À Cuba, un gigantesque drapeau en béton défie l’ambassade américaine

Lundi 5 Avril 2021

Un immense drapeau cubain en béton juste en face de l’ambassade américaine à La Havane : le nouveau projet de construction du gouvernement communiste, qui reflète les tensions persistantes entre les deux pays, a déclenché des moqueries sur l’internet.
 
Le chantier se déroule sur la « Tribune anti-impérialiste », vaste esplanade située face à l’ambassade, sur le boulevard côtier du Malecon, un lieu de grande importance symbolique à Cuba.
 
Ni Granma, le journal du Parti communiste au pouvoir, ni le portail officiel Cubadebate, qui annoncent habituellement en grande pompe ce genre d’initiatives, n’ont écrit une ligne sur la nouvelle structure de béton non peint pour le moment, qui représente un drapeau cubain stylisé à la verticale de 12 mètres de haut.
 
Seul le groupe d’État Entreprise de construction et maintenance (Ecom) a donné quelques indices sur sa page Facebook.
 
« Sur notre Tribune anti-impérialiste s’élève déjà cette œuvre monumentale : notre drapeau, qui n’a jamais été mercenaire et sur lequel resplendit une étoile plus lumineuse quand elle est solitaire ». (La société d’État Entreprise de construction et maintenance)
 
Cette Tribune a été construite en 2000 en pleine bataille légale et politique à Cuba pour le retour du petit Elian Gonzalez, dont la mère était décédée en traversant avec lui le détroit de Floride pour rejoindre Miami, dans le sud-est des États-Unis.
 
En 2006, les autorités y avaient planté 138 drapeaux cubains, un « monument contre le terrorisme » inauguré par Fidel Castro, alors président.
 
Critiques et moqueries
 
La nouvelle construction a déclenché critiques et moqueries sur l’internet.
 
« Que peut offrir cette horreur à l’art monumental cubain ? Très peu. Rien, en vérité, sauf des moqueries », a écrit sur Facebook Maikel José Rodriguez, éditeur de Artecubano, publication du Conseil national des arts plastiques.
 
« Franchement, je ne comprends pas ce que c’est. Un monument, une sculpture, un parasol, une tribune géante ? » (Maikel José Rodriguez, éditeur de Artecubano, publication du Conseil national des arts plastiques).
 
« Si tu la regardes de derrière, c’est une guillotine », estime sur Facebook Whigman Montoya, tandis que Aristides Pestana critique un drapeau « encastré dans l’asphalte, rigide, gris et mort ».
 
Les relations entre Cuba et les États-Unis ont été très tendues ces dernières années, avec la multiplication des sanctions contre l’île par le président américain Donald Trump (2017-2021).
 
Mais l’espoir d’une réconciliation avec l’élection de Joe Biden s’est peu à peu évanoui, le nouveau président américain n’ayant pas fait de Cuba une priorité et son administration affichant sa fermeté sur le sujet des droits humains. (AFP)
 
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