Le président Joe Biden a déclaré dimanche que l’aide américaine à l’Ukraine continuerait d’affluer pour le moment alors qu’il cherchait à rassurer les alliés sur le soutien financier continu des États-Unis à l’effort de guerre. Mais le temps presse, a déclaré le président dans un avertissement au Congrès.
« Nous ne pouvons en aucun cas permettre que l’action américaine en faveur de l’Ukraine soit interrompue », a déclaré M. Biden dans un discours depuis la salle Roosevelt, après que le Congrès a voté samedi soir pour éviter une cessation temporaire des activités du gouvernement en adoptant un programme de financement à court terme qui a supprimé l’aide à l’Ukraine dans la lutte contre la Russie.
« Nous n’avons pas beaucoup de temps et il y a un sentiment d’urgence écrasant », a-t-il ajouté, exhortant le Congrès à négocier un plan d’aide dès que possible.
La grande majorité des deux partis — démocrates et républicains, Sénat et Chambre des représentants — soutiennent l’aide à l’Ukraine et à l’agression brutale que lui impose la Russie.
L’aide étrangère ou le budget intérieur ?
De nombreux législateurs reconnaissent qu’il devient de plus en plus difficile d’obtenir l’approbation du Congrès pour prolonger l’aide à l’Ukraine à mesure que la guerre se poursuit.
Le vote à la Chambre, la semaine dernière, a mis en évidence les problèmes potentiels à venir. Près de la moitié des républicains de la Chambre ont voté pour supprimer 300 millions d’un projet de loi de dépenses de défense visant à former des soldats ukrainiens et à acheter des armes.
Puis, samedi, le président de la Chambre, Kevin McCarthy, un républicain de la Californie, a refusé une aide supplémentaire à l’Ukraine dans une mesure visant à maintenir le gouvernement en fonction jusqu’au 17 novembre. Ce faisant, il a fermé la porte à une initiative du Sénat qui aurait envoyé 6 milliards à l’Ukraine, soit environ un tiers de ce qui a été demandé par la Maison-Blanche.
La Chambre et le Sénat ont approuvé à une écrasante majorité cette mesure provisoire, les membres des deux partis abandonnant l’augmentation de l’aide à l’Ukraine pour éviter la cessation imminente du gouvernement pour des raisons financières.
M. Biden a déclaré que cet accord avait été conclu pour maintenir le gouvernement en marche et il s’est efforcé de rassurer les alliés américains sur la disponibilité de fonds supplémentaires.
« Nous allons y parvenir. Je ne peux pas croire que ceux qui ont voté pour l’Ukraine — une majorité écrasante à la Chambre et au Sénat, démocrates et républicains — laisseront, pour des raisons purement politiques, davantage de personnes mourir inutilement en Ukraine », a-t-il souhaité.
Inquiétudes
Les alliés étrangers étaient surpris et inquiets. Le chef de la politique étrangère de l’Union européenne, Josep Borrell, a déclaré dimanche depuis Kyiv qu’il pensait que ce ne serait pas le dernier mot sur le financement américain, mais il a noté le soutien financier substantiel continu de l’UE à l’Ukraine et une nouvelle proposition de financement supplémentaire sur la table.
« J’espère que ce ne sera pas une décision définitive et que l’Ukraine continuera à bénéficier du soutien des États-Unis », a déclaré M. Borrell.
Les dernières actions du Congrès témoignent d’un changement progressif dans le soutien indéfectible que les États-Unis ont jusqu’à présent apporté à l’Ukraine dans sa lutte contre la Russie, et constituent l’un des exemples les plus clairs à ce jour de l’évolution du Parti républicain vers une position plus isolationniste.
L’exclusion du financement de l’Ukraine est intervenue un peu plus d’une semaine après que les législateurs ont rencontré au Capitole le président ukrainien Volodymyr Zelensky, qui cherchait à assurer les législateurs que son armée gagnait la guerre, mais soulignait qu’une aide supplémentaire serait cruciale pour poursuivre le combat.
Les États-Unis ont approuvé quatre séries d’aides à l’Ukraine en réponse à l’invasion russe, pour un montant total d’environ 113 milliards, une partie de cet argent étant destinée au réapprovisionnement du matériel militaire américain envoyé sur les lignes de front. En août, Joe Biden a appelé le Congrès à prévoir 24 milliards supplémentaires. [Associated Press]