Acrimed documente l'invisibilisation des Palestiniens par les médias français (Synthèse)

Lundi 7 Octobre 2024

Les articles publiés par Acrimed en 2024 mettent en lumière un traitement médiatique du conflit israélo-palestinien largement biaisé, en particulier dans les médias français. 

 

Les analyses de l'association française de critique des médias révèlent une invisibilisation des Palestiniens, une normalisation de la position israélienne et la marginalisation des voix critiques, notamment dans la presse grand public et les chaînes d'information continue.

 

- Invisibilisation des Palestiniens : une constante dans les médias français

 

Par voie de plusieurs publications, Acrimed révèle que de nombreux médias parmi lesquels figurent « BFMTV » et « Paris Match » adoptent une couverture partielle et souvent déséquilibrée du conflit. 

 

Dans une revue de presse du 4 octobre 2024, Elvis Bruneaux souligne une représentation des événements qui minimise les violences subies par les Palestiniens. Acrimed dénonce ainsi « l'invisibilisation délibérée des souffrances palestiniennes », qui contribue à « une perception tronquée de la réalité du conflit ».

 

- Favoritisme médiatique envers Israël : une couverture déséquilibrée

 

La tendance à favoriser Israël dans les récits médiatiques est une autre constante relevée par Acrimed. Dans l'analyse d'Olivier Poche du 27 septembre 2024, la question de qualifier Israël de "terroriste" est évitée par « France Info ». Poche montre que ce choix éditorial illustre une volonté de ne pas aborder des termes polémiques, limitant ainsi la portée des débats sur les actions israéliennes. 

 

Selon Acrimed, cette prudence éditoriale révèle « une tendance à éviter toute remise en question de la politique israélienne ».

 

- Fermeture d’Al-Jazeera : le silence troublant des médias français

 

Un événement marquant est la fermeture d'Al Jazeera en Cisjordanie occupée, qui est passée presque inaperçue dans les médias français, comme le souligne Pauline Perrenot dans un article du 1ᵉʳ octobre 2024. Elle pointe l'absence de couverture médiatique sur cette situation, contribuant à l'effacement de la cause palestinienne dans l'opinion publique française. 

 

Acrimed constate que « ce silence médiatique est symptomatique d'une volonté de ne pas heurter certaines sensibilités politiques ».

 

- Marginalisation des voix critiques et des débats sensibles

 

L'invisibilisation n'est pas seulement un problème de traitement des faits, mais aussi des voix critiques. Dans son article du 30 mai 2024, Pauline Perrenot dénonce la criminalisation des activistes propalestiniens et la marginalisation des débats critiques concernant la politique israélienne. 

 

Acrimed souligne que « les voix dissonantes, en particulier celles défendant les droits des Palestiniens, sont systématiquement marginalisées dans le discours médiatique dominant ».

 

- Le plaidoyer des étudiants en journalisme pour une meilleure couverture

 

Cette tendance est également dénoncée par des étudiants en journalisme, qui, dans une lettre ouverte publiée le 4 juin 2024, réclament un traitement plus équilibré du conflit israélo-palestinien. 

 

Ils soulignent le manque de diversité des points de vue et déplorent que la déshumanisation des Palestiniens soit renforcée par la couverture médiatique actuelle. Acrimed relaie leur appel pour « une couverture médiatique plus juste et plus respectueuse des réalités des deux camps ».

 

- Bombardements à Rafah : quand les JT plaident l’« erreur »

 

Lors des bombardements israéliens à Rafah en juin 2024, la couverture des journaux télévisés a tenté de justifier les victimes civiles palestiniennes en plaidant "l'erreur", comme le souligne Célia Chirol dans son analyse du 17 juin 2024. 

 

Cette attitude des JT montre une tendance à minimiser la responsabilité israélienne dans les violences commises contre les populations civiles palestiniennes. Pour Acrimed, ces justifications reflètent « un traitement inégal des victimes du conflit ».

