Bissau: le Parlement prolonge la législature, lors de sa 1ère réunion depuis 2 ans

Vendredi 20 Avril 2018

Bissau - Le Parlement de Guinée-Bissau a prorogé jeudi la législature jusqu'aux élections du 18 novembre, lors de sa première réunion après quasiment deux ans d'interruption due à la crise politique, ont rapporté des correspondants de l'AFP.

Ce petit pays d'Afrique de l'Ouest traverse des turbulences politiques depuis la destitution en août 2015 par le président Vaz de son Premier ministre, Domingos Simoes Pereira, chef du Parti africain pour l'indépendance de la Guinée et du Cap-Vert (PAIGC, au pouvoir), auquel M. Vaz appartient également.

Un nouvel accord de sortie de crise a été conclu lors d'un sommet extraordinaire de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao) le 14 avril à Lomé.

Cet accord prévoit la désignation d'un Premier ministre de consensus, Aristides Gomes, qui a pris ses fonctions le 16 avril et est chargé de conduire le pays aux élections législatives le 18 novembre, ainsi que la reprise des travaux du Parlement.

Lors de cette session extraordinaire, les députés ont adopté le projet de loi constitutionnelle prolongeant jusqu'aux élections le mandat de la législature, qui arrivait à échéance le 23 avril.

Ils ont également élu par consensus, pour présider la Commission nationale des élections (CNE), José Pedro Sambu.

L'Assemblée reprendra ses travaux dans les prochaines semaines, selon des sources parlementaires.

Un important dispositif de sécurité était visible autour du parlement, mais la circulation restait fluide sur l'avenue de l'Unité africaine, qui longe l'édifice.

"Il faut enterrer maintenant la hache de guerre et se tourner vers l'avenir. Nous devons oeuvrer pour le bien-être de notre peuple qui a trop souffert. Basta!", avait déclaré le président de l'Assemblée, Cipriano Cassama, lors de la réunion de la Commission permanente qui a précédé cette session.

Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a salué mardi l'accord conclu sous l'égide de la Cédéao.

Il a exhorté les protagonistes à "prendre rapidement les prochaines mesures cruciales, y compris la formation d'un gouvernement inclusif, la réouverture de l'Assemblée nationale et la mise en oeuvre des dispositions restantes de l'Accord de Conakry".

Cet accord, signé le 14 octobre 2016 sous l'égide du chef de l'Etat guinéen Alpha Condé dans le cadre d'une médiation de la Cédéao, prévoit une "procédure consensuelle" pour choisir un Premier ministre "ayant la confiance du président" devant rester en place jusqu'aux législatives de 2018.

En vertu de la Constitution, le choix du Premier ministre revient au parti majoritaire.

Or, le PAIGC ayant perdu la majorité absolue de 57 sièges sur 102 à la suite de la fronde de 15 députés, M. Vaz voulait s'appuyer sur une majorité alternative, constituée des 41 députés du Parti de la rénovation sociale (PRS), deuxième formation parlementaire, et de ces 15 frondeurs.

Les tensions à la tête de l'Etat inquiètent d'autant plus la communauté internationale que l'élection de M. Vaz en mai 2014 avait marqué un retour progressif à l'ordre constitutionnel dans cette ex-colonie portugaise jusqu'alors en proie à une instabilité chronique, avec des tentatives de putsch à répétition.

L'instabilité et la pauvreté y ont longtemps facilité l'implantation de narcotrafiquants, sous la protection de hauts responsables de l'armée.

Mais l'ONU a salué les progrès réalisés par la Guinée-Bissau dans la lutte contre le narcotrafic depuis l'élection du président Vaz. (AFP)

 
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