Bousculade au Maroc lors d'une distribution d'aide: au moins 15 morts

Lundi 20 Novembre 2017

Au moins 15 personnes, des femmes venues chercher de la farine, sont décédées dimanche lors d'une bousculade provoquée par une distribution d'aide alimentaire, dans un village de la région d'Essaouira (sud-ouest), au Maroc.
 
Une foule de femmes de tous âges s'était rassemblée en matinée sur une place du marché de Sidi Boulaalam, village rural situé à environ 60 km au nord-est d'Essaouira, pour bénéficier de la distribution de farine de blé organisée chaque année par un notable local installé à Casablanca, selon un témoin joint par l'AFP.
 
"Cette année, il y avait beaucoup de monde. Plusieurs centaines de personnes. Les gens se sont bousculés, ils ont fait tomber les barrières (...), les autorités locales sur place ont été débordées", a expliqué ce médecin qui a assisté à la bousculade.
 
"Et même quand il y avait des personnes à terre, les gens continuaient de se disputer pour récupérer les denrées alimentaires", a ajouté ce témoin ayant requis l'anonymat.
 
Le bilan encore provisoire est dramatique: au moins 15 personnes ont été tuées et cinq autre blessées, selon le ministère de l'Intérieur, qui ne précise pas les circonstances de la bousculade.
 
Les 15 personnes décédées sont toutes des femmes, selon le médecin joint par l'AFP, qui a pour sa part fait état de 10 blessées, dont deux dans un état critique.
Ces blessées ont été évacuées par hélicoptère au centre hospitalier universitaire (CHU) de Marrakech (sud), a-t-il précisé.
 
- 'Honte' –
 
Des images diffusées sur Facebook par "Essaouira en ligne tv", une page animée par des activistes locaux, montrent une foule énorme rassemblée sur la place du marché. Puis des corps allongés à terre et inanimés, sous la légende "La faim tue des dizaines de pauvres dans la province d'Essaouira". "La tragédie de +Sidi Bou+ est une honte pour les élus et les responsables", est-il encore écrit.
 
L'opération se déroule chaque année, et des incidents --"des bousculades"-- avaient déjà eu lieu ces dernières années, selon Manar Khouda, une enseignante militante qui gère la page Facebook 'Essaouira en ligne TV'. Cette année, la distribution de nourriture était surveillée par "seulement quatre gendarmes", a-t-elle affirmé.
 
Selon Abdelkadir El Hadidi, l'organisateur de la distribution interrogé par le site du quotidien Akhbar Al Yaoum, l'opération s'est déroulée "dans le respect de la loi et sous la supervision des autorités".
 
Une enquête a été ouverte pour "déterminer les circonstances de l'incident et établir les responsabilités", a indiqué le communiqué du ministère de l'Intérieur.
 
Ce texte précise en outre que le roi Mohammed VI a donné des instructions pour "apporter l'aide et le soutien nécessaires aux familles des victimes et aux blessés".
 
Le souverain marocain a également décidé de "prendre en charge personnellement les frais d'inhumation et des obsèques des victimes et des soins des blessés", d'après la même source.

"Ce drame est celui du Maroc que l'on ne veut plus voir", a pour sa part commenté le site d'information Médias 24. Située à cinq heures de route de la capitale Rabat, la localité de Sidi Boulaalam, environ 8.000 habitants, est "un des villages les plus pauvres" du pays, a-t-il ajouté.
 
Le Maroc, pays de plus de 35 millions d'habitants, est marqué par de criantes inégalités sociales et territoriales. Un rapport officiel rendu public début octobre a souligné la persistance d'une grande pauvreté dans le milieu rural et les zones enclavées du pays.
 
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