Le projet de loi sur la double nationalité que le pouvoir veut faire passer à l’Assemblée nationale vise à fermer la porte d’une élection présidentielle à une certaine «catégorie» de Sénégalais. Le caractère superfétatoire de cette disposition saute aux yeux car elle existe déjà dans la Constitution. Mais l’énergie mise au service de son aboutissement nous édifie sur la mécanique régressive qui peut servir de guide à une certaine race de politiciens. Elle met surtout en exergue trois vices ataviques propres aux gouvernants aventuriers : ils sont égoïstes ; ils ne retiennent rien du passé récent ou lointain ; ils n’accordent qu’une importance relative aux conséquences de leurs actes.
Pour la clarté d’un vrai-faux débat, il aurait été utile pour l’opinion que les initiateurs et supporteurs d’une loi aussi scélérate en expliquent l’utilité, pour notre pays et pour sa démocratie. En attendant, nous pensons qu’elle est faite par et pour un homme dont la vie se résume désormais à l’obtention d’un second mandat, mais pas seulement. Il voudrait y parvenir sans combattre, sur un fauteuil, en judiciarisant les adversités politiques par le canal de bras longs institutionnels et en touchant aux fondements de notre vie sociale commune. L’égoïsme est passé par là.
Ce type de loi devrait être la dernière des idées à effleurer l’esprit du président de la République. Hier seulement, lui-même était victime d’une identique disposition de circonstance (le mandat du président de l’Assemblée nationale ramené de 5 à 1 an) lorsque son ex-maître à penser, Abdoulaye Wade, a voulu punir son audace d’avoir demandé des comptes à Karim Wade sur sa gestion de l’Anoci. Cet épisode qui a servi d’accélérateur à sa carrière politique – était-ce un acte calculé pour obtenir le statut de victime en présupposant la réaction de Me Wade? - il n’aurait jamais dû l’oublier, il l’a «oublié» par opportunisme politicien. Il n’a rien retenu de son propre passé. Les conséquences de cet acte extrêmement grave posé par l’Assemblée nationale peuvent s’imaginer au regard des soubresauts vécus pas loin de nos frontières.
Le pouvoir politique sénégalais entrouvre au Sénégal les portes des convulsions dramatiques qui ont émergé dans les pays ayant accepté de jouer avec le feu incandescent du nationalisme et des identités. Qui pense à la Côte d’Ivoire ? Qui aurait imaginé que ce pays à qui tout souriait avec ses potentialités naturelles extraordinaires et ses diversités positives sombrerait un jour dans le chaos duquel il peine à s’extirper près de deux décennies plus tard ? Sall mesure-t-il la portée réelle de «sa» loi ?
S’il n’en est ni l’inspirateur ni l’instigateur, le minimum de patriotisme doit l’inciter à mettre un frein brutal à ce jeu mortel autour des identités particulières qui vise des dizaines de milliers de nos compatriotes pas moins lucides que lui. Cette manière d’exposer la République et ses fondements encore fragiles au hasard des tronches et des faciès des «autres» relève d’une irresponsabilité politique historique enrobée dans un archaïsme intellectuel et moral encore plus bas que le ras des pâquerettes.
Pour la clarté d’un vrai-faux débat, il aurait été utile pour l’opinion que les initiateurs et supporteurs d’une loi aussi scélérate en expliquent l’utilité, pour notre pays et pour sa démocratie. En attendant, nous pensons qu’elle est faite par et pour un homme dont la vie se résume désormais à l’obtention d’un second mandat, mais pas seulement. Il voudrait y parvenir sans combattre, sur un fauteuil, en judiciarisant les adversités politiques par le canal de bras longs institutionnels et en touchant aux fondements de notre vie sociale commune. L’égoïsme est passé par là.
Ce type de loi devrait être la dernière des idées à effleurer l’esprit du président de la République. Hier seulement, lui-même était victime d’une identique disposition de circonstance (le mandat du président de l’Assemblée nationale ramené de 5 à 1 an) lorsque son ex-maître à penser, Abdoulaye Wade, a voulu punir son audace d’avoir demandé des comptes à Karim Wade sur sa gestion de l’Anoci. Cet épisode qui a servi d’accélérateur à sa carrière politique – était-ce un acte calculé pour obtenir le statut de victime en présupposant la réaction de Me Wade? - il n’aurait jamais dû l’oublier, il l’a «oublié» par opportunisme politicien. Il n’a rien retenu de son propre passé. Les conséquences de cet acte extrêmement grave posé par l’Assemblée nationale peuvent s’imaginer au regard des soubresauts vécus pas loin de nos frontières.
Le pouvoir politique sénégalais entrouvre au Sénégal les portes des convulsions dramatiques qui ont émergé dans les pays ayant accepté de jouer avec le feu incandescent du nationalisme et des identités. Qui pense à la Côte d’Ivoire ? Qui aurait imaginé que ce pays à qui tout souriait avec ses potentialités naturelles extraordinaires et ses diversités positives sombrerait un jour dans le chaos duquel il peine à s’extirper près de deux décennies plus tard ? Sall mesure-t-il la portée réelle de «sa» loi ?
S’il n’en est ni l’inspirateur ni l’instigateur, le minimum de patriotisme doit l’inciter à mettre un frein brutal à ce jeu mortel autour des identités particulières qui vise des dizaines de milliers de nos compatriotes pas moins lucides que lui. Cette manière d’exposer la République et ses fondements encore fragiles au hasard des tronches et des faciès des «autres» relève d’une irresponsabilité politique historique enrobée dans un archaïsme intellectuel et moral encore plus bas que le ras des pâquerettes.
(Momar DIENG)