Le parti au pouvoir en Angola a remporté largement et sans surprise les élections disputées mercredi, et son candidat Joao Lourenço succèdera à la présidence à José Eduardo dos Santos qui a régné sans partage 38 ans.
A la tête du pays depuis son indépendance du Portugal en 1975, le Mouvement populaire pour la libération de l'Angola (MPLA) a recueilli plus de 64% des voix, selon des résultats partiels publiés jeudi par la Commission nationale électorale (CNE).
S'ils sont confirmés, ces chiffres établis après dépouillement de deux tiers des bureaux de vote assureront au MPLA une majorité absolue des 220 sièges du Parlement.
Ses deux principaux adversaires, l'Unita et la Casa-CE, n'obtiennent que respectivement 24% et 8,5% des voix, a précisé lors d'une conférence de presse la porte-parole de la CNE, Julia Ferreira.
L'opposition a immédiatement contesté ces chiffres et la façon dont ils ont été publiés.
"Nous avons des résultats différents de ceux annoncés par la CNE", a affirmé un représentant de l'Union nationale pour l'indépendance totale de l'Angola (Unita), Estevao Jose Kachiungu. "Il est impossible que dans l'Angola d'aujourd'hui le MPLA gagne dans toutes les provinces avec un tel écart", s'est-il indigné.
"Nous ne reconnaissons pas les résultats annoncés aujourd'hui", a estimé pour sa part Miguel Michel, représentant de la Casa-CE à la CNE.
Le porte-parole du MPLA, Joao Martins, a balayé leurs arguments et dénoncé leur "arrogance".
- Crise -
Les deux partis accusent le régime d'avoir contraint de nombreux électeurs, notamment dans leurs bastions, à voter dans des bureaux très éloignés de leur domicile. Ils ont aussi regretté d'avoir été largement privés d'accès aux médias publics.
Bientôt âgé de 75 ans, José Eduardo dos Santos, fatigué par la maladie, avait annoncé à la fin de l'année dernière qu'il ne briguerait pas de nouveau mandat.
Son dauphin désigné, Joao Lourenço, un général à la retraite de 63 ans, hérite d'un pays plongé depuis trois ans dans une profonde crise économique.
A la fin d'une guerre civile meurtrière en 2002, l'Angola a connu une décennie de croissance à deux chiffres nourrie par le pétrole, dont il est avec le Nigeria le principal producteur d'Afrique subsaharienne.
Mais il y a trois ans, la chute brutale des cours de l'or noir, sa principale source de revenus, l'a précipité dans la tourmente. Sa dette s'est creusée, sa monnaie a dégringolé, l'inflation et le chômage ont explosé.
Sa population de 28 millions d'habitants, une des plus pauvres de la planète, en a subi le choc de plein fouet.
"J'attends que les choses changent, il faut plus de travail, plus d'écoles, plus d'hôpitaux et tout le reste", a confié mercredi une électrice du MPLA, Rosaria Almeida, dans un bureau de vote d'un quartier populaire de la capitale, Luanda.
Surfant sur le ras-le-bol de moins en moins retenu de la population, les rivaux du président dos Santos ont fait campagne pour le "changement" et dénoncé la faillite économique et la corruption du régime.
- Corruption -
Ses adversaires reprochent au "camarade numéro 1", ainsi que son parti le désigne, d'avoir mis en coupe réglée des pans entiers de l'économie du pays, confiés à sa famille ou des proches.
Sa milliardaire de fille, Isabel, considérée comme la femme la plus riche d'Afrique, est devenue le symbole de cette "privatisation de l'Etat", selon le mot du journaliste d'opposition Rafael Marques de Morais. Son père en a fait l'an dernier le PDG de la compagnie pétrolière nationale, la Sonangol.
Apparatchik du MPLA sans grand charisme, M. Lourenço a promis de "corriger ce qui va mal". "Si j'y parviens, j'aimerais être reconnu dans l'histoire comme l'homme du miracle économique en Angola", a-t-il déclaré à la veille du scrutin.
L'ex-ministre de la Défense a aussi promis de "combattre la corruption".
Dans ce contexte d'usure du pouvoir et de crise, le score attribué jeudi au MPLA, s'il est confirmé, s'est nettement tassé par rapport à celui des 72% obtenus il y a cinq ans, ainsi que l'anticipaient les analystes.
La confirmation de sa majorité absolue "va renforcer politiquement le nouveau président Lourenço", a toutefois estimé à l'AFP Alex Vines, du centre de réflexion britannique Chatham House. "L'économie angolaise est en crise et il a besoin d'un mandat fort pour la réformer", a-t-il ajouté.
Mais beaucoup doutent de la capacité de M. Lourenço à s'attaquer au coeur du "système" de son prédécesseur.
