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ALGERIE : des manifestants pro-Hirak condamnés, la répression se durcit

Mardi 18 Mai 2021

Plus de 30 manifestants du Hirak ont été condamnés à des peines de prison ferme, au moment où le pouvoir algérien durcit la répression afin de briser la contestation avant la prochaine échéance électorale.
 
«Visiblement, le pouvoir a décidé d’en finir avec le Hirak pacifique», a déclaré lundi à l’AFP Saïd Salhi, vice-président de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l’Homme (LADDH). Selon lui, «31 personnes, 23 à Sétif (nord-est) et huit à Bab El Oued, à Alger, ont été jugées et condamnées à des peines allant d’un an à 18 mois de prison ferme», après leurs arrestations vendredi.
 
Les manifestants de Sétif ont été accusés d'«incitation à attroupement non armé» et de «non-respect des mesures administratives liées au confinement sanitaire». Treize autres manifestants arrêtés vendredi ont été incarcérés dans l’attente de leur procès qui a été remis à une date ultérieure. Au total 44 manifestants ont été placés sous mandat de dépôt. «C’est la première fois que nous assistons à une telle escalade dans les jugements depuis juin 2019», a souligné Saïd Salhi.
 
Par ailleurs, la garde à vue «abusive» de la journaliste Kenza Khatto, a été à nouveau prolongée de 24 heures, ont indiqué ses avocats. Elle a subi des violences lors de son interpellation, selon son avocate Zoubida Assoul. La journaliste politique de la station Radio M doit être présentée mardi devant le procureur à Alger, a précisé ce média en ligne privé.
 
Elle a été arrêtée vendredi à Alger, avec une quinzaine de reporters et photographes de presse, dont celui de l’AFP, Ryad Kramdi, tandis qu’ils s’apprêtaient à couvrir la marche hebdomadaire du Hirak. Alors que ses collègues étaient libérés après plusieurs heures, la jeune journaliste a été placée en garde à vue. Les motifs ne sont pas connus.
 
Dans un communiqué, le Comité pour la protection des journalistes (CPJ), basé à New York, a exhorté les autorités à «libérer immédiatement et sans condition» Kenza Khatto et à «laisser les journalistes faire leur travail sans crainte d’être jetés en prison». «Les autorités doivent savoir qu’arrêter des journalistes n’empêchera pas les mouvements de protestation, mais risque d’en déclencher encore plus», a averti le représentant du CPJ pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord, Ignacio Miguel Delgado.
 
L’Algérie figure à la 146e place (sur 180) du classement mondial de la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières (RSF).
 
Au moins 127 détenus
 
Selon la Ligue des droits de l’Homme, un millier d’interpellations ont eu lieu en Algérie, dont celles de chefs de partis d’opposition, lors des manifestations de vendredi. Les personnes relâchées doivent s’engager à ne plus participer aux rassemblements du Hirak.
 
Au moins 127 personnes sont actuellement incarcérées pour des faits en lien avec le Hirak et/ou les libertés individuelles, selon le Comité national pour la libération des détenus.
 
À l’approche des élections législatives anticipées du 12 juin, le régime -- épinglé par l’ONU et l’Union européenne sur la situation des droits de l’Homme -- paraît déterminé à saper le Hirak, ciblant militants, opposants et journalistes indépendants.
 
Le ministère de l’Intérieur a décidé d’obliger les organisateurs des marches du Hirak --mouvement pacifique et sans véritable leadership-- à «déclarer» au préalable les manifestations auprès des autorités, ce qui revient de facto à les interdire.
 
Amnesty International a appelé les autorités à «abandonner les fausses accusations» portées contre les défenseurs des droits humains Kaddour Chouicha, Jamila Loukil et Saïd Boudour, à la veille d’une audience judiciaire à Oran (nord-ouest). «Nous exhortons les autorités à garantir les droits à la liberté d’expression et de réunion pacifique à la veille des élections législatives», a déclaré Amna Guellali, directrice adjointe d’Amnesty pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord.
 
Né en février 2019 du rejet d’un cinquième mandat du président Abdelaziz Bouteflika, qui a démissionné peu après, le Hirak réclame un changement radical du «système» politique en place depuis l’indépendance en 1962. (AFP)
 
 
 
 
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