APRES SA DEFAITE A L’UNION AFRICAINE : Quel avenir pour Bathily ?

Mardi 14 Février 2017

Revenu de sa défaite d’Addis Abeba où les ratés de la diplomatie sénégalaise cumulés aux réalités de la diplomatie en Afrique l’ont éloigné de la présidence de la commission de l’Union africaine, Abdoulaye Bathily va devoir prendre sa retraite ou donner une autre impulsion à sa carrière. Macky Sall va devoir le « gérer ».
 
Candidat malheureux à la présidence de l’Union Africaine, le professeur Abdoulaye Bathily est rentré est bercail. Donné favori comme il l’a du reste reconnu, il a été doublé au finish par le ministre tchadien des Affaires Etrangères. Une défaite qui entrave d’une certaine manière les plans du Président Sall qui avait cassé sa tirelire et mis en branle un lobbying d’enfer pour le triomphe de son candidat.
 
L’élection de l’ancien ministre sénégalais aurait en effet permis au président Sall de réussir une double prouesse, diplomatique et politique : rehausser le prestige international du Sénégal, d’une part, et poursuivre l’éloignement de son poulain de la scène politique locale même si la Ligue démocratique semble bien se porter dans la majorité au pouvoir.
 
Ancien ministre de l’Environnement et de la Protection de la nature de 1993 à 1998 sous le régime d’Abdou Diouf, détenteur du portefeuille de l’Energie et de l’Hydraulique, Abdoulaye Bathily a pleinement participé aux deux alternances de 2000 et de 2012. Batailleur et décrit comme un homme de convictions, un patriotisme certain lui est reconnu, tant pour ce qui concerne les intérêts nationaux que pour l’émancipation du continent africain.
 
Son intransigeance face aux dérives d’Abdoulaye Wade, un homme pour qui lui et d’autres ex-alliés comme Amath Dansokho ont fourni d’immenses sacrifices sur le chemin de la première alternance, l’a même poussé à sacrifier une amitié et un compagnonnage de plusieurs années. Sur ce registre, on se rappelle encore des excuses adressées aux Sénégalais en rapport avec la démarche ayant consisté à aller chercher Wade à Paris pour le confronter à Diouf lors de la présidentielle de l’an 2 000.
 
En substance, c’était : je demande pardon au peuple sénégalais, non pas pour avoir voté le changement, mais plutôt pour avoir proposé l’homme Abdoulaye Wade.
 
Après avoir soutenu Macky Sall lors du 2ème tour de la présidentielle dans le cadre de la Coalition Benno Bokk Yaakaar (Bby), Abdoulaye Bathily est promu ministre d’Etat auprès du président de la République.  Il démissionnera de cette fonction après sa nomination au poste de Représentant spécial du Secrétaire général de l’ONU et chef du Bureau régional des Nations Unies pour l’Afrique centrale (Unoca).
 
Après une carrière internationale qui l’avait éloigné de la scène politique nationale, Bathily pourrait revenir au bercail après sa défaite à l’élection du président de la commission de l’Union africaine. Agé aujourd’hui de 70 ans, il ne semble rien avoir perdu de sa verve.
 
Mais des questions se posent : que va-t-il faire maintenant ? Va-t-il se mettre au service du projet politique de Macky Sall en direction des élections législatives de juillet prochain et en perspective de la présidentielle de 2019 ? Va-t-il se ranger derrière la ligne de soutien adoptée par la Ligue démocratique au pouvoir ? Envisage-t-il de revenir à ses récentes amours onusiennes ? Le poste de président de la Commission de l’Uemoa l’intéresse-t-il ? Ce qui est certain, c’est que toute opposition au Président de la république serait considérée comme de l’ingratitude…
 
A moins que la retraite soit enfin envisageable pour un homme en activité quasi ininterrompue sur les terrains de la politique, de la diplomatie et de la recherche depuis plusieurs décennies, il se dit qu’Abdoulaye Bathily aurait encore des services à rendre. Mais à qui ? (El Hassane SALL)

 
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