M. dos Santos, qui doit rester président du MPLA jusqu'en 2022, a largement verrouillé sa sortie en faisant voter des lois qui lui assurent une large immunité judiciaire et gèlent pour des années toute la hiérarchie dans l'armée et la police. (AFP)
A la tête du pays depuis son indépendance du Portugal en 1975, le Mouvement populaire pour la libération de l'Angola (MPLA) a recueilli plus de 64% des voix, selon des résultats partiels publiés jeudi par la Commission nationale électorale (CNE).
S'ils sont confirmés, ces chiffres établis après dépouillement de deux tiers des bureaux de vote assureront au MPLA une majorité absolue des 220 sièges du Parlement.
Ses deux principaux adversaires, l'Unita et la Casa-CE, n'obtiennent que respectivement 24% et 8,5% des voix, a précisé lors d'une conférence de presse la porte-parole de la CNE, Julia Ferreira.
L'opposition a immédiatement contesté ces chiffres et la façon dont ils ont été publiés.
"Nous avons des résultats différents de ceux annoncés par la CNE", a affirmé un représentant de l'Union nationale pour l'indépendance totale de l'Angola (Unita), Estevao Jose Kachiungu. "Il est impossible que dans l'Angola d'aujourd'hui le MPLA gagne dans toutes les provinces avec un tel écart", s'est-il indigné.
"Nous ne reconnaissons pas les résultats annoncés aujourd'hui", a estimé pour sa part Miguel Michel, représentant de la Casa-CE à la CNE.
Le porte-parole du MPLA, Joao Martins, a balayé leurs arguments et dénoncé leur "arrogance".
- Crise -
Les deux partis accusent le régime d'avoir contraint de nombreux électeurs, notamment dans leurs bastions, à voter dans des bureaux très éloignés de leur domicile. Ils ont aussi regretté d'avoir été largement privés d'accès aux médias publics.
Bientôt âgé de 75 ans, José Eduardo dos Santos, fatigué par la maladie, avait annoncé à la fin de l'année dernière qu'il ne briguerait pas de nouveau mandat.
Son dauphin désigné, Joao Lourenço, un général à la retraite de 63 ans, hérite d'un pays plongé depuis trois ans dans une profonde crise économique.
A la fin d'une guerre civile meurtrière en 2002, l'Angola a connu une décennie de croissance à deux chiffres nourrie par le pétrole, dont il est avec le Nigeria le principal producteur d'Afrique subsaharienne.
Mais il y a trois ans, la chute brutale des cours de l'or noir, sa principale source de revenus, l'a précipité dans la tourmente. Sa dette s'est creusée, sa monnaie a dégringolé, l'inflation et le chômage ont explosé.
Sa population de 28 millions d'habitants, une des plus pauvres de la planète, en a subi le choc de plein fouet.
"J'attends que les choses changent, il faut plus de travail, plus d'écoles, plus d'hôpitaux et tout le reste", a confié mercredi une électrice du MPLA, Rosaria Almeida, dans un bureau de vote d'un quartier populaire de la capitale, Luanda.
Surfant sur le ras-le-bol de moins en moins retenu de la population, les rivaux du président dos Santos ont fait campagne pour le "changement" et dénoncé la faillite économique et la corruption du régime.
- Corruption -
Ses adversaires reprochent au "camarade numéro 1", ainsi que son parti le désigne, d'avoir mis en coupe réglée des pans entiers de l'économie du pays, confiés à sa famille ou des proches.
Sa milliardaire de fille, Isabel, considérée comme la femme la plus riche d'Afrique, est devenue le symbole de cette "privatisation de l'Etat", selon le mot du journaliste d'opposition Rafael Marques de Morais. Son père en a fait l'an dernier le PDG de la compagnie pétrolière nationale, la Sonangol.
Apparatchik du MPLA sans grand charisme, M. Lourenço a promis de "corriger ce qui va mal". "Si j'y parviens, j'aimerais être reconnu dans l'histoire comme l'homme du miracle économique en Angola", a-t-il déclaré à la veille du scrutin.
L'ex-ministre de la Défense a aussi promis de "combattre la corruption".
Dans ce contexte d'usure du pouvoir et de crise, le score attribué jeudi au MPLA, s'il est confirmé, s'est nettement tassé par rapport à celui des 72% obtenus il y a cinq ans, ainsi que l'anticipaient les analystes.
La confirmation de sa majorité absolue "va renforcer politiquement le nouveau président Lourenço", a toutefois estimé à l'AFP Alex Vines, du centre de réflexion britannique Chatham House. "L'économie angolaise est en crise et il a besoin d'un mandat fort pour la réformer", a-t-il ajouté.
Mais beaucoup doutent de la capacité de M. Lourenço à s'attaquer au coeur du "système" de son prédécesseur.
M. dos Santos, qui doit rester président du MPLA jusqu'en 2022, a largement verrouillé sa sortie en faisant voter des lois qui lui assurent une large immunité judiciaire et gèlent pour des années toute la hiérarchie dans l'armée et la police. (AFP)