Campagne de Macron: enquête ouverte sur le rôle des collectivités lyonnaises

Lundi 25 Juin 2018

Après une plainte d'élus de droite, le parquet a ouvert une enquête préliminaire pour détournement de fonds publics afin de déterminer si la métropole et la ville de Lyon, fief du ministre de l'Intérieur Gérard Collomb, ont effectivement financé la campagne d'Emmanuel Macron.

Confiée à la police judiciaire, elle vise aussi des faits présumés de financement irrégulier de campagne électorale, abus de biens sociaux et recel, a précisé à l'AFP une source proche de l'enquête.

Le maire de Caluire, Philippe Cochet, président du groupe LR à la métropole, et son homologue à la ville, Stéphane Guilland, avaient annoncé la semaine dernière avoir saisi le procureur de la République.

Selon leur plainte contre X, "des moyens publics (humains, matériels et financiers) sous le contrôle de la ville et de la métropole de Lyon", que dirigeait M. Collomb avant d'entrer au gouvernement, auraient été "indûment détournés et mis à disposition" du futur président.

"Il n'y a rien de nouveau dans ces informations dont le seul objet est de jeter le discrédit. La plainte des élus Les Républicains de Lyon reprend une polémique que l'opposition locale tente d'alimenter depuis plusieurs mois", avait-on rétorqué dans l'entourage du ministre la semaine dernière.

"J'ai répondu à 80% de leurs demandes et quand je ne l'ai pas fait, c'est parce que la loi me l'interdit", a dit lundi son successeur à la tête de la métropole, David Kimelfeld, qui invite M. Cochet à "balayer devant sa porte" en rappelant "ses égarements lorsqu'il soutenait la campagne de M. Fillon".

"Aujourd'hui il y a panique en la demeure, après un long sentiment d'impunité dans cette maison", a répliqué M. Cochet, pour qui M. Kimelfeld est dans une situation difficile car "on lui fait porter le chapeau".

- "Coup de main" -

Les plaignants n'ont pas pu obtenir, en particulier, la liste des invités à une réception organisée le 2 juin 2016 à l'Hôtel de Ville de Lyon. L'actuel ministre de l'Intérieur y avait reçu le ministre de l'Économie d'alors, Emmanuel Macron, deux mois après le lancement d'En Marche !

La veille de cette rencontre à laquelle les élus d'opposition n'étaient pas conviés, M. Cochet avait dénoncé "une opération de +fundraising+ en vue de la présidentielle".

"Tout le monde savait déjà que Macron serait candidat, des gens de chez nous avaient été reçus à Bercy pour discuter d'un grand rassemblement de la droite et du centre. Et Collomb avait dit qu'il voulait lui donner +un coup de main+", indique une source LR.

Ce jour-là, près d'un millier de personnes se bousculèrent dans les salons de la mairie pour voir M. Collomb accueillir son "cher Emmanuel". La facture avoisina 19.000 euros, principalement pour le buffet et la sonorisation des lieux, confiés à un traiteur et une société d'événementiel - GL Events.

Dans leur plainte, les élus estiment que M. Macron a bénéficié "d'une mise à disposition gratuite" de locaux publics "à des fins électorales et partisanes", alors que la campagne présidentielle était "juridiquement ouverte" ; et que les collectivités lyonnaises, en payant les frais, ont financé un candidat alors que le code électoral l'interdit aux personnes morales.

Mise en cause également, "la situation particulière" de Jean-Marie Girier, ancien chef de cabinet de M. Collomb à Lyon, qui a joué un rôle actif dans la campagne de M. Macron. M. Girier a bénéficié d'un temps partiel à la métropole à partir d'octobre 2016, puis a mis fin à ses fonctions en décembre pour devenir directeur de campagne en janvier 2017.

Les plaignants affirment que son implication au sein d'En Marche ! a commencé bien avant: un cumul de fonctions "juridiquement interdit" selon eux, qui masquerait un emploi parfois "fictif". L'enquête devrait notamment se pencher sur les prises de congés de M. Girier.

Les élus LR s'interrogent enfin sur une utilisation des locaux parisiens de la métropole lyonnaise durant la campagne de M. Macron et entre les deux tours.
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