandais pour avoir fait de la réconciliation leur motto et de l’unité du pays l’antidote de la haine.
Le Rwanda a réussi au-delà de toutes les attentes.
Il a réussi parce qu’il a puisé dans le génie de son peuple les ressorts du sursaut qu’appelait la situation.
Il a réussi parce qu’il a cherché des solutions adaptées aux défis qu’il devait relever, notamment en réinventant des traditions qui avaient fait leur preuve, pour promouvoir le vivre-ensemble, rendre justice et enraciner la réconciliation.
Il a réussi parce que la volonté politique était au rendez-vous, parce qu’elle n’a jamais failli, malgré les défis et la complexité de l’entreprise qui a été engagée. Rendre hommage au leadership du Président Paul Kagamé me semble donc plus qu’indiqué.
Mais le Rwanda est allé plus loin.
De la réconciliation et de l’unité, il a fait le socle de son renouveau. Un renouveau qu’incarnent les remarquables résultats atteints sur le plan de la gouvernance et du développement socio-économique.
Mesdames et Messieurs,
Nous commémorons aujourd’hui, l’anniversaire d’un crime innommable.
Nous pleurons les victimes, éliminées de la façon la plus atroce qui soit, non pas pour ce qu’elles ont fait, mais pour ce qu’elles étaient.
Nous partageons la douleur insondable de ceux de leurs proches qui ont échappé au sort atroce que leur promettaient leurs bourreaux.
Nous marquons notre solidarité avec le Rwanda et son peuple, sachant que cette solidarité leur fit cruellement défaut au moment où ils en avaient le plus besoin.
Nous sommes aussi là pour célébrer la force de l’humanité, sa capacité à se relever des catastrophes les plus grandes qui soient, à surmonter les plus béantes des déchirures.
Le Rwanda est le symbole de cette résilience.
Ses réalisations fondent l’espoir que qu’aucune abysse, aussi profonde soit-elle, ne peut venir à bout de la volonté de vivre, des valeurs qui doivent sous-tendre notre humanité commune.
Oui, du fond des abysses, le Rwanda est aujourd’hui debout.
Il s’est hissé au sommet de ses mille collines, irriguées par le sang de ses enfants.
Mesdames et Messieurs,
Près d’un quart de siècle après le génocide des Tutsis, je voudrais souligner le pourquoi de notre rassemblement ici aujourd’hui:
se souvenir: soyons tous animés par l’impératif du souvenir pour tirer des leçons de notre échec à prévenir le génocide, mais aussi pour rester vigilants face à TOUTES les tentatives de révisionnisme;
rester unis dans notre hommage aux victimes et l’expression de notre solidarité avec les survivants; et
réaffirmer notre détermination à ne plus jamais permettre à une telle tragédie de survenir à nouveau.
Je vous remercie de votre attention.