Le Brésil a présenté mercredi à la COP29 en Azerbaïdjan son nouveau plan climatique, l'un des pays à s'engager davantage dans une diplomatie climatique menacée de panne face au retour de Donald Trump et à l'austérité en Europe.
Très symboliquement, la ministre brésilienne de l'Environnement a déposé mercredi à Bakou auprès du chef de l'ONU Climat la nouvelle feuille de route de son pays à l'horizon 2035, document obligatoire dans le cadre de l'accord de Paris. Il engage le pays à avoir réduit ses émissions de gaz à effet de serre de 59-67% par rapport à 2005.
Le haut de la fourchette "mettrait le Brésil sur la trajectoire de la neutralité carbone d'ici 2050", décrypte Karen Silverwood-Cope, de l'ONG WRI. Mais pas le bas de la fourchette, prévient-elle.
Les Etats-Unis de Joe Biden, présents à la conférence de l'ONU, ont de leur côté annoncé un triplement du nucléaire d'ici 2050, un projet censé résister à présidence de Donald Trump.
Le nucléaire est soutenu par les républicains et les démocrates américains, a rappelé le conseiller sur le climat de Joe Biden, Ali Zaidi, mercredi à Bakou.
Ces déclarations, ainsi que celles d'Européens ambitieux, contrastent avec celles de plusieurs dirigeants occidentaux traumatisés par l'inflation, les déficits publics et les mouvements sociaux des dernières années, et qui ont ouvertement déclarer vouloir appuyer sur le frein plutôt que sur l'accélérateur.
La cheffe du gouvernement italien, Giorgia Meloni, a assuré qu'il n'existait "aucune alternative unique" aux énergies fossiles, qu'il fallait avoir une vision "réaliste" et se méfier de toute "approche trop idéologique".
"On ne peut pas se précipiter dans les oubliettes industrielles au nom de la neutralité carbone", a déclaré le Premier ministre conservateur grec Kyriakos Mitsotakis, expliquant que la "transition ne se fera pas sans douleur".
- Que faisons-nous là? -
Ces débats économiques et climatiques se tiennent dans l'année qui sera vraisemblablement la plus chaude jamais mesurée, et battra encore un record d'émissions de CO2, générées par la combustion du charbon, du pétrole et du gaz, selon une nouvelle estimation des scientifiques du Global Carbon Project.
Cette étude ajoute que le monde doit viser zéro émission nette de CO2 d'ici à la fin des années 2030 pour espérer contenir le réchauffement mondial à 1,5°C, par rapport à la fin du XIXe siècle. Soit beaucoup plus tôt que 2050, l'horizon actuellement envisagé par une centaine de pays.
"C'est ce que la présidence promeut depuis le début de l'année: la fenêtre temporelle se rétrécit et nous devons agir de toute urgence", a réagi auprès de l'AFP Ialtchine Rafiev, le négociateur principal de l'Azerbaïdjan pour la COP29.
Pour lui, "il est encore possible de maintenir 1,5°C à portée de main" et un accord sur le financement climatique d'ici le 22 novembre "ouvrira sans aucun doute la voie".
Mais en seulement quatre minutes, le Premier ministre d'un petit pays habituellement discret dans cette enceinte, l'Albanie, a résumé les doutes ambiants.
"La vie continue avec ses vieilles habitudes et nos discours pleins de bonnes intentions sur la lutte contre le changement climatique ne changent rien", a regretté Edi Rama.
"Que diable faisons-nous dans cette assemblée, si encore et encore, il n'y a pas de volonté politique commune de s'unir et de passer des paroles aux actes ?" a-t-il lancé.
- 1.300 milliards -
Les Occidentaux apparaissent peu enclins à débourser davantage en période d'austérité, appelant à la mobilisation du secteur privé - un "voeu pieux" pour les ONG.
Pour les convaincre, le patron de l'ONU Climat et les pays vulnérables arguent qu'un climat trop extrême provoquera inflation et dommages économiques partout, y compris dans le Nord.
"Les incendies qui dévorent vos forêts, les ouragans qui ont frappé nos maisons ne sont pas des malheurs lointains mais des tragédies partagées", a expliqué Philip Davis, Premier ministre des Bahamas.
Sur le fond, les négociateurs ont rendu public un nouveau projet d'accord sur le financement, qui comprend une série d'options mais laisse en suspens les points de friction.
La plupart des pays en développement sont favorables à un engagement annuel des pays riches d'au moins 1.300 milliards de dollars (contre une centaine aujourd'hui), et réclament davantage de subventions plutôt que des prêts. [AFP]