Affaire Samba Ndiaye - Le président Diomaye Faye marque son territoire et théorise sa vision de la transhumance

Samedi 26 Octobre 2024

Pouvoir de nomination et posture au-dessus de toute mêlée. Le président Bassirou Diomaye Faye a réaffirmé dans sa déclaration de presse du 25 octobre 2024 sa volonté d’exercer son autorité en se plaçant au dessus des contingences politiques. Interpellé par la fronde de responsables et militants Pastef contre la nomination de Samba Ndiaye comme président du conseil d’administration de la Société nationale des habitations à loyer modéré (SN-HLM), le chef de l’Etat a écarté toute possibilité de revenir sur cette mesure. 

 

A cet effet, il a semblé asseoir une théorie de la transhumance politique qui prend en compte plusieurs facteurs dont le timing de l’adhésion au mouvement de lutte contre l’ancien régime et l’apport concret à sa mise en oeuvre tout en excluant toute forme de protection pour ceux et celles qui feraient l’objet de poursuites judiciaires. Sous cet angle, Samba Ndiaye ne peut être considéré comme un transhumant car il aurait investi de son temps, de ses biens et de ses capacités intellectuelles pour le triomphe du Projet de Pastef lors de la présidentielle de mars 2024, a suggéré le président Diomaye Faye, sans citer de nom.

 

Ancien membre de l’Alliance pour la République (APR) de Macky Sall, Samba Ndiaye a rejoint la coalition « Diomaye Président » avant l’élection présidentielle de mars 2024, après avoir été directeur général des Grands Trains du Sénégal. Beaucoup de militants de Pastef lui reprochent d’avoir soutenu la répression qu’ils ont subie sous l’ancien régime. Sa nomination est perçue comme une forme de trahison contre les idéaux du parti et contre les victimes de ladite répression. 

 

La posture présidentielle sonne comme une mise au point qui prend à revers les propos du président de Pastef et non moins premier ministre. Quelques heures auparavant, Ousmane Sonko avait tenu à rassurer les troupes frondeuses en soulignant que « le Président Diomaye, qui a certainement pris la décision sur proposition alliée, n’avait aucune connaissance des faits dénoncés ». Sur ce, il avait avancé de possibles « mesures correctives » sans que l’on sache ce à quoi celles-ci renverraient. 

 

Ces échanges par médias interposés apparaissent comme la première grande escarmouche publique entre le président de Pastef et premier ministre et le président de la République. A priori, il est compliqué de soutenir que Bassirou Diomaye Faye voulait directement répondre aux propos d’Ousmane Sonko car sa déclaration de presse lui a également servi de prétexte pour aborder d’autre sujets comme l’ouverture de la campagne électorale pour les élections législatives anticipées du 17 novembre 2024. Mais pour lui, l’occasion était sans doute trop belle pour ne pas réaffirmer une autorité que des franges de l’opposition persistent à ne pas lui reconnaitre.  

 
Nombre de lectures : 342 fois