Caucus des Femmes Leaders: « Quel Président pour la famille sénégalaise ? »

Dimanche 3 Février 2019

Le Caucus des femmes leaders demande des engagements concrets aux candidats à la présidentielle face aux drames permanents et multiformes que vivent les femmes sénégalaises des villes et des zones rurales et qui menacent la famille sénégalaise dans ses fondements.


A quelques encablures de l’élection présidentielle du 24 février 2019, le Caucus des femmes leaders se rappelle au bon souvenir des hommes politiques, et notamment des candidats décidés à obtenir le suffrage majoritaire des citoyens électeurs. Dans cet exercice, du fait que cette élection est « une opportunité de poser le débat public pour faire avancer la cause de la famille et de la femme par rapport aux objectifs de développement de notre pays », deux axes essentiels retenus « à partir d’informations précises » vont déterminer le comportement électoral du Caucus.

D’une part, « il s’agit d’amener les candidats à faire des offres de politiques publiques crédibles pour améliorer la situation de la famille et des femmes en tant que mère. » Et d’autre part, il est question « d’amener les citoyens à un choix éclairé de candidat à l’élection présidentielle, en leur faisant prendre conscience de la place accordée à la famille et à la femme dans leurs programmes », indique un document que Tribune s’est procuré.
 
Les problématiques soulevées par le Caucus des femmes leaders sont nombreuses et variées. Elles concernent un « moindre accès aux savoirs et faibles qualifications professionnelles. » En effet, un « taux d’alphabétisation à environ 40% demeure un facteur limitant pour les femmes. » De même, leur « faible niveau d’éducation, en particulier dans les séries scientifiques explique aussi leur moindre accès aux Tics, soit 37,9% contre 62,1% pour les hommes. »
 
Déficits en tous genres
 
Le « déficit de services de base » comme l’eau et l’assainissement « grève ‘le budget temps’ des femmes consacré à la création de richesses, au profit de leur famille et affecte leur santé », déplore le Caucus des femmes leaders. Mais la contrainte majeure reste l’énergie, « à la fois pour les usages domestiques et pour leurs activités de production et de transformation », indique le document susmentionné. « Plus de la moitié des Sénégalaises utilisent le bois de chauffe, un pourcentage qui s’élève à 86,4% pour les ménages ruraux. »
 
Sur un autre terrain, le sort des femmes est plus que jamais précaire. C’est le cas concernant la prise en charge des maladies dites émergentes. « Les maladies comme les cancers du col de l’utérus et du sein, la diabète, l’hypertension artérielle, ne sont pas couvertes par les systèmes de protection sociale, ni par la Couverture maladie universelle, ce qui grève lourdement le budget des ménages », s’alarme le Caucus des femmes leaders. 
 
Sur un autre registre, le Pr Fatou Sow Sarr et ses camarades rapportent une étude du Centre de recherche en économie et finance appliquée (Crefat) de l’université de Thiès qui établit « le travail non rémunéré des femmes à 30% du produit intérieur brut » sénégalais. « Cette part est plus importante que celle du secteur primaire (15,5%) ou secondaire (23,3%), mais elles demeurent plus pauvres que les hommes. »
 
Cette « faible rémunération » est en lien avec la population de femmes travailleuses. A l’issue du Recensement général des entreprises effectuée en 2016 par l’agence nationale de la statistique et de la démographie (Ansd), il y avait 407 882 unités économiques au Sénégal. « Au niveau national, 33 ?3 des travailleurs sont des femmes et 67,7% des hommes. (…) Dans la fonction publique de 2011, sur 57 484 fonctionnaires, il y avait 43 376 hommes contre seulement 14 117 femmes, soit 24,5% des effectifs. »
 
«Anticiper sur le pétrole et le gaz… »
 
Dans le secteur agricole, l’Ansd a révélé que les femmes exploitent en moyenne 0,4 ha des terres contre 1,3 ha pour les hommes. En outre, seules 13,8% des femmes sont propriétaires des surfaces qu’elles cultivent. Et si, en termes de gouvernance économique et politique, les femmes ne représentent que 6,4% des dirigeants du secteur industriel et ne possèdent que 18,9% des petites et moyennes entreprises, cela est de nature à « limiter leurs capacités d’intervention » dans les instances de décision.
 
Pour le Caucus des femmes leaders, il est indispensable que les candidats à la présidentielle prennent des engagements à plusieurs niveaux dont : l’application rigoureuse des lois contre les violences basées sur le genre, le recours aux tests d’ADN pour rétablir des enfants nés de viol dans leurs droits fondamentaux, favoriser l’autonomie économique des femmes en leur octroyant « 50% de terres des nouveaux aménagements », implanter une antenne de la Délégation à l’entrepreneuriat rapide (Der) « dans chaque marché », « réserver une part des revenus du gaz et du pétrole au financement des activités des femmes…»
 
Pour le Caucus des femmes leaders, « il faut concevoir la famille comme étant une question politique ; c’est à dire en relation avec la réalisation du projet démocratique, car l’échec de cette institution entraînera ipso facto l’échec de la société dans sa totalité. »
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