 

- Calomnies médiatiques et criminalisation des activistes propalestiniens

 

Le 31 mai 2024, un article collectif de Florent Michaux, Nils Solari et Pauline Perrenot dénonce l'acharnement médiatique contre l'activiste Rima Hassan, alors candidate La France Insoumise à la députation européenne. 

 

Les auteurs notent que cette dernière est victime de « calomnies répétées ». Cet exemple s'inscrit dans une tendance plus large de criminalisation des mouvements propalestiniens en France, souvent accusés à tort d’« apologie du terrorisme ». 

 

Acrimed déplore « l'instrumentalisation de l'accusation de terrorisme pour délégitimer toute forme de solidarité avec la cause palestinienne ».

 

- Invisibilisation de Gaza et déshumanisation des Palestiniens : un danger pour l'opinion publique

 

Acrimed, dans un article du 22 février 2024 signé Julien Deroni, analyse l'invisibilisation de Gaza dans la couverture des médias français après les événements du 7 octobre. 

 

Cette invisibilisation, combinée à la déshumanisation des Palestiniens, contribue à construire une opinion publique où les souffrances de la population palestinienne sont occultées, voire ignorées. 

 

Acrimed alerte sur le fait que « cette couverture médiatique partielle renforce les préjugés et empêche une compréhension équilibrée du conflit ».

 

- Position de l'UJFP

 

Interrogé par Anadolu [*], Richard Wagman, président d'honneur de l'Union juive française pour la paix (UJFP), a exprimé son indignation face à la manière dont les médias internationaux couvrent le conflit israélo-palestinien. 

 

Il a dénoncé une couverture profondément partiale, qui met l'accent sur les pertes israéliennes tout en minimisant les souffrances infligées aux Palestiniens par les bombardements israéliens à Gaza.

 

« Le traitement médiatique du conflit est clairement biaisé. À chaque fois qu'un civil israélien est tué, cela fait la une des journaux. Mais quand des milliers de Palestiniens meurent sous les bombes, cela devient une simple statistique », a déploré Wagman. 

 

Il critique cette manière de traiter l'information, expliquant que ce déséquilibre contribue à fausser la perception du conflit dans l'opinion publique internationale, en renforçant l'idée qu'Israël agit toujours en légitime défense, même dans des situations où il y a une asymétrie évidente dans l'usage de la force.

 

- Situation humanitaire à Gaza

 

Selon une déclaration des Nations Unies, la situation humanitaire à Gaza, déjà gravement détériorée avant les hostilités, est désormais qualifiée de « catastrophique ». La région fait face à des pénuries dramatiques de nourriture, d’eau, de carburant et de matériel médical. 

 

L’accès du personnel humanitaire à Gaza est fortement entravé, et le risque de propagation de la polio est particulièrement élevé.

 

Jusqu'à 1,9 million de personnes, soit environ 90 % de la population, sont déplacées à l’intérieur de Gaza, certaines ayant été déplacées jusqu’à dix fois. 

 

Depuis octobre 2023, près de 86 % du territoire de Gaza (soit environ 314 kilomètres carrés) a été soumis à des ordres d’évacuation par l'armée israélienne. Avant les hostilités, environ 500 camions d'aide humanitaire entraient quotidiennement à Gaza, mais les affrontements et les dommages causés aux infrastructures ont réduit drastiquement ces livraisons, provoquant des pénuries sévères.

 

Pour rappel, les bombardements israéliens se poursuivent depuis un an dans la bande de Gaza, suite à une attaque transfrontalière du Hamas le 7 octobre 2023. 

 

Plus de 42 500 Palestiniens, essentiellement des enfants et des femmes, ont été tués dans la guerre menée par Israël, et plus de 95 000 autres blessés, selon des données du ministère de la Santé du gouvernement de Gaza.

 

Israël fait également face à des accusations de génocide devant la Cour internationale de Justice pour ses actions dans la bande de Gaza. [AA]

 
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