Allemagne : les conservateurs à la peine pour trouver un successeur à Merkel

Samedi 17 Octobre 2020

Angela Merkel
Qui pour succéder à Angela Merkel? Favori des sondages, son parti conservateur peine à faire émerger un candidat incontestable et organise samedi un débat en vue de départager trois prétendants, dont la campagne est bousculée par la pandémie.
 
Le modéré Armin Laschet, le libéral Friedrich Merz et l’ancien ministre Norbert Röttgen tenteront de marquer des points avant la désignation, au congrès du parti chrétien-conservateur CDU début décembre, d’un nouveau chef.
 
Le vainqueur a toutes les chances d’être le candidat de la droite aux élections législatives prévues au plus tard en octobre 2021, au terme desquelles Angela Merkel doit quitter ses fonctions après 16 années passées à la chancellerie.
 
Merkel ne se représente pas
 
Un temps considérée comme la «dauphine» de Angela Merkel, la ministre de la Défense Annegret Kramp-Karrenbauer, a décidé en février de quitter la tête de la CDU, faute d’autorité sur ses troupes.
 
La quête d’un favori est d’autant plus ardue que la chancelière, qui exclut de se représenter pour un cinquième mandat, surfe sur une popularité record, renforcée par sa bonne gestion de la crise du Covid-19.
 
Cette thématique sanitaire a d’ailleurs éclipsé toutes les autres, rendant la campagne pour sa succession peu audible. Les rassemblements militants, les visites de terrain sont pour la plupart annulés. Le débat de samedi soir, organisé par le mouvement de jeunes de la CDU, se déroulera en ligne, sans public.
 
La chancelière elle-même ne s’est pas immiscée dans les affaires internes de son parti et n’a apporté son soutien à aucun des candidats.
 
Angela Merkel a dû plusieurs fois mettre les choses au point et rappeler qu’elle ne serait «vraiment pas» candidate. Une insistance symptomatique du peu d’enthousiasme suscité dans les sondages par les trois candidats en lice.
 
Absence de relève
 
Dans une enquête de popularité pour le poste de chancelier, parue vendredi, le modéré Armin Laschet (59 ans), dirigeant du Land Rhénanie du nord-Westphalie, et le libéral Friedrich Merz (64 ans) sont au coude à coude mais sans recueillir plus de 27% d’avis positifs.
 
À la tête de la région la plus peuplée d’Allemagne mais également la plus touchée par l’épidémie, Armin Laschet paye sa volonté au début de l’été de déconfiner trop rapidement pour faire repartir l’économie. Depuis, celui qui s’inscrit dans la continuité d’Angela Merkel, s’est fait plus discret et mise sur le soutien que lui apporte Jens Spahn, ministre de la Santé qui a gagné en notoriété à la faveur de la crise sanitaire.
 
Faute de mandat électif, Friedrich Merz, peu apprécié d’Angela Merkel, est peu audible dans la gestion de la pandémie. Ses positions ultralibérales l’ont également placé en décalage avec les aides massives décidées par le gouvernement pour aider l’économie à affronter la crise.
 
Ancien ministre de l’Environnement, spécialiste des questions internationales, Norbert Röttgen a du mal à sortir de son image d’expert, sans relai dans le parti.
 
Le 4e homme
 
Même une fois désigné, le candidat officiel de la CDU pourrait voir ses plans contrariés par Markus Söder, 53 ans, ministre-président de Bavière et président de la CSU, parti-frère bavarois du parti d’Angela Merkel.
 
S’il répète ne pas envisager de quitter ses terres du sud de l’Allemagne, il devance nettement dans les sondages les autres prétendants de droite, écologistes ou de gauche dans la course à la chancellerie. Il recueille 52% d’avis positifs dans le dernier sondage pour la chaîne ARD.
 
Il profite, hasard du calendrier, de ses fonctions provisoires de président de la conférence des régions allemandes, siégeant aux côtés d’Angela Merkel lors de chaque conférence de presse consacrée au virus.
 
Les conservateurs profitent également des faibles alternatives dans la course à la chancellerie: le candidat officiel des sociaux-démocrates, l’actuel ministre des Finances Olaf Scholz, est empêtré dans un scandale de fraude alors qu’écologistes et extrême droite semblent à la peine sur les questions liées à la crise sanitaire. (AFP/NXP)
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