Quand Moustapha Niasse a fait monter ses ouailles au front pour se lamenter contre la portion congrue de candidats députés progressistes éligibles sur les listes de la coalition Benno Bokk Yaakaar (Bby), il a fait sourire un peu partout dans l’opinion publique et sur les réseaux sociaux.
Historien et acteur des faits politiques survenus dans notre pays depuis plus d’un demi-siècle, en service quasi ininterrompu aux plus hautes charges de l’Etat, l’ex-directeur de cabinet de Senghor a donné l’impression d’être un garçon en pleurs pour n’avoir pas été gâté comme il se doit après avoir bien travaillé. Mais qu’espérait vraiment le fondateur de l’Alliance des forces de progrès ?
Il fait état, mollement, d’accord signé avec le président de la République, sans dire lequel. Le deal n’a pas fonctionné ou n’a pas été respecté ? Là n’est pas le problème.
Vieux routier politique, Moustapha Niasse, encore président de l’assemblée nationale pour quelques semaines en attendant le sort qui lui est promis pour la 13e législature, devrait être le dernier à se plaindre. La masse représentative qu’il a de son parti ne peut être que vague car personne n’est en mesure aujourd’hui de dire le poids électoral de l’Afp.
En fuyant délibérément les scrutins sous le prétexte fallacieux de s’ouvrir à des coalitions seules capables de gagner des élections, Niasse et les autres partis membres de la mouvance Bby fossilisent leur propre alliance et se livrent pieds et poings liés au seul décideur en chef : le président de la République. Ils se trompent sur le déroulement des séquences politiques qui rythment la démarche et le comportement de Macky Sall à leur endroit. 2012 n’est pas 2017.
Pour consolider son pouvoir dans ses premières années, le chef de l’Etat a cassé la tirelire financière de l’Etat en octroyant à ses principaux alliés - Ps, Afp, Ld, Pit - des prébendes sans commune mesure avec leur poids électoral : ministres, Dg, Pca, conseillers à la présidence, planques dans d’autres structures d’Etat, etc.
En contrepartie, ces derniers lui ont servi de béquille en avalisant autant par impuissance que par opportunisme les projets sanglants qui ont pu être menés au Sénégal depuis cinq ans. Il en est ainsi du reniement de l’engagement de Sall à écourter son mandat de 7 à 5 ans, de l’opacité évidente sur des malversations potentielles liées aux contrats pétro-gaziers signés depuis 2012, de la multiplication des scandales économico-financiers qui jalonnent la gouvernance sombre et vicieuse en cours, le chaos du processus électoral, etc. Macky Sall a payé cash le silence et la complicité de ses alliés.
Le plus servile d’entre eux, Moustapha Niasse, est celui qui, justement, est allé le plus loin dans l’opérationnalisation de la servilité. Ses propos d’hier, dignes d’un sage de la République, bourdonnent encore dans les oreilles de ceux qui lui prêtèrent attention un jour de janvier 2015. «Moi Moustapha Niasse, je ne cherche ni maison, ni carrière, ni véhicule. Dieu m’a aidé. J’ai signé un accord avec Macky Sall. Et je dis ici: aucun ambitieux, aucun imbécile, aucun salopard, ne peut détruire ce qui me lie à Macky Sall…»
2017 est l’amorce d’une autre séquence de la stratégie d’affirmation du président de la République. Macky Sall sait pertinemment que la plupart de ses «grands» alliés de Bby sont condamnés à rester avec lui, derrière lui, après cinq années de compagnonnage sans grand soubresaut. Son dessein à l’heure actuelle n’est pas d’affaiblir outre mesure l’Afp, le Ps, le Pit, la Ld, l’Urd, etc.
Son véritable projet – et personne ne peut le lui reprocher - est désormais de jeter les bases d’une indépendance d’action qui lui donnerait une plus grande marge de manœuvre face à ses propres contraintes. Dans l’actuelle assemblée nationale, les coalitions Benno Siggil Senegaal (Afp, Pit, Ld, etc.) et Benno Ak Tanor (Ps et autres) disposent respectivement de 21 et 20 députés chacune. Au soir du 30 juillet, elles risquent d’en avoir (beaucoup) moins, résultat de la rébellion de Macky Sall contre ceux que certains ont considéré un moment comme ses mentors face à l’ogre Abdoulaye Wade.
