Brexit : Johnson à Bruxelles pour tenter de débloquer la négociation

Lundi 7 Décembre 2020

Ursula von der Leyen et Boris Johnson
Le Premier ministre Boris Johnson se rendra à Bruxelles «dans les prochains jours» pour y rencontrer la cheffe de l’exécutif européen Ursula von der Leyen, une mission de la dernière chance pour débloquer les négociations post-Brexit toujours dans l’impasse.
 
«La situation semble très compliquée et il y a toutes les chances que nous n’y arrivions pas», a cependant averti un responsable britannique.
 
À l’issue d’un entretien téléphonique très attendu, Boris Johnson et Ursula von der Leyen n’ont pu que constater, à nouveau, «que les conditions» pour finaliser un accord n’étaient «pas réunies».
 
Le jour de la venue du Britannique n’est pas encore fixé, mais il ne participera pas, dans tous les cas, au sommet européen prévu jeudi et vendredi dans la capitale belge.
 
Trois sujets difficiles
 
Les deux dirigeants ont souligné que les discussions achoppaient toujours sur les trois mêmes sujets: l’accès européen aux eaux britanniques, la manière de régler les différends dans le futur accord et les garanties exigées à Londres par l’UE en matière de concurrence en échange d’un accès sans tarifs ni quotas à son immense marché.
 
Au cours d’une rencontre lundi matin avec les ambassadeurs des Vingt-Sept, le négociateur en chef de l’UE, Michel Barnier, n’avait pas caché l’absence de progrès sur ces trois sujets.
 
Il avait ensuite estimé lors d’un autre point avec des eurodéputés qu’une décision sur la possibilité de conclure ou non un accord devait être prise d’ici mercredi, à la veille du sommet européen. Avant de reprendre les échanges avec son homologue britannique David Frost.
 
«L’an prochain»
 
En amont de son coup de fil avec Boris Johnson, Ursula von der Leyen s’était entretenue par visioconférence avec le président français Emmanuel Macron, la chancelière allemande Angela Merkel et le président du Conseil européen Charles Michel, officiellement pour préparer ce sommet européen. Mais le Brexit a fait partie des discussions.
 
En fonction du résultat des tractations, les 27 dirigeants de l’Union européenne pourraient être invités jeudi à examiner les grandes lignes d’un accord… ou à acter un échec, exigeant alors la préparation de mesures d’urgence face au choc de la rupture.
 
Les négociateurs travaillent sous la pression inexorable du calendrier puisqu’un éventuel accord commercial – de plus de 700 pages – devra encore être ratifié par les parlements britannique et européen avant d’entrer en vigueur le 1er janvier, ce qui apparaît de plus en plus hypothétique avec cette nouvelle prolongation des négociations.
 
«Si les esprits ne sont pas prêts, revoyons-nous l’an prochain» avait déclaré à l’AFP l’eurodéputée Nathalie Loiseau. Un porte-parole de Boris Johnson a cependant rejeté l’éventualité de continuer à négocier en 2021.
 
Nouveau choc
 
Il faut aussi compter avec l’extrême vigilance des États membres qui espèrent un accord, mais s’inquiètent de concessions trop importantes aux Britanniques, certains, comme la France, menaçant d’un veto un accord qui ne lui conviendrait pas.
L’accès des pêcheurs européens aux eaux britanniques, un sujet qui ne semble toujours pas avoir progressé, reste hypersensible pour certains États membres, France et Pays-Bas en tête.
 
Mais le point le plus compliqué reste les conditions de concurrence équitable, destinées à garantir une convergence en matière d’aides publiques, de normes sociales ou environnementales. La difficulté est de trouver un système qui respecte la souveraineté retrouvée de Londres tout en protégeant les intérêts européens.
 
Règles européennes jusqu’au 31 décembre
 
Signe d’apaisement, le gouvernement britannique s’est dit lundi disposé à renoncer aux clauses controversées d’un projet de loi remettant en cause le traité encadrant le départ du Royaume-Uni de l’Union européenne, une concession à Bruxelles pendant cette dernière ligne droite. Les Européens étaient en effet furieux de voir les Britanniques remettre en cause cet accord.
 
Depuis son départ officiel de l’UE, le Royaume-Uni continue d’appliquer les règles européennes. Ce n’est qu’à la fin de cette période de transition, le 31 décembre, qu’interviendra sa sortie du marché unique et de l’union douanière.
 
Faute d’accord, les échanges entre Londres et l’UE se feront dès le 1er janvier selon les seules règles de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), synonymes de droits de douane ou de quotas, au risque d’un nouveau choc pour des économies déjà fragilisées par le coronavirus. (AFP/NXP)
 
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