Amnesty international : Les États doivent interdire les produits en provenance des colonies israéliennes pour contribuer à mettre un terme à un demi-siècle de violations des droits fondamentaux des Palestiniens

Mardi 13 Juin 2017

Photo: Le Figaro
Par amnesty.org
La communauté internationale doit interdire l’importation de tous les biens produits dans des colonies israéliennes illégales et mettre un terme aux millions de dollars de bénéfices qui alimentent les violations massives des droits fondamentaux des Palestiniens, a déclaré Amnesty International mercredi 7 juin.
 
Pour marquer le 50e anniversaire de l’occupation israélienne de la Cisjordanie, y compris Jérusalem-Est, et de la bande de Gaza, l’organisation lance une nouvelle campagne pour appeler les États du monde entier à interdire l’entrée sur leurs marchés de biens provenant des colonies et à empêcher les sociétés domiciliées sur leur territoire d’avoir des activités dans les colonies ou de commercialiser les biens qui en proviennent.
 
« Le monde reste silencieux depuis des décennies pendant qu'Israël détruit les habitations des Palestiniens et pille leurs terres et leurs ressources naturelles et en tire profit. Alors que l’économie palestinienne est paralysée par 50 ans de politiques abusives, une entreprise prospère de colonisation rapportant des millions de dollars s’est construite à partir de l’oppression systématique de la population palestinienne, a déclaré Salil Shetty, secrétaire général d’Amnesty International.
 
« Au bout de cinquante ans, il n’est pas suffisant de simplement condamner l’expansion des colonies. Il est temps que les États prennent des mesures concrètes pour mettre fin au financement des colonies qui constituent des violations flagrantes du droit international et des crimes de guerre. »
 
Des biens d’une valeur de centaines de millions de dollars fabriqués dans les colonies israéliennes construites sur des terres palestiniennes occupées sont exportés chaque année bien que la très grande majorité des États ait condamné officiellement les colonies en les déclarant illégales au regard du droit international. Au fil des ans, des entreprises israéliennes et internationales ont également permis et facilité la construction des colonies et leur expansion.
 
La politique israélienne d’implantation de civils israéliens sur des terres palestiniennes occupées a entraîné d'innombrables violations des droits humains. Des dizaines de milliers d’habitations et de biens palestiniens ont été démolis par Israël et des centaines de milliers de Palestiniens ont été déplacés de force ; de nombreuses familles ont été chassées de leur domicile ou de leur terre pour dégager des zones sur lesquelles des colonies ont été construites. Au moins 100 000 hectares de terres palestiniennes ont été affectés à l’usage exclusif des colonies.
 
Israël a aussi pris illégalement le contrôle de ressources naturelles palestiniennes, par exemple l’eau, des terres agricoles fertiles, des carrières de pierres et des minéraux, qui ont été détournées au profit des entreprises installées dans les colonies en vue de produire des denrées agricoles, des matériaux de construction et des produits manufacturés qui sont souvent exportés.
 
En même temps, Israël a imposé des restrictions arbitraires qui empêchent les Palestiniens d’accéder à leur eau, à leurs terres et à leurs ressources et de les exploiter, restreignent leur développement économique et violent leurs droits économiques et sociaux.
 
Dans toute la Cisjordanie, les infrastructures des colonies, notamment les routes « réservées aux colons », divisent des villes et des villages palestiniens et limitent considérablement la capacité des Palestiniens de circuler librement. Israël maintient également un blocus aérien, maritime et terrestre illégal de la bande de Gaza depuis près de 10 ans, enfermant deux millions de personnes dans une zone dont la superficie équivaut à un peu moins de la moitié de celle de la ville de New York
 
« L'une des tragédies de 50 années d’atteintes incessantes aux droits humains liées à l’occupation est le fait que le monde s’est habitué à l’ampleur alarmante de l’oppression et de l’humiliation à laquelle les Palestiniens sont exposés quotidiennement dans les territoires occupés, a déclaré Salil Shetty.
 
