Dans son édition du vendredi 7 septembre 2018, Soro Diop a vigoureusement réagi à ma contribution parue la veille à ‘’Walfadjri’’. M. Diop n’a pas du tout été tendre avec moi. C’est comme s’il me gardait une dent depuis de longs mois, voire de longues années. Je ne me suis pas indigné de sa diatribe – les Sénégalais étant ce qu’ils sont – mais j’en suis très surpris.
La dernière fois que j’ai eu un contact physique avec ce M. Diop, c’était quand il travaillait au journal ‘’Le Quotidien’’. Nos relations étaient alors bonnes, très bonnes, voire excellentes. C’est lui qui m’avait publié de façon magistrale les ‘’Bonnes Feuilles’’ de mon livre « Qui est cet homme qui dirige le Sénégal ?». Il a ensuite quitté le journal, je ne sais pour quelle (s) raison (s). Depuis lors, je ne me souviens pas l’avoir rencontré une seule fois ou, si c’est le cas, ne me rappelle plus les circonstances.
Pendant un bon moment, je ne savais plus où il était. J’apprendrai, par la suite, et par hasard, qu’il était dans la mouvance présidentielle et conseiller en communication quelque part. Pour marquer sans équivoque son choix, il lui arrivait, il lui arrive encore – la preuve – de s’attaquer violemment à l’opposition et à toutes autres personnes qui ont seulement des divergences avec le président-politicien et, en particulier, osent les exprimer publiquement. Au début, il m’arrivait de lire quelques-uns de ses articles particulièrement salés. Finalement, je ne les lisais plus. Et j’allais sûrement continuer dans ce choix, si un ami ne m’avait pas signalé sa philippique parue à ‘’Dakaractu’’ du 6 septembre, qui me sort de ma réserve. Et c’est dommage, vraiment dommage !
Le titre de sa diatribe est déjà fort révélateur de sa volonté de me régler mon compte pour de bon. Voici le fameux titre : « Mody Niang et la bien-pensance furieuse ». Ce titre a besoin d’être clarifié pour le commun des mortels, car il n’est pas simple, il pose même problème. D’après le ‘’Petit Larousse illustré 2012’’, la bien-pensance, c’est ‘’l’opinion, le comportement des bien-pensants’’. Quant aux bien-pensants, ce sont des personnes ‘’dont les convictions sont jugées traditionnelles et conformistes’’. C’est cette dernière définition qu’il m’applique certainement, s’attardant sur le côté négatif, si côté négatif il y a.
Je lui fais d’abord remarquer que ces convictions ‘’ne sont jugées (que) traditionnelles et conformistes’’. Elles ne le sont donc pas forcément. Et même si elles l’étaient effectivement, sa position par rapport à mes convictions me laisse absolument indifférent, comme me laissent parfaitement indifférentes les siennes, si toutefois il en a encore. Je lisais avec délectation ses écrits, quand il travaillait au journal ‘Le Quotidien’’. Tous les vices, tous les maux, tous les crimes comme la corruption, la concussion, la fraude, le conflit d’intérêt, le népotisme, les détournements de deniers publics, la détestable transhumance, la mal gouvernance et la mauvaise gestion en général, tous ces maux tremblaient dès que le bon M. Diop se mettait devant son ordinateur. Il les dénonçait avec une vigueur, une conviction qui pouvaient faire bouger des montagnes. Aujourd’hui, on retrouve exactement les mêmes maux, les mêmes vices, les même crimes dans la gouvernance du président-politicien. Qu’il renonce à ses convictions – s’il en a encore –, qu’il s’adapte à la nauséabonde gouvernance de son mentor, c’est son droit le plus absolu ! Mais, qu’il nous laisse le droit de les dénoncer, nous que le pouvoir et ses ‘’délices’’ fugaces n’ont pas retournés.
Un ami me disait hier, qu’entre la période où M. Diop a été congédié du journal ‘’Le Quotidien’’ et le moment où il a trouvé du travail – et quel travail –, il a traversé péniblement le désert. Aujourd’hui qu’il a bien sa place dans le ‘’paacoo’’’, il se comporte comme un aveugle qui a ramassé deux yeux. Xamatoul lu ko të, dirait le wolof njaay. Qu’il se la coule douce, c’est son droit le plus absolu. Mais, qu’il nous laisse le nôtre, pour que nous en disposions comme nous l’entendons !
Heureusement que DIEU, notre SEIGNEUR, ne nous a jamais privés de nos yeux. Nous les avions toujours rivés sur la nauséabonde gouvernance du vieux président-politicien. Aujourd’hui, nous continuons de les river sur celle de son successeur, qui marche pas à pas sur le chemin tortueux que le vieux prédateur lui a largement ouvert en quittant le pouvoir. Il n’y a que Soro Diop, et d’autres de son acabit, qui ne s’en rendent pas compte. Il n’y a que lui et nombre d’autres renégats qui, comme lui, ont retourné sans honte leurs vestes et refusent obstinément de savoir que la gouvernance du vieux président-politicien et celle du président-politicien Jr sont parfaitement superposables. Elles traînent les mêmes crimes, les mêmes forfaits, les mêmes délits, les mêmes scandales. M. Diop aura-t-il le courage de nier cette évidence, cette réalité qui crève les yeux. Ah ! J’oubliais qu’il n’en a plus, les ‘’délices’’ du pouvoir étant passés par là !