Neutralisés et interdits de critiques, les chefs alliés vont apprendre à vivre avec peu, contraints de faire eux-mêmes (et sans faiblesse) la police dans leurs propres rangs quitte à affaiblir leur autorité sur les militants et responsables. Malick Gackou est parti de l’Afp, Khalifa Sall et ses fidèles construisent un chemin hors du Ps, Mamadou Ndoye Mendoza, en rupture avec les dirigeants d’une Ld aveuglément pro-Macky, a dû s’incliner dans les contradictions internes…
Le président de la République a certes encore besoin de ses alliés de l’entre-deux-tours de mars 2012, en particulier pour la présidentielle de 2019. En même temps, il a l’œil sur le processus de sabordement interne qui les fragilise et qui, d’une certaine manière, lui assure une prééminence en cas de négociations.
Mais il sait fondamentalement que ces partis là ont perdu leur capacité de nuisance et d’indignation dans l’exercice d’un pouvoir dont ils ont trop profité pour s’en laver les mains un de ces quatre. Ils sont comptables de ses «prouesses» et «dérives».
En politique, rien (ou presque) ne se joue à l’avance, mais il existe des constantes qui sanctionnent les fidélités plus ou moins mal conçues et donc mal placées. Moustapha Niasse, Ousmane Tanor Dieng ou Djibo Kâ ne sont plus en état de nuire à Macky Sall. C’est un trio senghorien en décadence au sommet d’institutions complètement illégitimes.
Que représentent aujourd’hui ces machins qui ont pour nom Assemblée nationale, Haut conseil des collectivités territoriales (Hcct) ou Commission national du dialogue des territoires (Cndt) dans l’esprit des Sénégalais ?
Du reste, le changement de tonalité et la révolte du président de la République ne touchent pas seulement ses alliés de la coalition Benno Bokk Yaakaar. Ils frappent également certains de ses compagnons de Macky2012 sur lesquels le sabre du palais est tombé. Au nom du principe de discipline. Il en sera ainsi d’ici à 2019.
L’autoritarisme entrevu après la première année de présidence va s’accentuer pour frayer le chemin à une organisation verticale implacable avec deux objectifs majeurs et intrinsèquement liés: l’élimination de concurrents potentiels dans l’opposition, et la victoire au premier tour à la présidentielle prochaine. Rien que ça !
Historien et acteur des faits politiques survenus dans notre pays depuis plus d’un demi-siècle, en service quasi ininterrompu aux plus hautes charges de l’Etat, l’ex-directeur de cabinet de Senghor a donné l’impression d’être un garçon en pleurs pour n’avoir pas été gâté comme il se doit après avoir bien travaillé. Mais qu’espérait vraiment le fondateur de l’Alliance des forces de progrès ?
Il fait état, mollement, d’accord signé avec le président de la République, sans dire lequel. Le deal n’a pas fonctionné ou n’a pas été respecté ? Là n’est pas le problème.
Vieux routier politique, Moustapha Niasse, encore président de l’assemblée nationale pour quelques semaines en attendant le sort qui lui est promis pour la 13e législature, devrait être le dernier à se plaindre. La masse représentative qu’il a de son parti ne peut être que vague car personne n’est en mesure aujourd’hui de dire le poids électoral de l’Afp.
En fuyant délibérément les scrutins sous le prétexte fallacieux de s’ouvrir à des coalitions seules capables de gagner des élections, Niasse et les autres partis membres de la mouvance Bby fossilisent leur propre alliance et se livrent pieds et poings liés au seul décideur en chef : le président de la République. Ils se trompent sur le déroulement des séquences politiques qui rythment la démarche et le comportement de Macky Sall à leur endroit. 2012 n’est pas 2017.
Pour consolider son pouvoir dans ses premières années, le chef de l’Etat a cassé la tirelire financière de l’Etat en octroyant à ses principaux alliés - Ps, Afp, Ld, Pit - des prébendes sans commune mesure avec leur poids électoral : ministres, Dg, Pca, conseillers à la présidence, planques dans d’autres structures d’Etat, etc.
