Les insurgés gagnent du terrain: mardi, ils se sont emparés de deux nouvelles capitales provinciales. La population afghane, elle, fuit.
Les talibans se sont emparés mardi de deux nouvelles capitales provinciales en Afghanistan, poursuivant leur avancée apparemment inéluctable.
Avec Farah, dans l’Ouest, et Pul-e Khumri, dans le Nord, les insurgés contrôlent désormais huit des 34 capitales provinciales afghanes, dont six des neuf du nord du pays. Et les civils fuient en masse.
«Les talibans sont maintenant dans la ville, ils ont hissé leur drapeau sur la place centrale et au bureau du gouverneur», dit Mamoor Ahmadzai, député de la province de Baghlan, dont Pul-e Khumri est la capitale, à 200 km de Kaboul.
Après deux heures de combats, les forces de sécurité se sont retirées mardi soir vers une base hors de la ville, précise-t-il.
«Les talibans ont mis feu à certaines parties de la ville dont deux restaurants», rapporte un officier.
Les insurgés ont aussi pris mardi Farah, capitale de la province du même nom, après de brefs combats.
Washington assume
«Ils ont pris le bureau du gouverneur et le quartier général de la police. Les forces de sécurité se sont retirées vers une base de l’armée», a annoncé la conseillère provinciale Shahla Abubar. Zabihullah Mujahid, un porte-parole des insurgés, a confirmé la prise des deux villes sur Twitter.
Les talibans ont lancé cette offensive en mai, au début du retrait final des forces américaines et étrangères, mais leur avancée s’est accélérée ces derniers jours avec la prise de plusieurs centres urbains.
Le départ des forces internationales doit être achevé d’ici le 31 août, vingt ans après leur intervention dans la foulée des attentats du 11 septembre 2001 aux États-Unis.
«Je ne regrette pas ma décision» de quitter l’Afghanistan, a assuré mardi le président américain Joe Biden.
Les Afghans «doivent avoir la volonté de se battre» et «doivent se battre pour eux-mêmes, pour leur nation», a-t-il martelé.
Agacement face à la faiblesse de l’armée de Kaboul
Washington cache de moins en moins son agacement face à la faiblesse de l’armée de Kaboul, que les Américains forment, financent et équipent depuis des années.
Le porte-parole de la diplomatie américaine, Ned Price, a ainsi souligné que les forces gouvernementales étaient «très supérieures en nombre» aux talibans, et qu’elles avaient «le potentiel d’infliger des pertes plus importantes».
«Cette idée que l’avancée des talibans ne peut pas être arrêtée», «ce n’est pas la réalité du terrain», a-t-il estimé.
De conquête en conquête
Depuis vendredi, les insurgés ont enchaîné les conquêtes: Zaranj (sud-ouest), Sheberghan (nord), fief du célèbre chef de guerre Abdul Rashid Dostom, Kunduz, la grande ville du nord-est, ainsi que trois autres capitales septentrionales, Taloqan, Sar-e-Pul et Aibak.
Ils ont aussi continué à resserrer leur étau autour de Mazar-i-Sharif, la plus grande ville du nord. Si celle-ci venait à tomber, le gouvernement n’aurait plus aucun contrôle sur l’ensemble de cette région pourtant traditionnellement opposée aux talibans.
C’est là qu’ils avaient rencontré l’opposition la plus acharnée lors de leur accession au pouvoir dans les années 1990.
Mardi, ils ont attaqué des quartiers à la périphérie immédiate de Mazar-i-Sharif, que l’Inde a invité ses ressortissants à quitter, mais ils ont été repoussés, selon un journaliste de l’AFP sur place.
Pourparlers à Doha
Alors que les combats font rage dans le Nord, mais aussi dans le sud autour de Kandahar et dans Lashkar Gah, deux fiefs historiques des insurgés, Doha a accueilli mardi la première d’une série de réunions internationales avec des représentants du Qatar, des États-Unis, de Chine, du Royaume-Uni, de l’Ouzbékistan, du Pakistan, des Nations Unies et de l’Union européenne.
Le processus de paix entre le gouvernement afghan et les talibans s’est ouvert en septembre dernier au Qatar, dans le cadre de l’accord conclu en février 2020 entre les insurgés et Washington prévoyant le départ total des troupes étrangères d’Afghanistan. Mais les discussions sont au point mort.
Même si les espoirs sont minces de voir les pourparlers déboucher sur un résultat concret, l’émissaire américain, Zalmay Khalilzad, devait exhorter les talibans «à cesser leur offensive militaire et à négocier un accord politique».
«Ils frappent et pillent»
Les violences ont poussé des dizaines de milliers de civils à fuir leur foyer dans tout le pays, les talibans étant accusés de nombreuses atrocités dans les endroits passés sous leur coupe.
«Ils frappent et pillent», déclare Rahima, une femme qui campe avec des centaines de personnes dans un parc de Kaboul après avoir fui la province de Sheberghan.
«S’il y a une jeune fille ou une veuve dans une famille, ils les prennent de force. Nous avons fui pour protéger notre honneur», ajoute-t-elle.
Quelque 359’000 personnes ont été déplacées en Afghanistan à cause des combats depuis le début de l’année, selon l’Organisation internationale pour les migrations.
Au moins 183 civils ont été tués et 1181 blessés, dont des enfants, en un mois dans les villes de Lashkar Gah, Kandahar, Hérat (ouest) et Kunduz, a indiqué mardi l’ONU, en précisant bien qu’il ne s’agissait là que des victimes qui avaient pu être documentées. (AFP)
Les talibans se sont emparés mardi de deux nouvelles capitales provinciales en Afghanistan, poursuivant leur avancée apparemment inéluctable.
