Afghanistan : au moins 30 civils tués et 5 blessés dans une attaque américaine en mai dernier (ONU)

Jeudi 10 Octobre 2019

Au moins 30 civils ont été tués en mai dernier dans des frappes américaines contre des supposés laboratoires de drogue dans l’ouest de l’Afghanistan, selon un rapport des Nations Unies publié mercredi.


« Un rapport de l’ONU conclut que les installations antidrogues présumées n’étaient pas des cibles légitimes et que les frappes aériennes ont fait d’importantes victimes parmi les civils », déclarent la Mission de l’ONU pour l’Afghanistan (MANUA) et le Haut-Commissariat de l’ONU aux droits de l’homme dans un communiqué conjoint.
 
Ce document examine l’impact sur les civils des frappes aériennes américaines menées le 5 mai dernier sur des sites présumés de traitement de la drogue en Afghanistan. Dans le détail, l’ONU a « vérifié 39 cas de victimes (30 morts, cinq blessés et quatre indéterminés), dont 14 enfants et une femme » lors de multiples frappes aériennes sur plus de 60 sites que les forces armées des États-Unis en Afghanistan (USFOR-A) ont identifiés comme des sites de production de drogue dans le district de Bakwa et dans certaines parties du district voisin de Delaram, dans la province de Nimroz.
 
Mais ce bilan pourrait être beaucoup plus élevé, la MANUA ayant reçu des « informations crédibles sur au moins 37 victimes additionnelles, en majorité des femmes et des enfants ».
 
« Bien que des frappes aériennes sur des installations présumées de traitement de la drogue aient déjà eu lieu, c’était la première fois que la MANUA a reçu des informations faisant état d’un grand nombre de victimes civiles résultant d’une telle opération », a ajouté l’ONU.
 
Désaccord sur la légitimité de la qualification de « cibles d’opérations militaires »
 
C’est dans ce contexte que la Mission de l’ONU en Afghanistan et des représentants de la Commission afghane indépendante des droits de l’homme ont effectué une visite sur place dans les zones touchées par les frappes dans le district de Bakwa de la province de Farah, dans le cadre de son enquête approfondie sur l’incident du 5 mai.
 
Mais l’ONU précise que l’USFOR-A a estimé qu’il n’y avait pas eu de victimes civiles à la suite des frappes aériennes. Les Etats-Unis ont toujours « soutenu que des objectifs économiques contribuant à l’effort de guerre d’une partie au conflit, sont des cibles militaires légitimes », souligne la MANUA, qui considère que cette position « n’est pas en accord avec le droit humanitaire international ».
 
« Selon le droit international humanitaire, y compris le droit international coutumier, les installations qui contribuent économiquement ou financièrement à l’effort de guerre d’une partie à un conflit sont considérées comme des objectifs civils »,  a fait valoir l’ONU.
 
Par ailleurs, l’ONU conclut que les sites de production de drogues et les travailleurs associés ne peuvent pas être légalement la cible d’attaques et devraient être protégés. Elle maintient que la prise en compte de ces objets et individus comme cibles légitimes porte dangereusement atteinte au principe fondamental de distinction, mettant en danger l’ensemble de la population civile et les infrastructures.
 
Dans ses recommandations, les Nations Unies estiment que la réponse appropriée - et légale - aux activités liées aux drogues illicites « passe par l’application de la loi, et non par des opérations militaires qui mettent en danger les civils ». (news.un.org)
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