Jean-Pierre Amougou Belinga, puissant homme d'affaires arrêté pour sa particpation présumée à l'assassinat du journaliste Martinez Zogo
L’homme d’affaires Jean-Pierre Amougou Belinga, présumé commanditaire de l’assassinat du journaliste camerounais Martinez Zogo, a été arrêté aux environs de 6 heures du matin à son domicile de Yaoundé, selon des sources sécuritaires citées par Reporters sans frontières (RSF). L’opération a été menée par une cinquantaine de gendarmes qui ont d’abord encerclé la maison du puissant businessman avant de mettre la main sur lui. Le corps mutilé et sans vie du journaliste avait été retrouvé le 22 janvier dernier.
Amougou Belinga est au cœur des dépositions faites par plusieurs protagonistes dans l’enquête déclenchée par la présidence camerounaise pour faire la lumière sur la mort atroce de Martinez Zogo après son enlèvement le 17 janvier par des éléments de la Direction générale de la recherche extérieure (DGRE). Il a été accusé à plusieurs reprises par Zogo d’être impliqué dans des détournements de deniers publics. C’est dans un immeuble qui lui appartiendrait d’ailleurs que le journaliste aurait été torturé à mort.
Les aveux écrits de Justin Danwe, directeur des opérations spéciales du contre-espionnage camerounais, décrivent ainsi une partie du scénario mis en œuvre pour assassiner Zogo sans laisser de traces derrière le commando d’exécution.
« Jean-Pierre Amougou Belinga aurait asséné des coups au journaliste dans le sous-sol de son immeuble. L’homme d’affaires aurait alors appelé Laurent Esso, le garde des Sceaux dont il est proche, afin de lui demander quel sort réserver au présentateur radio. D’après ce témoignage, le ministre, un des hommes les plus puissants du régime, lui aurait alors répondu de “finir le travail” pour éviter une nouvelle affaire Paul Chouta, un journaliste laissé pour mort au bord d’une route l’année dernière, après avoir été passé à tabac par un mystérieux commando, qui n’a jamais été identifié », rapportait en exclusivité RSF il y a quelques jours.
Léopold Maxime Eko Eko, chef du contre-espionnage camerounais, est aux arrêts depuis quelques jours après avoir été nommément mis en cause par son proche collaborateur Justin Danwe.
Selon RFI, d’autres arrestations ont eu lieu concernant des personnes présumées impliquées dans l’assassinat de Martinez Zogo et détenues dans les locaux du Secrétariat d’Etat à la défense (SED). Celle d’un colonel à la retraite ancien commandant de la Garde présidentielle camerounaise et dont le nom n’a pas été cité. Il serait le beau-père de Jean-Pierre Amougou Belinga. Celle du journaliste Bruno Bidjang, présenté comme directeur général d’un groupe de médias appartenant à Belinga.
Directement mis en cause dans les aveux de Justin Danwe, le ministre de la Justice garde des Sceaux Laurent Esso et proche de Jean-Pierre Amougou Belinga, serait-il la prochaine victime de la vague d’arrestations promise par le président Paul Biya pour « faire toute la lumière » sur le meurtre de Martinez Zogo ?