« Beach party » en Arabie saoudite : bikini, mixité et boissons sans alcool

Samedi 16 Octobre 2021

Pour la Saoudienne Asma, passer une journée à la mer avec son copain était quasiment impensable dans son pays ultraconservateur. Mais aujourd’hui, sur une plage de l’ouest du royaume, cette femme de 32 ans se réjouit de pouvoir vivre une vie « normale ».
 
« Je suis heureuse de pouvoir venir à la plage près de Jeddah et de passer du bon temps. C’est un rêve », confie-t-elle.
 
Depuis quatre ans, le riche État pétrolier s’est lancé, sous la houlette du prince héritier Mohammed ben Salmane, dans une campagne de réformes économiques et sociales pour adoucir son image austère et ultraconservatrice.  
 
Les femmes ont été autorisées à conduire, les cinémas ont rouvert et la mixité a été permise lors des évènements sportifs ou musicaux.
 
Mais cette ouverture s’est accompagnée d’un verrouillage implacable contre les critiques du pouvoir du prince héritier, et de nombreuses militantes des droits des femmes sont détenues ou dans le collimateur de la justice.
 
À Pure Beach, plage mixte située à une centaine de kilomètres de Jeddah, grande ville de l’ouest du royaume réputée la plus ouverte du pays, il est possible d’oublier un temps qu’on est en Arabie saoudite.
 
Pour Asma, l’ouverture en août de Pure Beach est tout simplement un signe que « la vie devient normale » dans ce pays : « avant elle ne l’était pas ».
 
Moyennant un billet d’entrée à 300 riyals (environ 70 euros), les femmes peuvent aller se baigner dans les eaux turquoise de la mer Rouge en bikini. Hommes et femmes peuvent fumer la chicha sur le sable blanc ou encore y promener leurs animaux domestiques. Mais l’alcool reste officiellement interdit comme ailleurs en Arabie saoudite.
 
Il n’est pas nécessaire pour les couples de présenter un certificat de mariage à l’entrée, comme c’est souvent le cas dans d’autres lieux comme les hôtels. Mais les fêtards sont priés de déposer à l’entrée leur téléphone portable, pour veiller au respect de la vie privée de tous, explique un responsable à King Abdullah Economic City, ville nouvelle où se trouve Pure Beach.
 
« Paradis »
 
Après le coucher du soleil, la plage se transforme en boîte de nuit à ciel ouvert, avec des danseurs se déhanchant au rythme de musiques occidentales. Près d’eux, un couple s’embrasse.
 
« J’étais surpris de trouver ce genre de liberté et d’ouverture. C’est comme aux États-Unis », raconte Mohammed Saleh, ingénieur récemment rentré au royaume après une dizaine d’années passées aux États-Unis.
 
« Je n’imaginais pas participer à un beach party en Arabie saoudite », poursuit-il.
Les Saoudiens devaient auparavant voyager à l’étranger, dans d’autres pays du Moyen-Orient ou en Europe, pour jouir de ce genre de liberté.  
 
« Il y a quelques années nous n’avions pas le droit d’écouter de la musique et d’aller à la plage, donc pour nous c’est un paradis », s’enthousiasme Hadil Omar, une Égyptienne qui a grandi en Arabie saoudite.
 
Pure Beach n’est pas exclusivement destiné aux habitants du royaume, mais cherche aussi à attirer des touristes, explique Bilal Saoudi, responsable événementiel à King Abdullah Economic City.
 
L’Arabie saoudite a délivré ses premiers visas touristiques en 2019, et a annoncé vouloir attirer 30 millions de touristes chaque année d’ici 2030. Le développement du tourisme est un des piliers de « Vision 2030 », l’ambitieux plan de réforme initié par le prince héritier pour réduire la dépendance de l’économie saoudienne au pétrole.
 
« J’ai le sentiment de ne plus devoir voyager à l’étranger pour m’amuser, car tout est désormais disponible ici », confie Dima, une jeune femme d’affaires saoudienne. (AFP)
 
 
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