CHRONIQUE - Réajustements tarifaires de la SENELEC: Miser sur l’Efficacité Énergétique

Dimanche 1 Décembre 2019

Le Directeur Général de la Société Nationale d’Électricité (SENELEC) a fait face à la presse ce Mardi 26 Novembre 2019 pour décliner la nouvelle grille tarifaire décidée par la Commission de Régulation du Secteur de l’Électricité, tout en apportant des justificatifs sur les réajustements opérés. D’après Mr Pape Demba Bitèye, sur les 1 131050 clients domestiques (données fin 2018), près de la moitié, soit 611203 ménages classifiés à faible revenu, ne seront pas affectés par les réajustements.
 
Cette classification de la clientèle de la SENELEC, basée sur le niveau de consommation d’électricité (qui ne nous semble pas rigoureuse, car on peut bien être de faible revenu et exploser tous les compteurs, ou bien être nanti et très économe en consommation énergétique), laisse penser à une ‘’tarification mobile’’, et donc possibilité pour toute clientèle d’être affectée ou non par les réajustements. C’est pourquoi nous pensons qu’il faut plutôt miser sur une culture d’économie d’énergie pour la clientèle et sur la mise en place de programmes d’efficacité énergétique pour ce qui est des autorités étatiques.
 
2012 À 2019 : GRANDS BONDS, SACRIFICES ENORMES
 
Tout compte fait, ce réajustement est légitime de la part des autorités et n’est pas destinée à remplir les caisses de la SENELEC, mais plutôt à réduire les compensations que l’Etat ne cesse de consentir à coups de grands sacrifices, depuis 2012, à l’avènement de son Excellence le Président Macky Sall, mais aussi de contribuer à plus d’équité sociale, lorsqu’en 2025 on réalisera l’accès universel, avec le summum d’un mix énergétique, actuellement à 30%.
 
C’est également l’occasion de rappeler ici qu’en matière de fourniture d’électricité, on revient de loin, car en 2011 la production d’énergie était en permanente dysfonctionnement avec plus de 900 heures de coupure, dont la plupart durait entre 10 à 12heures de temps. Aujourd’hui, pour des besoins d’environ 700 MWatts, on en est à 1100 MWatts (dont 19% en Énergie verte)
 
MISER SUR L’ECONOMIE D’ÉNERGIE ET DES PROGRAMMES D’EFFICACITÉ ÉNERGETIQUES
 
Comme nous l’avons dit plus haut, la SENELEC classifie les clients à faible revenu comme étant ceux ayant une consommation d’électricité comprise entre 0-150 kWh. Cependant, le niveau de revenu d’une clientèle n’est pas forcément mesurable par sa consommation d’électricité. Ce qui est sûr est que la consommation d’énergie dépend d’une certaine culture d’économie. Nous pensons qu’Il faudra miser sur l’éducation pour l'économie d'énergie dans les ménages, car le moins on consomme d’électricité, le plus on se rapprochera de la catégorie 0-150 kWh qui ne sera pas affectée par les hausses.
 
Il faudra par ailleurs, comme dans beaucoup d’autres pays, des incitatifs, pourquoi pas des ristournes, pour les ménages les plus économes, champions de l'économie d'énergie, ou qui accepteraient des programmes ou certaines conditions ou équipement visant l’efficacité énergétique: compteurs intelligents, équipements ou dispositifs moins énergivores etc…. Il est possible par exemple de mettre sur pied des programmes écoénergetiques comme Éconologis au Canada, qui est un programme  qui permet une gratuité de conseils personnalisés aux ménages afin de mieux gérer leur consommation d’énergie, mais aussi remplacer gratuitement leurs réfrigérateurs énergivores.
 
Il est important de donner plus de moyens à l’Agence pour l’Économie et la Maîtrise de l’Énergie (AEME), dont une des prérogatives est de créer un cadre réglementaire, économique et financier incitatif et favorable à l’efficacité énergétique.
 
Cheikh Oumar Dieng
Membre CCR APR-DES Canada
Chodieng(at)gmail.com
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