Affrontements entre police et manifestants à La Paz

Mercredi 13 Novembre 2019

L'ex-président Evo Morales s'est dit prêt à regagner son pays pour «apaiser la situation» mercredi, tandis que Jeanine Añez tentait de former un gouvernement.


 
Nomination d'un gouvernement, convocation d'élections: dans une Bolivie encore secouée par des manifestations, la présidente par intérim Jeanine Añez tentait mercredi de combler le vide politique laissé par le départ d'Evo Morales, qui s'est déjà dit prêt à rentrer.
 
Des affrontements ont éclaté mercredi dans le centre de La Paz entre des manifestants partisans de l'ancien chef de l'Etat et les forces de l'ordre, au premier jours de fonction de Mme Añez, a constaté l'AFP.
 
Un groupe de plusieurs centaines de personnes jetait des projectiles sur les forces de l'ordre, qui répliquaient par des tirs de gaz lacrymogène à quelques pâtés de maisons du siège du gouvernement, où la dirigeante était en train de nommer un nouveau commandement militaire lors d'une cérémonie officielle.
 
Au moins un véhicule militaire avait été déployé dans le centre de la ville, où un groupe de quelque 3000 manifestants est arrivé en milieu d'après-midi en provenance de la ville voisine d'El Alto, favorable à Evo Morales.
 
En début de journée, les habitants avaient tenté de reprendre une vie normale, les bus étant de retour dans les rues et la quasi totalité des dix lignes de téléphérique sillonnant à nouveau la ville, après deux jours d'arrêt complet.
 
Les banques et les commerces ont également rouvert leurs portes, alors que pillages et saccages ont eu lieu depuis dimanche soir dans la capitale et ses environs après la démission d'Evo Morales. «Nous mettons tout en oeuvre pour que tout revienne à la normalité», a déclaré le commandant de la police, Yuri Calderon.
 
Morales appelle au «dialogue»
 
Depuis Mexico, où il est arrivé mardi pour y bénéficier de l'asile politique, Evo Morales s'est dit prêt à rentrer dans son pays. «Si mon peuple le demande, nous sommes disposés à retourner (en Bolivie) pour apaiser la situation», a-t-il dit lors d'une conférence de presse. «Nous reviendrons tôt ou tard», a-t-il assuré, appelant à un «dialogue national» afin de résoudre la crise qui agite son pays.
 
Il a par ailleurs réfuté la légitimité de la sénatrice Jeanine Añez, à l'image des cultivateurs de coca du Chaparé, le fief de l'ex-président, qui ont appelé à la «mobilisation nationale».
 
Nouveau gouvernement
 
Parallèlement, la nouvelle présidente prépare la composition de son gouvernement, qui devrait être réduit au strict minimum, selon un de ses porte-parole. Cela concerne «les fonctions, les postes les plus importants qui sont: la Défense, l'Intérieur et des Finances», qui «ne peuvent pas cesser de fonctionner», a déclaré à la presse le sénateur de droit Arturo Murillo. Jeanine Añez devrait le dévoiler d'ici mercredi soir, a-t-il précisé.
 
Quasiment inconnue, cette avocate de 52 ans, critique de l'ex-président socialiste, a pris ses fonctions mardi, Bible en main et ceinte de l'écharpe présidentielle, à la faveur d'une vacance de pouvoir provoquée par les démissions successives de M. Morales et de ses successeurs constitutionnels.
 
Outre la formation du gouvernement, l'autre priorité de la cheffe de l'Etat par intérim est de nommer une nouvelle autorité électorale en vue de convoquer de nouvelles élections.
 
En prenant ses fonctions, Mme Añez avait fixé comme limite la date du 22 janvier. Avant la crise, c'est à cette date que la prise de fonctions du prochain chef de l'Etat devait intervenir.
 
Fermer le Parlement ?
 
Autre piste à l'étude pour la nouvelle équipe à la tête du pays: la fermeture du Parlement pour contourner le Mouvement vers le socialisme (MAS) d'Evo Morales, majoritaire, afin de gouverner par décrets présidentiels, selon une source proche du dossier.
 
Une option diversement appréciée par les analystes, certains, comme l'avocat Carlos Borth, y voyant une décision «absolument inconstitutionnelle».
 
Le gouvernement vénézuélien de Nicolas Maduro, fidèle allié d'Evo Morales, a rejeté mercredi la «parodie» de proclamation de Jeanine Añez. Une vague de protestation contre la réélection contestée de M. Morales pour un quatrième mandat lors du scrutin du 20 octobre a fait en trois semaines sept morts et plus de 380 blessés. (ats/nxp)
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