Dans la presqu’île d’Ampasindava, les risques de pollution liés à l’extraction de ces minerais critiques pour la transition écologique fédèrent une irréductible opposition. ... De la ruée sur les terres rares d’Ampasindava, il ne reste que des trous. Des milliers de trous plus ou moins bien rebouchés. Et cinq grands bassins de 20 mètres de côté aux parois tapissées de bâches grises en plastique aujourd’hui décomposé.
Marie-Angèle Ravelo peut en témoigner : accroupie devant une cavité d’un mètre de diamètre recouverte de rondins pour empêcher les enfants et les zébus de tomber, cette femme énergique, porte-parole des habitants de Betaimboa, a vécu la frénésie qui a emporté la région il y a une dizaine d’années. Personne, à l’époque, ne comprenait vraiment ce qui était recherché, ni quand cela allait s’arrêter.
« Les hommes avaient des GPS. Ils sont venus dans nos champs et ont creusé des trous de 10 mètres de profondeur. Au début, ils faisaient seulement des prélèvements tous les mètres avec un kapok [une mesure de 300 g utilisée pour le riz]. Ils nous ont dit qu’ils voulaient les analyser, puis ils ont pris toute la terre. Nous n’avons pas pu nous y opposer », raconte la quinquagénaire au milieu des lianes de vanille qui courent le long des arbres d’un sous-bois ombragé. (Le Monde)