Par Maurice Soudieck DIONE (+)
Le champ politique, selon Pierre Bourdieu, est un microcosme dans le macrocosme social où des agents rivalisent d’ardeur pour conquérir, exercer et conserver le pouvoir, par l’accumulation de capitaux économiques et symboliques, culturels et relationnels. En congruence avec la définition minimaliste de la démocratie de Joseph Schumpeter, cette concurrence dans le champ politique porte précisément sur la course aux suffrages, pour acquérir l’autorité et la légitimité du pouvoir de décision, à la suite d’élections libres et transparentes.
La compétition électorale loyale pour statuer sur les décisions politiques exige, comme le précise Robert Dahl, des conditions qui en assurent l’effectivité, l’équité et la crédibilité. Ce sont : la liberté d’expression et d’association, le droit de voter et de compétir, la pluralité et la diversité des sources d’information, surtout, l’abstention des leaders à s’emparer et à garder le pouvoir en usant des instruments coercitifs d’Etat, tels que la police, la justice et l’armée.
Dès lors, la démocratie est intrinsèquement liée à l’Etat de droit, comme autorité légale voire supra-légale de règlementation et de régulation du jeu. David Bentham ramène ainsi la démocratie à un triptyque : un gouvernement justiciable et comptable, des élections libres et transparentes et des droits et libertés effectifs.
La ritualisation et canalisation institutionnelles et communicationnelles des contradictions et ambitions de pouvoir, dans le jeu démocratique, fondent la forclusion de la violence. D’où la nécessité de construire un consensus sur l’organisation des dissensions ; la définition d’un accord sur les désaccords entre les divers protagonistes, à l’effet de consolider les institutions et la légitimité de ceux qui les animent. Donc d’assurer la paix et la stabilité politique. C’est là tout l’intérêt de cultiver, préserver et perpétuer le consensus autour du système électoral, et d’écarter toute suspicion ou rupture de confiance entre les acteurs.
La démocratie repose sur la sublimation de la violence par le biais de la confrontation symbolique et sémiologique, cognitive et discursive : le choc des idées et des mots − sans gros mots − pour dénoncer les maux ! La libéralisation du paysage radiophonique au Sénégal a joué en ce sens un rôle considérable d’abréaction et de purgation de la violence politique, alors régulièrement déchargée à travers le saccage des biens publics. Car, plus le débat démocratique est ouvert, fructueux et élevé ; plus les citoyens peuvent énoncer et annoncer leurs frustrations et préoccupations, moins le jeu politique a tendance à verser dans la violence.
La démocratie est basée sur la structuration, l’expression et la valorisation des divers intérêts matériels et moraux des citoyens. Autrement, les intérêts des gouvernants s’autonomisent de ceux des gouvernés, dans une loi d’airain de l’oligarchie, qui perpétue au pouvoir les coteries dirigeantes, par le truchement des moyens répressifs et rétributifs d’Etat. Les institutions deviennent alors un habillage cosmétique et idéologique pour asseoir un pouvoir autoritaire et autocratique, réfractaire à la critique. Mais si des comptes ne sont pas demandés à ceux à qui le pouvoir est confié, à qui les demanderait-on ?
Dès lors les interpellations de l’opposition adressées au régime du Président Sall sur la gestion des ressources naturelles, la fiabilisation continuelle du système électoral, le respect des droits et libertés des opposants garantis par la Constitution sont plus que légitimes. Des réponses pertinentes et percutantes doivent être apportées aux questions posées, à toutes les questions posées, et rien qu’aux questions posées ! Communiquer, comme s’y méprennent tant les tenants du pouvoir, ce n’est ni polémiquer, ni menacer, encore moins tenir des propos déplacés ou insensés.
Les critiques devraient être des outils d’aide à la décision au service du gouvernement, afin qu’il puisse voir ce qui ne va pas et là où ça ne va pas ; c’est le meilleur moyen d’assurer une gouvernance éclairée et transparente. Autrement, c’est la dictature qui se pose et s’impose, refusant qu’on s’oppose, faisant donc le lit de la violence, car ne cherchant qu’à contraindre plutôt que de convaincre, sans être sûre de vaincre !
Consensualisme dans la sécrétion des règles du jeu politique et confrontation tonique des idées, tels sont les remparts contre la tyrannie de la majorité, afin que les seuls arbitres entre pouvoir et opposition soient des institutions impartiales et fiables, et au-delà, le peuple sénégalais souverain, qui en définitive, par les urnes, choisit de confier ou retirer le pouvoir à qui il veut !
