Air France-KLM : perte nette de 7,1 milliards d’euros et menace sur l’emploi

Lundi 22 Février 2021

Le groupe Air France-KLM affiche pour l’année 2020 un chiffre d’affaires en recul de 59% et une perte nette de 7,1 milliards d’euros, conséquence de l’impact de la pandémie de Covid-19 sur le transport aérien. Plus de 6000 postes supplémentaires pourraient être supprimés au cours des prochaines années.
 
La crise sanitaire a eu un « un impact sans précédent sur les résultats de l’année 2020 », souligne le groupe franco-néerlandais dans un communiqué  annonçant ce 18 février 2021 des résultats financiers 2020 désastreux. Le chiffre d’affaires de 11,1 milliards d’euros est en baisse de 59% par rapport à 2019, le résultat d’exploitation à -4,5 milliards d’euros a reculé de 5,7 milliards d’euros, et l’année dernière s’est terminée avec une perte nette de 7,078 milliards d’euros (dont une provision pour restructuration de -822 millions d’euros, une pour sur-couverture de carburant de -595 millions d’euros, et une pour dépréciation de la flotte de -672 millions d’euros). La dette nette d’Air France-KLM est passée en un an de 4,902 à  11,049 milliards d’euros, et alors que le trafic passager reculait de 67,3% à 34.065 millions de clients, la recette unitaire passager par SKO a perdu 31,2% à 4,56 centimes d’euros.
 
La perte d’EBITDA (-1,689 milliard d’euros, en baisse de 5,8 milliards) a été « limitée grâce à la maîtrise des coûts », souligne le groupe, tandis que les coûts nets de personnel ont diminué de 35% en 2020 par rapport à l’année précédente, « grâce à des réductions de personnel, des mécanismes de soutien des états et des salaires réduits en raison de la baisse de l’activité). Le nombre moyen d’ETP (équivalent temps plein) en décembre 2020 a diminué de 8700 par rapport à décembre 2019, soit environ 10% de l’effectif. Et « dans les années qui viennent », Air France-KLM envisage de supprimer 6000 postes supplémentaires toujours en ETP.
 
Le Groupe Air France a terminé l’année 2020 avec un résultat d’exploitation à -3,389 milliards d’euros, et une marge d’exploitation à -52,8% (-54,5 points), tandis que le Groupe KLM  affiche respectivement -1,154 milliards et -22,5% (-30,2 points). La low cost Transavia, dont le trafic a reculé de 68,7% en 2020 (5,182 millions de passagers), a vu son chiffre d’affaires plonger de 65,2% à 606 millions d’euros, avec une perte d’exploitation de 299 millions d’euros (-430 millions par rapport à 2019).
 
Le directeur général Benjamin Smith a déclaré : « 2020 a mis le groupe Air France-KLM à l’épreuve avec la crise la plus grave jamais connue par l’industrie du transport aérien. Je tiens à remercier nos équipes pour leur engagement et leur formidable capacité d’adaptation dans cette période, qui nous ont permis d’être résilients malgré une chute sans précédent du trafic. Dès le début de la crise nous avons établi les meilleurs standards en matière de sécurité sanitaire pour nos clients et nos employés, nous avons su adapter nos programmes de vol en continu face à l’évolution des restrictions de voyage, ou encore saisir les opportunités du cargo ».
 
« Avec la même agilité et grâce au soutien des Etats français et néerlandais, nous avons réduit drastiquement nos coûts, protégé notre trésorerie et poursuivi le déploiement de transformations majeures au sein des compagnies, impliquant des efforts de la part de tous nos employés. Dans les mois à venir, nous continuerons à renforcer les fondamentaux du groupe, en améliorant sa performance économique et environnementale, afin qu’Air France-KLM soit en capacité de saisir pleinement les opportunités de la reprise. Nous commençons l’année 2021 en espérant que cette année verra une reprise du trafic dès que la vaccination sera déployée à grande échelle et que les frontières seront à nouveau ouvertes. Nos clients attendent avec impatience de pouvoir à nouveau voyager et leur attachement à Air France, KLM et Transavia s’est renforcé pendant cette crise ».
 
 
 Perspectives :
 
Après un trafic de Noël positif sur le domestique France et vers les Caraïbes & Océan indien, les restrictions de voyage ont été renforcées en France, aux Pays-Bas et au niveau mondial, ayant un impact négatif sur le trafic du groupe au premier trimestre 2021. La visibilité sur la reprise de la demande est toujours limitée car les réservations des clients sont beaucoup plus orientées sur le court terme et dépendent aussi fortement des restrictions de voyage imposées tant sur le réseau long-courrier que moyen-courrier. Le groupe augmentera progressivement sa capacité jusqu’à l’été 2021 et s’attend à une reprise du trafic au cours des deuxième et troisième trimestres 2021 grâce au déploiement du vaccin.
 
Pour l’instant, KLM n’est pas en mesure d’effectuer des vols de passagers entre les Pays-Bas et l’Afrique du Sud, l’Amérique du Sud et le Royaume-Uni, alors que la France a interdit tout voyage non essentiel en provenance et à destination de la France. Au lieu d’augmenter progressivement la capacité au cours du premier trimestre, il a fallu la réduire. Dans ce contexte, le groupe s’attend à une capacité en sièges-kilomètres offerts « à l’indice 40 environ » pour Air France-KLM au premier trimestre 2021 par rapport à 2019 pour l’activité Réseaux passage, en raison de l’environnement négatif.
 
En raison de la sous-capacité dans l’industrie cargo, de solides opportunités continuent d’exister pour le groupe au premier trimestre 2021, alors que les performances futures dépendront de la reprise du trafic passagers. En raison des confinements et des restrictions de voyage toujours en vigueur, le groupe prévoit un premier trimestre 2021 difficile, avec un EBITDA inférieur à celui du quatrième trimestre 2020.
 
Au 31 décembre 2020, le groupe dispose de 9,8 milliards d’euros de liquidités et de lignes de crédit. Il prévoit des besoins de liquidités en 2021 avec un besoin en fonds de roulement négatif au premier trimestre, influencé par des paiements différés et un niveau de nouvelles réservations très faible ; des dépenses d’investissement avant prise en compte des financements flotte de 2,0 milliards d’euros en 2021 ; et un montant de 0,5 milliard d’euros pour les restructurations en 2021. (Air-journal)
 
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