A Londres, des affiches pour "célébrer" le rôle de la Russie dans le vote du Brexit

Vendredi 9 Novembre 2018

Des affiches visant à "célébrer", sur un ton ironique, le rôle présumé de la Russie dans le vote du Brexit sont apparues jeudi sur des panneaux publicitaires à Londres, laissant la population perplexe ou amusée.

"Célébrons un Brexit rouge, blanc, bleu", peut-on lire sur une affiche montrant le président russe Vladimir Poutine agitant un drapeau russe, postée dans le quartier de Stoke Newington, au nord de Londres. Le rouge, le blanc et le bleu sont les couleurs des drapeaux russe et britannique.

Une autre montre l'ancien ministre britannique des Affaires étrangères, Boris Johnson, l'un des leaders de la campagne pro-Brexit, agiter des drapeaux russes. "Merci Boris", proclame-t-elle. Certaines lettres sont inversées pour évoquer l'alphabet cyrillique.

Ces affiches portent la mention #proudbear, et renvoient vers un site internet du domaine russe, proudbear.ru. Dans un communiqué, "Proud Bear" se présente comme une "unité de renseignement basée à Saint-Pétersbourg", qui espère "contrer la publicité négative récemment faite au GRU (le renseignement militaire russe, ndlr) en soulignant le rôle qu'il a joué dans la libération du Royaume-Uni de l'UE".

Le Royaume-Uni a accusé le GRU d'être responsable de la tentative d'empoisonnement à l'agent innervant Novitchok de l'ex-espion russe Sergueï Skripal et de sa fille Ioulia, le 4 mars à Salisbury (sud de l'Angleterre). 

Sergueï et Ioulia Skripal avaient été hospitalisés dans un état critique pendant plusieurs semaines. En juillet, deux autres personnes avaient été contaminées au Novitchok et hospitalisées à Salisbury. L'une d'entre elles est décédée.

Le nom "Proud Bear" semble être une référence aux équipes de hackeurs russes "Fancy Bear" et "Cozy Bear", accusées d'avoir mené des cyber-attaques contre le camp démocrate au cours de la campagne présidentielle américaine en 2016. Londres a accusé le 4 octobre le renseignement militaire russe d'être derrière ces groupes.

Plusieurs voix se sont élevées au Royaume-Uni pour dénoncer des interférences russes similaires au cours de la campagne du référendum sur le Brexit, bien que le gouvernement britannique ait annoncé n'avoir trouvé aucune preuve de tels agissements.

"Je n'ai aucune idée de ce que c'est. J'ai pris une photo pour faire une recherche Google", a expliqué à l'AFP Roasana Claussen qui s'était arrêtée devant l'affiche sur laquelle figure Vladimir Poutine.

"Je trouve ça très drôle", a commenté Olly Hawes, un londonien de 32 ans. "Ca me semble assez provocateur".

Proud Bear a également annoncé avoir lancé une récolte de fonds afin de louer le panneau publicitaire numérique long de 40 mètres de la gare londonienne de Waterloo, présenté comme le plus long d'Europe, pour y afficher le message "Tacking Back Control" ("Reprenons le contrôle"), l'un des slogans du camp pro-Brexit, à côté d'une image de Vladimir Poutine chevauchant Big Ben torse-nu !

 
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