(+) Docteur en Science politique - Enseignant-chercheur à l’Université Gaston Berger de Saint-Louis
Le champ politique, selon Pierre Bourdieu, est un microcosme dans le macrocosme social où des agents rivalisent d’ardeur pour conquérir, exercer et conserver le pouvoir, par l’accumulation de capitaux économiques et symboliques, culturels et relationnels. En congruence avec la définition minimaliste de la démocratie de Joseph Schumpeter, cette concurrence dans le champ politique porte précisément sur la course aux suffrages, pour acquérir l’autorité et la légitimité du pouvoir de décision, à la suite d’élections libres et transparentes.
La compétition électorale loyale pour statuer sur les décisions politiques exige, comme le précise Robert Dahl, des conditions qui en assurent l’effectivité, l’équité et la crédibilité. Ce sont : la liberté d’expression et d’association, le droit de voter et de compétir, la pluralité et la diversité des sources d’information, surtout, l’abstention des leaders à s’emparer et à garder le pouvoir en usant des instruments coercitifs d’Etat, tels que la police, la justice et l’armée.
Dès lors, la démocratie est intrinsèquement liée à l’Etat de droit, comme autorité légale voire supra-légale de règlementation et de régulation du jeu. David Bentham ramène ainsi la démocratie à un triptyque : un gouvernement justiciable et comptable, des élections libres et transparentes et des droits et libertés effectifs.
La ritualisation et canalisation institutionnelles et communicationnelles des contradictions et ambitions de pouvoir, dans le jeu démocratique, fondent la forclusion de la violence. D’où la nécessité de construire un consensus sur l’organisation des dissensions ; la définition d’un accord sur les désaccords entre les divers protagonistes, à l’effet de consolider les institutions et la légitimité de ceux qui les animent. Donc d’assurer la paix et la stabilité politique. C’est là tout l’intérêt de cultiver, préserver et perpétuer le consensus autour du système électoral, et d’écarter toute suspicion ou rupture de confiance entre les acteurs.
La démocratie repose sur la sublimation de la violence par le biais de la confrontation symbolique et sémiologique, cognitive et discursive : le choc des idées et des mots − sans gros mots − pour dénoncer les maux ! La libéralisation du paysage radiophonique au Sénégal a joué en ce sens un rôle considérable d’abréaction et de purgation de la violence politique, alors régulièrement déchargée à travers le saccage des biens publics. Car, plus le débat démocratique est ouvert, fructueux et élevé ; plus les citoyens peuvent énoncer et annoncer leurs frustrations et préoccupations, moins le jeu politique a tendance à verser dans la violence.
La démocratie est basée sur la structuration, l’expression et la valorisation des divers intérêts matériels et moraux des citoyens. Autrement, les intérêts des gouvernants s’autonomisent de ceux des gouvernés, dans une loi d’airain de l’oligarchie, qui perpétue au pouvoir les coteries dirigeantes, par le truchement des moyens répressifs et rétributifs d’Etat. Les institutions deviennent alors un habillage cosmétique et idéologique pour asseoir un pouvoir autoritaire et autocratique, réfractaire à la critique. Mais si des comptes ne sont pas demandés à ceux à qui le pouvoir est confié, à qui les demanderait-on ?
Dès lors les interpellations de l’opposition adressées au régime du Président Sall sur la gestion des ressources naturelles, la fiabilisation continuelle du système électoral, le respect des droits et libertés des opposants garantis par la Constitution sont plus que légitimes. Des réponses pertinentes et percutantes doivent être apportées aux questions posées, à toutes les questions posées, et rien qu’aux questions posées ! Communiquer, comme s’y méprennent tant les tenants du pouvoir, ce n’est ni polémiquer, ni menacer, encore moins tenir des propos déplacés ou insensés.
Les critiques devraient être des outils d’aide à la décision au service du gouvernement, afin qu’il puisse voir ce qui ne va pas et là où ça ne va pas ; c’est le meilleur moyen d’assurer une gouvernance éclairée et transparente. Autrement, c’est la dictature qui se pose et s’impose, refusant qu’on s’oppose, faisant donc le lit de la violence, car ne cherchant qu’à contraindre plutôt que de convaincre, sans être sûre de vaincre !
Consensualisme dans la sécrétion des règles du jeu politique et confrontation tonique des idées, tels sont les remparts contre la tyrannie de la majorité, afin que les seuls arbitres entre pouvoir et opposition soient des institutions impartiales et fiables, et au-delà, le peuple sénégalais souverain, qui en définitive, par les urnes, choisit de confier ou retirer le pouvoir à qui il veut !
(+) Docteur en Science politique - Enseignant-chercheur à l’Université Gaston Berger de Saint-Louis