Allemagne - Démission du chef de la Marine après ses propos sur l’Ukraine

Dimanche 23 Janvier 2022

Le vice-amiral allemand Kay-Achim Schönbach a démissionné de ses fonctions samedi soir. Cette démission fait suite aux propos tenus par le vice-amiral qui avait qualifié d’ineptie l’idée que la Russie veuille envahir l’Ukraine.
 
Le chef de la Marine allemande a été contraint samedi soir à la démission après avoir soutenu la Russie dans son bras de fer avec l’Occident sur l’Ukraine, au moment même où Berlin est critiqué par Kiev pour refuser de lui livrer des armes.
 
Le vice-amiral Kay-Achim Schönbach va quitter ses fonctions «avec effet immédiat», a déclaré samedi soir un porte-parole du ministère de la Défense à l’AFP. Le haut gradé a déclenché une tempête diplomatique en qualifiant d’«ineptie» l’idée que la Russie puisse envahir l’Ukraine, alors que son propre pays -l’Allemagne – et ses alliés occidentaux mettent en garde contre ce danger depuis des semaines.
 
Il s’est exprimé lors d’une réunion d’un groupe de réflexion qui s’est tenue vendredi à New Delhi et dont le contenu a circulé sur les réseaux sociaux. «Il est facile de lui accorder le respect qu’il veut, et qu’il mérite aussi probablement», a ajouté le vice-amiral à propos du chef de l’État russe Vladimir Poutine. Il a par ailleurs estimé que la péninsule de Crimée, annexée par la Russie en 2014, était «partie, et ne reviendrait pas» dans le giron de l’Ukraine, provoquant l’ire de Kiev. Une déclaration en opposition frontale là aussi avec la position de son pays consistant à réclamer le retour de la Crimée à l’Ukraine.
 
Ce haut gradé a commencé à faire son mea culpa dans l’après-midi, qualifiant ses déclarations «d’irréfléchies». «Il n’y a pas à ergoter: c’était clairement une faute», a-t-il écrit dans un tweet. Mais elles ont provoqué une minicrise diplomatique avec l’Ukraine, qui a convoqué dans l’après-midi l’ambassadeur allemand Anka Feldhusen après ces propos jugés «absolument inacceptables».
 
Dans un communiqué diffusé dans la soirée, le militaire de 56 ans à la carrière jusqu’ici irréprochable, selon les médias allemands, explique avoir remis sa démission à la ministre de la Défense Christine Lambrecht afin «d’éviter des dommages supplémentaires à la Marine allemande et surtout à la République fédérale allemande».
 
Des relations tendues
 
Car les relations entre Kiev et Berlin sont actuellement déjà suffisamment tendues. L’Ukraine a accusé samedi l’Allemagne d’«encourager» le président Poutine après le refus de Berlin de livrer des armes à Kiev, qui redoute une invasion face à un déploiement massif de troupes russes à sa frontière. D’intenses efforts diplomatiques sont actuellement déployés de part et d’autre pour éviter que la situation ne dégénère.
 
Tout en niant un quelconque projet d’attaque, la Russie martèle qu’une désescalade passe par des garanties écrites pour sa sécurité, notamment sur la non-adhésion de l’Ukraine à l’Otan. Dans ce contexte, les États-Unis, le Royaume-Uni et les Pays baltes ont annoncé l’envoi d’armes à l’Ukraine, notamment des missiles antiaériens et antichars. L’Allemagne a, elle, déclaré samedi qu’elle allait livrer en février à l’Ukraine un «hôpital de campagne» mais a rejeté l’idée de faire parvenir des armes à cette ex-république soviétique.
 
 «Aujourd’hui, l’unité de l’Occident à l’égard de la Russie est plus importante que jamais», a estimé sur Twitter le chef de la diplomatie ukrainienne, Dmytro Kouleba. «Les partenaires allemands doivent cesser de miner l’unité avec de telles paroles et actions et d’encourager Vladimir Poutine à lancer une nouvelle attaque contre l’Ukraine», a-t-il insisté.
 
L’Ukraine est «reconnaissante» à l’Allemagne pour le soutien déjà apporté, mais «ses déclarations actuelles sont décevantes», a ajouté M. Kouleba. L’Allemagne a déjà fourni des respirateurs à l’Ukraine et les soldats ukrainiens grièvement blessés sont traités dans des hôpitaux allemands, a déclaré samedi la ministre Lambrecht, dans une interview à paraître dans l’édition dominicale du journal Die Welt. Mais «les livraisons d’armes ne contribueraient pas actuellement» à désamorcer la crise, a-t-elle réitéré. (AFP)
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