COVID-19 : à contre-courant de l’Europe, les Italiens de retour dans les bars et restaurants

Mardi 2 Février 2021

La grande majorité des régions italiennes sont désormais classées au niveau « jaune », c’est-à-dire à risque modéré, à l’exception du Haut-Adige (nord), de l’Ombrie (centre), des Pouilles, de la Sardaigne et de la Sicile (sud), classées en « orange » (risque moyen). Plus aucune région n’est classée « rouge », le niveau de risque le plus élevé.
 
Cet abaissement du niveau de risque, décidé sur la base de critères comme le taux d’occupation des services de réanimation ou le taux de propagation du virus, permet notamment la réouverture des bars et restaurants, qui ne pouvaient jusqu’ici faire que de la vente à emporter.
 
Ils peuvent désormais accueillir des clients à leurs tables jusqu’à 18 h, mais en nombre limité et en respectant les règles de distanciation.
 
Lundi en milieu de journée, une file s’était ainsi formée devant La Tazza d’Oro, un café réputé près du Panthéon à Rome : « Désolés de vous faire attendre, chacun son tour », s’excusait à l’entrée un garçon chargé de réguler le flux des clients pour éviter qu’ils ne s’agglutinent devant le comptoir surmonté de séparateurs en plexiglas.
 
Mais dans les restaurants on est loin de la foule des grands jours, comme en témoigne auprès de l’AFPTV Silvana Mattu, propriétaire d’un restaurant sur la très touristique place romaine de Campo de Fiori : « On a juste quelques clients qui travaillent dans des bureaux du quartier, mais dans le centre, on ne travaille pas beaucoup aujourd’hui, car nous sommes habitués à fonctionner essentiellement avec le tourisme ».
 
88 jours
 
Les musées aussi ont enfin pu rouvrir, mais seulement en semaine pour éviter les concentrations de personnes.
 
Parmi les premiers à rentrer aux Musées du Vatican, qui abritent la Chapelle Sixtine et ses célèbres fresques de Michel-Ange, un guide touristique qui, avant leur fermeture durant 88 jours, y accompagnait des groupes cinq jours sur sept. « Ce musée était notre deuxième maison. Aujourd’hui nous redécouvrons un endroit que nous n’avions pas oublié mais qui s’était un peu estompé dans notre mémoire », a confié à l’AFP Vincenzo Spina, accompagné d’une collègue.
 
D’autres monuments emblématiques de la capitale italienne sont concernés : le Panthéon, la Galerie Borghese ou encore le Château Saint-Ange. Près de Rome à Tivoli, la Villa d’Este et la Villa d’Hadrien ont aussi rouvert leurs portes.
 
Même si le couvre-feu reste en vigueur sur tout le territoire national de 22 h à 5 h, cet assouplissement contredit la tendance générale des autres pays européens à édicter des restrictions plus sévères.
 
« A contre-courant »
 
L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a pourtant averti jeudi qu’il était « trop tôt pour assouplir » les restrictions en raison de la circulation « encore très élevée » du virus.   
 
« L’Italie est à contre-courant », a confirmé Walter Ricciardi, un expert en santé publique qui conseille le ministère italien de la Santé face à la pandémie, dans un entretien vendredi avec l’AFP.
 
Dimanche, la péninsule a enregistré 11 252 nouveaux cas, un chiffre en baisse par rapport aux 12 715 comptabilisés samedi.
 
Ce week-end, alors que cet assouplissement avait été annoncé mais n’était pas encore en vigueur, des milliers de personnes se sont déversées dans les rues et les parcs des grandes villes, conduisant le ministre de la Santé Roberto Speranza à lancer une mise en garde : « Le classement en zone jaune ne signifie pas que nous avons échappé au danger, il faut encore faire preuve de la plus grande prudence si nous ne voulons pas annuler les progrès accomplis ces dernières semaines ».
 
Les dirigeants italiens sont monopolisés par la crise politique provoquée par la démission mardi du premier ministre Giuseppe Conte, qui expédie les affaires courantes en attendant que les consultations politiques en cours aboutissent à une solution.
 
L’Italie, premier pays européen durement touché par la première vague de COVID-19, a enregistré plus de 88 000 morts depuis le début de la pandémie, et la troisième économie de la zone euro a plongé dans sa pire récession depuis la Seconde Guerre mondiale. (AFP)
 
Nombre de lectures : 394 fois