Notre bon M. Diop me traite aussi de nihiliste. Selon lui, je ferme les yeux sur toutes les réalisations du président-politicien. Pas du tout. Il fait bien des réalisations, mais c’est sur elles que j’ai des problèmes, en particulier sur leur pertinence et leur coût. Et puis, pouvait-il ne pas en faire du tout ? Le 25 mars 2012, nous avons porté 65% de nos suffrages (exprimés) sur sa candidature, sur la base d’engagements solennellement pris et de promesse fermes qu’il nous avait faites qu’il gouvernerait mieux le pays.
Annuellement, nous mettons à sa disposition un budget qu’il utilise à sa guise (presque 4000 milliards en 2018). Waaw, il peut s’enrichir, enrichir sa famille et sa belle famille, les hauts responsables du parti-Etat, etc., mais il ne peut pas s’en arrêter là : il faut quand même qu’il fasse quelques réalisations ! Quand ces réalisations sont coûteuses plus que de raison, plus de prestige que de développement, nous avons le droit de protester ! Je ne m’attarderai pas sur des infrastructures comme l’Autoroute ‘’Ila Touba’’, le fameux Train Express régional (TER), le Centre international de conférences Abdou Diouf (CICAD), etc. Ni sur nos 6 millions de cartes biométriques qui nous ont coûté 52 milliards de francs CFA, ni sur la réhabilitation du Building administratif qui en est, semble-t-il, à près de 29 milliards (d’autres disent même 40), ni sur la construction des pavillons dans les différentes universités, etc.
Oui, il construit des infrastructures, mais dans quelles conditions les construit-il ? Je ne m’attarderai surtout pas sur elles. Dans nombre de mes contributions, j’ai exprimé sans fard mes réserves (motivées) par rapport aux tonitruantes réalisations que tient à nous vendre coûte que coûte M. DIOP. En outre, son mentor n’avait-il pas déclaré qu’une gouvernance ne se limitait pas à des constructions d’infrastructures, que ce n’était pas l’essentiel : il fallait aussi travailler à bonifier les valeurs, les principes, les bonnes habitudes, etc. Où en est-il avec ce second objectif ? La réponse coule de source : il a travesti le pays, tout le pays qui s’éloigne de plus en plus de nos valeurs cardinales, cédant la place à l’argent et aux ‘’honneurs’’. Le parti-Etat a violemment bousculé la Nation, reléguée au second plan.
Ce bon M. Diop doit beaucoup m’en vouloir et je ne sais vraiment pas pourquoi. Lisons ce qu’il écrit d’entrée de jeu, me concernant : « Et toujours dans un style qui manque d’élégance et de courtoisie envers le Chef de l’Etat, c’est à se demander si les contributions écrites ne sont pas devenues la pension mensuelle du vieil enseignant. ». Ce n’est pas tout. Au milieu du texte, il me pilonne plus fort encore : « Sa fixation morbide, on dirait maladive, sur le Président de la République Macky Sall, assortie d’une arrogance verbale indécente, surtout envers quelqu’un qui a l’âge de son cadet, invalide son objectivité.»
Le pouvoir rend vraiment fou. D’où prend-il cette certitude que le président-politicien a l’âge de mon cadet ? On dit que son mentor est né après l’indépendance. Quant à feu mon frère cadet (que la terre de Touba lui soit légère), il est né dix ans au moins avant. Que voulait-il prouver par un tel mensonge grossier ? Plaire à son bienfaiteur ! Il y a des compatriotes qui sont tombés vraiment bas au Sénégal !
Pour revenir à mon « style qui manque d’élégance et de courtoisie envers le Chef de l’Etat », là, il a peut-être raison : je n’ai vraiment pas beaucoup de respect pour le président-politicien. Le respect se cultive, se mérite. Quand on renie tous ses engagements ; quand on bénit la détestable transhumance ; quand, Président de la République, on est manifestement partisan et injuste, en mettant notamment le coude sur le dossier de Kumba am ndey et en envoyant avec diligence celui de Kumba amul ndey au Parquet ; quand on encourage et entretient la corruption en rendant inoffensifs tous les organes de contrôle et en mettant en hibernation les sanctions négatives ; quand, avec l’argent du contribuable on achète des consciences pour se faire réélire ; quand, Président de la République, on danse publiquement et se fait applaudir par ses courtisans, etc., je ne vois pas comment on peut espérer se faire respecter. En tout cas, ce ne sera par moi.