Avec Farah, dans l’Ouest, et Pul-e Khumri, dans le Nord, les insurgés contrôlent désormais huit des 34 capitales provinciales afghanes, dont six des neuf du nord du pays. Et les civils fuient en masse.
«Les talibans sont maintenant dans la ville, ils ont hissé leur drapeau sur la place centrale et au bureau du gouverneur», dit Mamoor Ahmadzai, député de la province de Baghlan, dont Pul-e Khumri est la capitale, à 200 km de Kaboul.
Après deux heures de combats, les forces de sécurité se sont retirées mardi soir vers une base hors de la ville, précise-t-il.
«Les talibans ont mis feu à certaines parties de la ville dont deux restaurants», rapporte un officier.
Les insurgés ont aussi pris mardi Farah, capitale de la province du même nom, après de brefs combats.
Washington assume
«Ils ont pris le bureau du gouverneur et le quartier général de la police. Les forces de sécurité se sont retirées vers une base de l’armée», a annoncé la conseillère provinciale Shahla Abubar. Zabihullah Mujahid, un porte-parole des insurgés, a confirmé la prise des deux villes sur Twitter.
Les talibans ont lancé cette offensive en mai, au début du retrait final des forces américaines et étrangères, mais leur avancée s’est accélérée ces derniers jours avec la prise de plusieurs centres urbains.
Le départ des forces internationales doit être achevé d’ici le 31 août, vingt ans après leur intervention dans la foulée des attentats du 11 septembre 2001 aux États-Unis.
«Je ne regrette pas ma décision» de quitter l’Afghanistan, a assuré mardi le président américain Joe Biden.
Les Afghans «doivent avoir la volonté de se battre» et «doivent se battre pour eux-mêmes, pour leur nation», a-t-il martelé.
Agacement face à la faiblesse de l’armée de Kaboul
Washington cache de moins en moins son agacement face à la faiblesse de l’armée de Kaboul, que les Américains forment, financent et équipent depuis des années.
Le porte-parole de la diplomatie américaine, Ned Price, a ainsi souligné que les forces gouvernementales étaient «très supérieures en nombre» aux talibans, et qu’elles avaient «le potentiel d’infliger des pertes plus importantes».
«Cette idée que l’avancée des talibans ne peut pas être arrêtée», «ce n’est pas la réalité du terrain», a-t-il estimé.
De conquête en conquête
Depuis vendredi, les insurgés ont enchaîné les conquêtes: Zaranj (sud-ouest), Sheberghan (nord), fief du célèbre chef de guerre Abdul Rashid Dostom, Kunduz, la grande ville du nord-est, ainsi que trois autres capitales septentrionales, Taloqan, Sar-e-Pul et Aibak.
Ils ont aussi continué à resserrer leur étau autour de Mazar-i-Sharif, la plus grande ville du nord. Si celle-ci venait à tomber, le gouvernement n’aurait plus aucun contrôle sur l’ensemble de cette région pourtant traditionnellement opposée aux talibans.
C’est là qu’ils avaient rencontré l’opposition la plus acharnée lors de leur accession au pouvoir dans les années 1990.
Mardi, ils ont attaqué des quartiers à la périphérie immédiate de Mazar-i-Sharif, que l’Inde a invité ses ressortissants à quitter, mais ils ont été repoussés, selon un journaliste de l’AFP sur place.
Pourparlers à Doha
Alors que les combats font rage dans le Nord, mais aussi dans le sud autour de Kandahar et dans Lashkar Gah, deux fiefs historiques des insurgés, Doha a accueilli mardi la première d’une série de réunions internationales avec des représentants du Qatar, des États-Unis, de Chine, du Royaume-Uni, de l’Ouzbékistan, du Pakistan, des Nations Unies et de l’Union européenne.
Le processus de paix entre le gouvernement afghan et les talibans s’est ouvert en septembre dernier au Qatar, dans le cadre de l’accord conclu en février 2020 entre les insurgés et Washington prévoyant le départ total des troupes étrangères d’Afghanistan. Mais les discussions sont au point mort.
Même si les espoirs sont minces de voir les pourparlers déboucher sur un résultat concret, l’émissaire américain, Zalmay Khalilzad, devait exhorter les talibans «à cesser leur offensive militaire et à négocier un accord politique».
«Ils frappent et pillent»
Les violences ont poussé des dizaines de milliers de civils à fuir leur foyer dans tout le pays, les talibans étant accusés de nombreuses atrocités dans les endroits passés sous leur coupe.
«Ils frappent et pillent», déclare Rahima, une femme qui campe avec des centaines de personnes dans un parc de Kaboul après avoir fui la province de Sheberghan.
«S’il y a une jeune fille ou une veuve dans une famille, ils les prennent de force. Nous avons fui pour protéger notre honneur», ajoute-t-elle.
Quelque 359’000 personnes ont été déplacées en Afghanistan à cause des combats depuis le début de l’année, selon l’Organisation internationale pour les migrations.
Au moins 183 civils ont été tués et 1181 blessés, dont des enfants, en un mois dans les villes de Lashkar Gah, Kandahar, Hérat (ouest) et Kunduz, a indiqué mardi l’ONU, en précisant bien qu’il ne s’agissait là que des victimes qui avaient pu être documentées. (AFP)