A Garges-lès-Gonesse, où la mairie a été incendiée, on craint "le pire"

Jeudi 29 Juin 2023

Traits tirés, téléphones en main, le maire de Garges-les-Gonesse (Val-d'Oise), dont l'hôtel de ville a été incendié dans la nuit de mercredi à jeudi redoute que la flambée de violences persiste et même empire, suite à la mort de Nahel, 17 ans, tué par un policier à Nanterre.
 
"J'ai la crainte que cela perdure et que cela puisse même être pire", alerte auprès de l'AFP Benoit Jimenez depuis le parvis de l'hôtel de ville partiellement incendié.
 
Il ne reste rien de la salle des mariages, située au premier étage, ou du Centre communal d'action sociale (CCAS) au rez-de-chaussée de l'édifice, dont la moitié de la façade est noircie.
 
Planté sur une dalle, le bâtiment a partiellement brûlé en pleine nuit, après 1H00 du matin.
A priori, les assaillants ne sont pas rentrés à l'intérieur. 
 
"J'appelle vraiment à un retour au calme, le plus rapidement possible", ajoute l'élu UDI de cette commune populaire de 45.000 habitants en banlieue nord de Paris.
 
Dépités, choqués mais pas surpris : devant leur mairie incendiée, les habitants de la ville sont nombreux à commenter l'embrasement de violences qu'a connu leur commune, comme quantités de villes de la région parisienne dans la nuit.
 
"Je n'avais jamais vu ça à Garges", réagit avec dépit Adilia Ribeira, qui habite la commune du Val-d'Oise depuis six décennies. "Incendier la mairie, c'est sale, bête et méchant", assène la retraitée de 64 ans. 
 
Dès les premières heures du jour, des barrières de sécurité ont été placées autour du bâtiment éventré et, en milieu de matinée, les employés des services techniques ont commencé à évaluer l'étendue des dégâts et à débarrasser les gravats.  
 
-"C'est pas fini"-
 
Avant de les déposer à l'école maternelle et primaire, Térésa Isabel a tenu à montrer le bâtiment endommagé à ses trois enfants. 
 
"Mon sentiment, c'est de penser aux dépenses que cela va représenter pour réparer et ça va aussi allonger les démarches que les gens voulaient faire à la mairie," déplore la mère au foyer de 39 ans. 
 
La mort de Nahel, tué par le tir d'un policier après un refus d'obtempérer, mardi à Nanterre, l'a particulièrement affectée car son fils ainé a le même âge. 
 
"J'ai peur, je le conseille en lui disant de garder en tête l'exemple de Nahel", témoigne-t-elle, entourée de ses trois plus jeunes enfants, attentifs aux mots de leur mère. 
 
"Un policier doit faire son travail oui, mais il ne peut pas tuer", conclut celle qui habite Garges-lès-Gonesse depuis huit ans.
 
Arrivant au compte-goutte, à vélo, trottinette électrique ou à pied, les employés municipaux se regroupent sur le parvis et échangent, mines soucieuses, en regardant la mairie incendiée que les badauds viennent immortaliser sur leur smartphone.
 
"C'était une évidence que ça pète et c'est pas fini", réagit Nizar Ayari, 21 ans. "Ca explose parce que c'est social : il y a un ras-le-bol de ne pas être entendu par les pouvoirs publics", estime l'étudiant en droit qui comprend la violence sans la cautionner.
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