CHRONIQUE DU LUNDI: Idrissa Seck, la montée en puissance…

Lundi 19 Février 2018

Pour le chef de Rewmi, la précampagne en direction de l’élection présidentielle  du 24 février 2018 est bel et bien lancée. Et elle ne devrait plus s’arrêter, sauf circonstance exceptionnelle et imprévue. Après avoir observé un semi-silence ponctué par des sorties sporadiques elles-mêmes dictées par la nécessité de ne pas laisser le terrain de l’échauffement au président en exercice, Idrissa Seck, sans doute rassuré par une première salve sur le contrat gazier bilatéral sénégalo-mauritanien, a tracé son boulevard politique. Il ne s’en éloignera plus. Le ton de la campagne est fixé : il sera rugueux et impitoyable.
 
Les dernières sorties de l’ex premier ministre livrent d’ailleurs une indication plausible sur les grands thèmes de sa campagne d’aujourd’hui et de demain : les questions agricoles (arachide), la gouvernance des hydrocarbures, la transparence publique, les précarités sociales et la situation critique des entreprises locales, le tout en lien avec les performances annoncées du gouvernement.
 
Idrissa Seck serait d’autant plus à l’aise sur le terrain des confrontations avec son principal adversaire que, jamais dans l’histoire politique du Sénégal post indépendance, il n’y a eu un tel écart entre le discours officiel et le grognement général exprimé par des franges importantes de la population sénégalaise. La pauvreté n’a pas franchement disparu, au contraire ; les centrales syndicales y compris la très raisonnable CNTS ruent dans les brancards ; les enseignants du collège et du secondaire ont décidé de durcir le ton, fatigués d’être menés en bateau alors que ceux du Supérieur ne sont pas en reste ; les petites et moyennes entreprises/industries sont asphyxiées par la rareté des marchés ; etc.
 
Dans le contexte actuel et à venir, les Sénégalais semblent réceptifs aux discours de rupture d’avec la vulgate exaspérante du pouvoir sur la croissance, les programmes sociaux, les projets d’infrastructures, bien souvent en porte-à-faux avec les règles élémentaires de bonne gouvernance.
 
Macky Sall a anesthésié ce pays d’une manière absolument scandaleuse, érigeant la corruption des gens en priorité indépassable, livrant des pans entiers de l’économie à ses amis d’ici et d’ailleurs, faisant jouer à sa famille un rôle politique incontestable, neutralisant tous les pouvoirs ou entités susceptibles de constituer une gêne pour sa «vision».
 
C’est ce tableau sombre d’une économie qui approcherait les 7% de croissance qui va assurer la montée en puissance d’Idrissa Seck au cours de l’année en cours. Reste à savoir s’il est lui-même suffisamment crédible pour être en mesure de proposer une vision programmatique novatrice qui obtienne l’adhésion d’une majorité d’électeurs. Pas gagné d’avance !
 
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