A l'Assemblée, les députés PS espèrent une journée de victoires "concrètes"

Jeudi 23 Janvier 2025

Olivier Faure, patron du Parti socialiste français

Bloquer les prix en outre-mer, augmenter les effectifs soignants à l'hôpital, généraliser les repas à un euro pour les étudiants: les députés socialistes espèrent faire adopter jeudi, lors de leur "niche" parlementaire, plusieurs mesures "concrètes, du quotidien", et montrer ainsi qu'ils peuvent "arracher des victoires" en "construisant des majorités".

 

Huit propositions législatives au total figurent au programme de ce créneau réservé aux initiatives portées par les élus PS. Parmi elles, cinq ont de bonnes chances d'être examinées et votées avant que la "niche" ne se referme, à minuit.

 

Toutes ont déjà trouvé une majorité pour être adoptées en commission, et l'une a même déjà été validée par le Sénat.

 

Avec ces textes, les socialistes - qui ont renoncé la semaine dernière à censurer le gouvernement Bayrou dont ils espèrent encore obtenir des concessions sur le budget - entendent marquer des points. "Nous restons dans l'opposition, évidemment, mais nous montrons notre capacité à gagner des votes, à faire avancer des dossiers", indique une source interne au groupe.

 

Le chef des députés PS, Boris Vallaud, n'a pas caché mercredi qu'il attendait "sur certains textes, un soutien" de la part du gouvernement et des élus du centre et de la droite.

 

Les députés macronistes auront une "position constructive" face à ces propositions "assez consensuelles", a promis l'un des leurs, Pierre Cazeneuve. Tout en soulignant qu'il ne fallait pas y voir un "effet conjoncturel" - comprendre, lié à la récente décision des socialistes de ne pas censurer l'exécutif - car les députés de son groupe ont "toujours" eu une telle attitude lors des "niches" réservées aux partis de l'"arc républicain", selon lui.

 

Quant aux élus du Rassemblement national, ils voteront "comme d'habitude ce qui va dans le bon sens, celui de l'intérêt de la France et des Français", a indiqué à l'AFP une source au sein du groupe.

 

- Le "calvaire" des pannes d'ascenseurs -

 

A l'ouverture de la séance, jeudi matin, les députés ont commencé par se pencher sur un texte visant à lutter contre la vie chère dans les départements d'outre-mer, où les prix sont actuellement de 30 à 42% plus élevés que dans l'Hexagone.

 

Cette "injustice" économique et sociale "enferme" 2,8 millions d'habitants "dans un système où vivre dignement est un combat quotidien", a martelé la rapporteure, Béatrice Bellay, élue socialiste de Martinique.

 

Son texte comprend notamment des dispositifs visant à faciliter le plafonnement par l'Etat du prix d'un panier de biens de première nécessité - pour le ramener au niveau constaté en métropole - et à lutter contre les monopoles et les oligopoles.

 

Les écarts de prix posent un "défi à la cohésion sociale" et créent une situation "insoutenable pour nos compatriotes ultramarins", a reconnu le ministre chargé des outre-mers, Manuel Valls, soulignant que le gouvernement soutenait cette proposition de loi, "tout en considérant qu'elle peut et qu'elle doit être améliorée".

 

Parmi les autres initiatives inscrites à l'agenda de l'Assemblée ce jeudi, figure un texte déjà adopté au Sénat début 2023, qui propose d'instaurer progressivement dans les hôpitaux des ratios pour garantir un nombre minimal de soignants par patient.

 

Les députés PS relanceront par ailleurs leur combat pour le "repas à un euro" pour tous les étudiants. Un précédent vote, sur le même sujet, avait échoué à une voix près début 2023, malgré le soutien de la gauche et du Rassemblement national. Or, le sujet reste d'actualité: "plus d'un tiers des étudiants nous expliquent que régulièrement, ils sautent un repas faute de pouvoir se le payer", souligne M. Vallaud.

 

Autre texte "concret", selon ses promoteurs: une proposition pour mieux lutter contre les pannes d'ascenseurs, qui lorsqu'elles se prolongent constituent un "calvaire" pour les habitants d'immeubles de grande hauteur. Le PS prévoit d'obliger les sociétés gérant ces équipements à intervenir dans les deux jours ouvrés, et à constituer des stocks suffisants de pièces détachées pour réparer au plus vite.

 

Avant minuit, le élus socialistes espèrent encore faire adopter une proposition pour lutter contre la "financiarisation" des crèches, dont les dérives ont récemment été dénoncées dans un livre-enquête du journaliste Victor Castanet. Le texte prévoit d'interdire aux fonds d'investissement d'investir dans ce secteur. [AFP]

 
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