En contrepartie, ces derniers lui ont servi de béquille en avalisant autant par impuissance que par opportunisme les projets sanglants qui ont pu être menés au Sénégal depuis cinq ans. Il en est ainsi du reniement de l’engagement de Sall à écourter son mandat de 7 à 5 ans, de l’opacité évidente sur des malversations potentielles liées aux contrats pétro-gaziers signés depuis 2012, de la multiplication des scandales économico-financiers qui jalonnent la gouvernance sombre et vicieuse en cours, le chaos du processus électoral, etc. Macky Sall a payé cash le silence et la complicité de ses alliés.
Le plus servile d’entre eux, Moustapha Niasse, est celui qui, justement, est allé le plus loin dans l’opérationnalisation de la servilité. Ses propos d’hier, dignes d’un sage de la République, bourdonnent encore dans les oreilles de ceux qui lui prêtèrent attention un jour de janvier 2015. «Moi Moustapha Niasse, je ne cherche ni maison, ni carrière, ni véhicule. Dieu m’a aidé. J’ai signé un accord avec Macky Sall. Et je dis ici: aucun ambitieux, aucun imbécile, aucun salopard, ne peut détruire ce qui me lie à Macky Sall…»
2017 est l’amorce d’une autre séquence de la stratégie d’affirmation du président de la République. Macky Sall sait pertinemment que la plupart de ses «grands» alliés de Bby sont condamnés à rester avec lui, derrière lui, après cinq années de compagnonnage sans grand soubresaut. Son dessein à l’heure actuelle n’est pas d’affaiblir outre mesure l’Afp, le Ps, le Pit, la Ld, l’Urd, etc.
Son véritable projet – et personne ne peut le lui reprocher - est désormais de jeter les bases d’une indépendance d’action qui lui donnerait une plus grande marge de manœuvre face à ses propres contraintes. Dans l’actuelle assemblée nationale, les coalitions Benno Siggil Senegaal (Afp, Pit, Ld, etc.) et Benno Ak Tanor (Ps et autres) disposent respectivement de 21 et 20 députés chacune. Au soir du 30 juillet, elles risquent d’en avoir (beaucoup) moins, résultat de la rébellion de Macky Sall contre ceux que certains ont considéré un moment comme ses mentors face à l’ogre Abdoulaye Wade.
Neutralisés et interdits de critiques, les chefs alliés vont apprendre à vivre avec peu, contraints de faire eux-mêmes (et sans faiblesse) la police dans leurs propres rangs quitte à affaiblir leur autorité sur les militants et responsables. Malick Gackou est parti de l’Afp, Khalifa Sall et ses fidèles construisent un chemin hors du Ps, Mamadou Ndoye Mendoza, en rupture avec les dirigeants d’une Ld aveuglément pro-Macky, a dû s’incliner dans les contradictions internes…
Le président de la République a certes encore besoin de ses alliés de l’entre-deux-tours de mars 2012, en particulier pour la présidentielle de 2019. En même temps, il a l’œil sur le processus de sabordement interne qui les fragilise et qui, d’une certaine manière, lui assure une prééminence en cas de négociations.
Mais il sait fondamentalement que ces partis là ont perdu leur capacité de nuisance et d’indignation dans l’exercice d’un pouvoir dont ils ont trop profité pour s’en laver les mains un de ces quatre. Ils sont comptables de ses «prouesses» et «dérives».
En politique, rien (ou presque) ne se joue à l’avance, mais il existe des constantes qui sanctionnent les fidélités plus ou moins mal conçues et donc mal placées. Moustapha Niasse, Ousmane Tanor Dieng ou Djibo Kâ ne sont plus en état de nuire à Macky Sall. C’est un trio senghorien en décadence au sommet d’institutions complètement illégitimes.
Que représentent aujourd’hui ces machins qui ont pour nom Assemblée nationale, Haut conseil des collectivités territoriales (Hcct) ou Commission national du dialogue des territoires (Cndt) dans l’esprit des Sénégalais ?
Du reste, le changement de tonalité et la révolte du président de la République ne touchent pas seulement ses alliés de la coalition Benno Bokk Yaakaar. Ils frappent également certains de ses compagnons de Macky2012 sur lesquels le sabre du palais est tombé. Au nom du principe de discipline. Il en sera ainsi d’ici à 2019.
L’autoritarisme entrevu après la première année de présidence va s’accentuer pour frayer le chemin à une organisation verticale implacable avec deux objectifs majeurs et intrinsèquement liés: l’élimination de concurrents potentiels dans l’opposition, et la victoire au premier tour à la présidentielle prochaine. Rien que ça !