« Comment les États peuvent-ils continuer à autoriser un soutien financier à une politique de colonisation cruelle, discriminatoire et criminelle par nature qui permet à des colons israéliens de vivre sur des terres volées dans des maisons dotées de pelouses irriguées et de piscines alors que les Palestiniens qui vivent à leur porte sont privés d’accès à une quantité suffisante d’eau ou d’électricité pour couvrir leurs besoins de base ? »
 
Tous les États ont clairement l'obligation de veiller au respect du droit international humanitaire. Ils ne doivent pas reconnaître ni favoriser de quelque manière que ce soit la situation illégale créée par la politique israélienne de colonisation et, en fait, ils doivent user de leur influence pour mettre un terme à ces violations.
 
« Les États qui continuent à aider les colonies à prospérer économiquement enfreignent de manière flagrante leurs obligations internationales et remettent en cause les politiques qu’ils se sont engagés à soutenir. Les États sont tenus par le droit international de veiller à ce que leurs actions et celles de leurs ressortissants ne reconnaissent ni ne favorisent des situations ou des actes illégaux », a déclaré Salil Shetty.
 
En interdisant les produits provenant des colonies et en mettant en place des lois et règlements qui empêchent les entreprises d’avoir des activités dans les colonies israéliennes, les gouvernements du monde entier ont la possibilité d’améliorer la vie de millions de Palestiniens qui subissent depuis des décennies l’injustice, l’indignité et la discrimination. »
 
Au cours des décennies, de multiples résolutions des Nations unies ont confirmé que les colonies israéliennes violaient le droit international. Le Conseil de sécurité a adopté en décembre 2016 une résolution qui appelle Israël à mettre un terme à toutes les activités de colonisation dans les territoires palestiniens occupés. Cette résolution demandait également à tous les États de faire une distinction, dans leurs échanges en la matière, entre le territoire de l’État d’Israël et les territoires occupés depuis 1967.
 
En dépit de cela, Israël a accéléré ces derniers mois l’expansion des colonies et le soutien qui leur est accordé en annonçant un projet de construction de milliers de logements dans des colonies existantes ainsi que de milliers d’autres habitations dans deux nouvelles colonies de Cisjordanie occupée.
 
« Israël a indiqué sans aucune ambiguïté que le maintien des colonies et leur expansion l'emportaient sur le respect du droit international. Il est temps que le monde fasse savoir clairement qu’il ne tolérera plus le mépris flagrant des autorités israéliennes pour le droit international », a déclaré Salil Shetty.
 
Depuis le début de l’occupation en 1967, Israël a consolidé son contrôle militaire répressif sur les territoires palestiniens occupés en promulguant des milliers d’ordonnances militaires dont beaucoup érigent des activités pacifiques en infraction pénale et imposent aux Palestiniens des restrictions excessives qui perturbent leur vie quotidienne.
 
Des ordonnances militaires servent également à couvrir des violations massives des droits humains et du droit international humanitaire, notamment l’appropriation sur une grande échelle de biens et de ressources naturelles, la démolition d’habitations et d’entreprises, l’arrestation arbitraire et la détention illégale de centaines de milliers de Palestiniens et les punitions collectives infligées à des millions d’entre eux. De très nombreux homicides illégaux de Palestiniens imputables aux forces israéliennes ont également été commis au fil des ans.
 
« Il est profondément choquant de constater que, depuis le début de l’occupation il y a 50 ans, les responsables de crimes de guerre, de crimes contre l’humanité et d’atteintes aux droits humains perpétrés pendant des décennies dans les territoires palestiniens occupés bénéficient d’une quasi-impunité », a déclaré Salil Shetty.
 
« Le monde est témoin du bilan terrible de 50 ans d’ignorance des violations flagrantes des droits humains et d’extension incessante des colonies illégales. C’est la raison pour laquelle il est essentiel que les États prennent des mesures efficaces pour mettre un terme à ces violations et y remédier. »
 
« Ils doivent commencer par interdire au niveau international les produits provenant des colonies, imposer un embargo total sur les armes à destination d’Israël et des groupes armés palestiniens et mettre un terme à l’impunité pour les crimes commis pendant des décennies, notamment au moyen d’enquêtes sérieuses menées par la Cour pénale internationale. Les Palestiniens ne doivent pas être condamnés à subir un demi-siècle supplémentaire d’oppression et d’injustice. » (amnesty.org)
 
 
 
 
 
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