A Gaza, la trêve prolongée de deux jours

Lundi 27 Novembre 2023

Le Hamas et le Qatar ont annoncé lundi la prolongation de 48 heures de la trêve à Gaza, moyennant de nouvelles libérations d’otages aux mains du mouvement islamiste palestinien et de prisonniers détenus dans des prisons israéliennes.

 

Israël n’avait pas confirmé dans l’immédiat l’extension de la trêve, « saluée » lundi soir par la Maison-Blanche, qui souhaite « que la pause soit prolongée davantage ».

 

Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a lui qualifié l’annonce de « lueur d’espoir ».

 

Le Hamas, qui a pris le pouvoir dans la bande de Gaza en 2007, avait indiqué lundi qu’il préparait une nouvelle liste d’otages à libérer afin de prolonger la trêve de quatre jours avec Israël.

 

Cette trêve, qui devait initialement s’achever mardi à 7 h (0 h heure de l’Est), a déjà permis depuis vendredi la libération de 39 otages israéliens et de 117 Palestiniens détenus par Israël, selon un ratio d’un otage pour trois prisonniers.  

 

En outre, 19 otages ont été libérés hors accord, en majorité des Thaïlandais qui travaillaient en Israël.

 

Les familles des otages israéliens qui doivent être libérés lundi soir par le Hamas en échange d’un nouveau groupe de prisonniers ont été informées, a indiqué le Bureau du premier ministre, au terme d’une journée d’intenses négociations.
 

« Libération d’autres otages »

La pause dans les combats a en parallèle permis l’entrée de centaines de camions chargés d’aide humanitaire dans la bande de Gaza, assiégée et dévastée par sept semaines de bombardements israéliens en représailles à l’attaque sanglante lancée par le Hamas contre Israël le 7 octobre.

 

Un répit supplémentaire permettra « de fournir davantage d’aide aux populations qui en ont grand besoin et d’obtenir la libération d’autres otages » en échange de la libération de prisonniers palestiniens, a souligné lundi le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg.

 

Le chef de la diplomatie de l’Union européenne, Josep Borrell, a de son côté réclamé une trêve « durable » en vue de travailler sur une « solution politique » au conflit.

 

Israël avait proposé lundi au Hamas une « option » pour prolonger la trêve et « recevoir 50 otages supplémentaires », selon un porte-parole du gouvernement.

 

La libération d’un plus grand nombre d’otages est réclamée avec force par la société israélienne, traumatisée par l’attaque d’une ampleur inédite du Hamas.

 

L’accord initial prévoyait, outre l’entrée d’aide humanitaire à Gaza depuis l’Égypte, la libération sur quatre jours de 50 otages enlevés le 7 octobre, contre celle de 150 Palestiniens détenus dans des prisons israéliennes.

 

Israël a affirmé qu’au-delà, la libération de « dix otages supplémentaires » — contre 30 prisonniers — conduirait à « une journée supplémentaire de pause ».

 

John Kirby, un des porte-parole de la Maison-Blanche, a indiqué lundi que le Hamas « s’est engagé à libérer 20 femmes et enfants » otages supplémentaires mardi et mercredi.
 

« Une bénédiction »

« Des dispositions prévoient la libération de dix otages de plus chaque jour et c’est une bénédiction », a déclaré dimanche le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, après un entretien avec Joe Biden.

 

« Mais j’ai aussi dit au président que nous allons, après l’accord, retourner à notre objectif : éliminer le Hamas et nous assurer que la bande de Gaza ne soit plus ce qu’elle était », a ajouté M. Nétanyahou, qui devait demander lundi au gouvernement un budget « de guerre » de 30 milliards de shekels (près de 11 milliards de dollars canadiens).

 

D’après les autorités israéliennes, 1200 personnes, en grande majorité des civils, ont été tuées lors de l’attaque lancée par des commandos du mouvement islamiste infiltrés depuis la bande de Gaza. L’armée a estimé à 240 le nombre total d’otages enlevés le 7 octobre.

 

« Triste et heureux »

Une soldate israélienne, libérée par l’armée des mains du Hamas fin octobre, s’est réjouie lundi de la libération d’otages, dans ses premiers propos publics depuis sa libération.

 

Ori Megidish, 19 ans, était en faction à la frontière ultra-militarisée entre Israël et la bande de Gaza quand elle a été capturée le 7 octobre. Dans une vidéo publiée sur son compte Tiktok, elle dit « aller bien » et être « heureuse de voir les images émouvantes d’otages retrouvant leurs familles ».

 

En Cisjordanie occupée, des foules brandissant des drapeaux palestiniens, du Hamas et d’autres groupes palestiniens ont accueilli dimanche soir les prisonniers libérés.

 

« Je suis triste pour nos martyrs et heureux de la victoire obtenue par notre résistance », a déclaré à Beitunia Yazan Sabah, un jeune prisonnier libéré.

 

« Aucun carburant »

 

Depuis vendredi, plusieurs centaines de camions chargés d’aide ont pu entrer dans la bande de Gaza, via l’Égypte, et une partie d’entre eux ont gagné le nord, la partie du territoire la plus dévastée.

 

Si la trêve offre un répit à la population, les besoins sont « sans précédent » dans le territoire, où « 200 camions par jour pendant au moins deux mois » seraient nécessaires, a estimé dimanche l’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens (UNRWA).  

 

« Aucun carburant n’a été amené dans les hôpitaux de la ville de Gaza et du nord de la bande de Gaza depuis le début de la trêve », a affirmé lundi le directeur général du ministère de la Santé du Hamas, Mounir al-Bourch.

 

Le porte-hélicoptères français Dixmude, configuré pour offrir du soutien hospitalier aux blessés de la bande de Gaza, est pour sa part arrivé lundi dans le port égyptien d’Al-Arich, selon une source portuaire à l’AFP.  

 

Plus de la moitié des logements du petit territoire palestinien ont été endommagés ou détruits par la guerre, selon l’ONU, et 1,7 million des 2,4 millions d’habitants ont été déplacés.

 

Lundi, deux experts de l’ONU ont demandé l’ouverture d’enquêtes indépendantes « rapides, transparentes et indépendantes », sur les « allégations de crimes de guerre et crimes contre l’humanité » par toutes les parties depuis le 7 octobre. (AFP)

 

 

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