Après les fusillades, Trump condamne le racisme qu'il est accusé d'alimenter

Lundi 5 Aout 2019

Antonio Basbo pleure sa compagne tuée dans la fusillade du 5 août (photo Libération)
Donald Trump a condamné lundi,après que deux fusillades meurtrières ont endeuillé les Etats-Unis ce week-end, le "racisme" et le "suprémacisme blanc" qu'il est lui-même accusé d'alimenter.
 
Les habitants d'El Paso, ville texane à la frontière avec le Mexique, et de Dayton, dans l'Ohio, pleuraient leurs morts --31 au total, sans compter les nombreux blessés-- lorsque le président a pris la parole en matinée pour une allocution solennelle depuis la Maison Blanche, où les drapeaux ont été mis en berne, comme sur les autres bâtiments officiels du pays.
 
"Le tireur d'El Paso a publié en ligne un manifeste consumé par la haine raciste", a-t-il déclaré dans sa courte intervention télédiffusée. "Notre nation doit condamner d'une seule voix le racisme, le sectarisme, et le suprémacisme blanc".
 
Depuis l'enchaînement des deux drames, de nombreux élus de l'opposition démocrate ont renouvelé leurs critiques à l'égard de la violente rhétorique anti-immigrants du milliardaire républicain, accusé d'alimenter la montée de l'intolérance dans le pays.
 
"Nous devons fermement rejeter les discours prononcés par n'importe lequel de nos dirigeants, alimentant un climat de peur et de haine ou normalisant les sentiments racistes", a notamment écrit l'ancien président Barack Obama sur les réseaux sociaux, sans nommer directement son successeur.
 
"Seul un raciste guidé par la haine peut être témoin de ce qui s'est passé ce week-end et, au lieu de s'ériger contre la haine, s'associer à l'appel d'un tueur de masse à rendre notre pays plus blanc", a taclé de son côté Beto O'Rourke, candidat à la primaire démocrate pour la présidentielle de 2020, et originaire d'El Paso.
 
- "Invasion hispanique" -
 
Devant l'hypermarché Walmart d'El Paso où un tireur de 21 ans a ouvert le feu samedi avant de se rendre, des bougies, des fleurs et des messages de soutien et de condoléances étaient amoncelés. Les habitants s'y arrêtaient en silence afin de rendre hommage aux victimes.
 
Le bilan de ce drame, dans une ville où la population est à forte majorité hispanique, a grimpé à 22 morts lundi, dont au moins sept Mexicains.
 
La tuerie est traitée comme un cas de "terrorisme intérieur". Son auteur, Patrick Crusius, a été inculpé et encourt la peine de mort. Avant de commettre son massacre, il avait mis en ligne un manifeste dans lequel il dénonçait une "invasion hispanique au Texas".
 
Donald Trump a appelé dans son allocution à mieux "agir face aux signes précurseurs" de violence. Il a réclamé une loi qui permettrait de retirer leur arme à des personnes identifiées --notamment par des membres de leur famille-- comme présentant un danger pour elles-mêmes ou les autres.
 
Il a également indiqué avoir demandé au ministère américain de la Justice de travailler à une loi garantissant l'exécution "rapide" des auteurs de "crimes motivés par la haine" et de "tueries de masse".
 
Plus tôt, par tweets, il avait appelé à une meilleure vérification des antécédents des personnes souhaitant acheter des armes à feu, tout en voulant coupler cette mesure à "une réforme migratoire urgemment nécessaire".
 
- 30 secondes, 9 morts -
 
Des élus ont fait valoir que la Chambre des représentants, à majorité démocrate, avait justement adopté en février une réforme allant dans le sens de plus de vérifications, qui attend depuis plusieurs mois d'être votée au Sénat, où les républicains sont majoritaires.
 
Mais le président, qui est soutenu par la NRA, le puissant lobby américain des armes à feu, a surtout insisté sur le rôle néfaste que jouerait selon lui internet dans le passage à l'acte de personnes souffrant de troubles mentaux.
 
"Nous devons arrêter l'idéalisation de la violence dans notre société", a-t-il souligné, estimant qu'il était "trop facile aujourd'hui pour les jeunes en difficulté de s'entourer d'une culture célébrant la violence", notamment à travers les jeux vidéo.
 
Dans ses tweets, il avait également accusé les médias de "grandement contribuer à la colère et à la rage qui se sont développées" aux Etats-Unis.
 
Treize heures seulement après la tuerie d'El Paso, un autre drame a éclaté dans l'Ohio, à l'autre bout du pays, dans un quartier animé de la ville de Dayton.
 
Un homme blanc de 24 ans, Connor Betts, équipé d'un fusil à cadence rapide, y a abattu neuf personnes et fait 27 blessés avant d'être tué par des policiers.
 
"Pour l'instant, rien n'indique un mobile raciste", a déclaré lundi le chef de la police locale, sans écarter aucune piste. Parmi les victimes figurent six Noirs et trois Blancs âgés de 22 à 57 ans, dont la propre soeur du tireur.
 
Le bilan aurait pu être encore plus dramatique. Des policiers qui patrouillaient tout près de là ont abattu Connor Betts trente secondes après ses premiers tirs. (AFP)
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