Atmosphère de veillée d'arme à Notre-Dame-des-Landes

Dimanche 15 Avril 2018

NOTRE-DAME-DES-LANDES, Loire-Atlantique (Reuters) - Des échauffourées ont une nouvelle fois opposé samedi occupants de la "Zone à Défendre" (ZAD) de Notre-Dame-des-Landes et forces de l’ordre, à la veille d'un rassemblement sur le site du projet, désormais abandonné, de nouvel aéroport de Nantes.

Une porte-parole des "zadistes" a fait état d'une dizaine de blessés dans leurs rangs, dont un hospitalisé. "Normalement tout devait être fini mais ça continue", a-t-elle déclaré à Reuters.

La préfète de Loire-Atlantique a annoncé vendredi que la phase d'expulsion des occupants illégaux de terres agricoles et de démolition de leurs "squats" était terminée.

Mais au moins 700 zadistes et leurs soutiens sont toujours sur place et la gendarmerie faisait état samedi de l'arrivée de sympathisants en prévision du rassemblement de dimanche.

Les heurts ont repris tôt samedi matin après le déblaiement par les forces de l’ordre d’une route de campagne traversant la ZAD et hérissée de barricades.

Près du lieu dit les "Fosses noires", plusieurs dizaines de zadistes armés de pierres et de raquettes de tennis pour renvoyer les grenades lacrymogènes ont ainsi affronté les gendarmes mobiles, qui ont aussi fait usage de grenades assourdissantes.

"Durant les dernières 48 heures, 23 personnes ont subi de multiples éclats de grenades sur le corps", accusent dans un communiqué les "zadistes", qui dénoncent "l’utilisation d’armes au potentiel létal".

La gendarmerie nationale fait pour sa part état d'opérations de "sécurisation" et de maintien de l'ordre, visant notamment à démolir quatre barricades sur la route départementale RD81.

Une porte-parole de la gendarmerie a dit à Reuters que les forces de l'ordre avait essuyé "quelques tirs" de cocktails Molotov mais a qualifié les échauffourées de "sans gravité".

Depuis le début des opérations d'expulsion, de démolition et de sécurisation de la zone, lundi dernier, une cinquantaine de gendarmes ont été blessés, ajoute-t-on de même source.

A la mi-journée manifestants et gendarmes mobiles se faisaient face dans un calme très relatif, les premiers disant craindre de nouvelles évacuations malgré l’annonce de la fin de ces opérations.

"Alors que nous étions près à discuter, on a détruit nos maisons et brutalement évacué les gens. Nous avons déjà été trahis une fois et nous n’avons plus aucune confiance dans la parole des autorités", a dit à Reuters une "zadiste".

Samedi après-midi, plusieurs milliers de personnes ont manifesté à Nantes leur soutien aux "zadistes" mais aussi aux cheminots et à la fonction publique.

Cette manifestation pacifique à l'origine, avec enfants et seniors, a été bloquée au niveau du château des Ducs de Bretagne, ce qui a provoqué des tensions. Les CRS ont eu recours à des tirs nourris de gaz lacrymogènes pour repousser la foule.
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