J’insiste sur la danse du président-politicien. Voilà ce qu’en pense notre Soro national : «Mody Niang et quelques opposants ont poussé des urticaires parce que le Président Macky Sall a dansé. » Je n’ai pas poussé des urticaires mais j’ai été indigné, très indigné. M. DIOP a peut-être raison de le souligner : ce n’est pas maintenant seulement que la danse est tolérée sous nos cieux. Elle l’y a toujours été. Peut-être. Mais elle est fortement condamnable, moralement prohibée quand elle est le fait d’un kilifa, à plus forte raison d’un Président de la République. Il est vrai que les minables courtisans du prince et lui-même ne s’en émeuvent pas parce qu’un politicien qui danse ne dérange personne dans leur milieu. Or lui, le mentor de Soro Diop, est un politicien pur et dur qui peut se permettre tous les écarts.
En tout cas moi, citoyen Mody Niang, militant du Parti Sénégal, je n’ai aucun respect pour ce président-là, qui a mis tout le pays sens dessus dessous. Quand j’écris le concernant, je me soucie peu de ‘’style, d’élégance et de courtoisie’’. Personne, fût-il le virulent Soro Diop, ne peut m’obliger à aimer ce président-politicien. Pour l’en convaincre, je lui cite Alfred de Vigny qui écrivait : « On ne doit avoir ni amour, ni haine pour les hommes qui gouvernent. On ne leur doit que les sentiments qu’on a pour son cochet : il conduit bien ou il conduit mal. Voilà tout. » Par cette citation, je réponds en même temps aux nombreux autres Soro Diop qui m’accusent de nourrir de la haine pour le vieux président-politicien et son fils biologique.
Soro Diop n’en a pas terminé avec ma pauvre personne. Il me traite de ‘’terroriste intellectuel’’, trouve dans mes ‘’textes industriels’’, une ‘’agressivité manichéenne’’ et me prête une ‘’logique bipolaire’’ qu’il se fait le devoir d’expliquer : « Le pouvoir, chez lui, incarne le camp du Mal. Forcément. L’opposition, c’est le camp du Bien. Absolument. C’est du Mody, tout en brut et en brute. Et ça ose de parler de dictature! Lui, il est propre comme l’eau de zam-zam. Il est nickel des racines des cheveux aux gros orteils. Mody le béni, quoi ! »
Vraiment, à ma très grande surprise, Soro Diop n’a pas beaucoup d’estime pour moi. A la limite, il ne doit pas m’aimer – il n’y est pas obligé d’ailleurs. Ce qui n’a aucune sorte d’importance pour tous les deux. En tout cas, je ne savais pas que j’étais un terroriste intellectuel. Je ne me savais, non plus agressif. Waaye nak, nit du xam boppam. Je diviserais aussi le pays en deux camps : celui du pouvoir, le camp du mal, et celui de l’opposition, le camp du bien. Tant qu’on est en vie, on peut toujours avoir des surprises. J’en ai abondamment aujourd’hui avec cette ‘’logique bipolaire’ qu’il me prête. Je croyais vraiment que, même autour de la table du ‘’paacoo’’, Soro Diop ne ferait jamais certaines réflexions, ne me prêterait jamais certaines idées saugrenues[[1]]url:#_ftn1 .
Diviser le pays en camps : celui du bien et celui du mal ! Wolof Njaay néena, ku la xamul éey la lay wooye. Malgré les apparences, Soro Diop ne me connaît point. S’il me connaissait vraiment tant soit peu, il n’aurait jamais écrit ceci, me concernant : « Lui, il est propre comme l’eau de zam-zam. Il est nickel des racines des cheveux aux gros orteils. Mody le béni, quoi ». Je lui lance un défi : où m’a-t-il jamais entendu parler de moi-même, en conversation, dans mes contributions ou dans mes livres ? Je serais « propre comme l’eau dezam-zam (…) et nickel des racines des cheveux aux gros orteils ! ». Je serais même béni ! Quand même ! Heureusement que notre SEIGNEUR ne m‘a jamais associé au pouvoir ! Je lui en sais gré du mieux que je peux.
Je n’aurais jamais cru que l’imagination de notre Soro national était aussi fertile ! Où a-t-il pu inventer tout cela ? Le pouvoir et ses ‘’délices’’ peuvent-il transformer un individu à ce point ? Ce n’est pas tout d’ailleurs : je ferais partie « de ces élites (qui) cherchent à cacher aux Sénégalais les faits (…) terriblement têtus (et) aussi visibles que l’ile de Gorée émergent au large de Dakar. » Il insiste particulièrement sur la culpabilité « du Maire Sall (qui) s’est fait le khalife de l’argent indu, de près de 1 milliard 800 avancé dans une caisse dont il a noirci la blanche gestion. « C’est ça la vérité », affirme-t-il pour conclure son sévère réquisitoire alors qu’il reste à l’accusé un dernier recours, même si on sait que. . . .
D’abord, M. Diop sait que la gestion de cette caisse d’avance n’a jamais été blanche. Depuis des décennies, elle a été gérée de la même manière. Pour revenir à « ces élites (qui) cherchent à cacher aux Sénégalais les faits », j’ai l’impression qu’il ne me lit pas, ou qu’il me lit en diagonale, ou avec distraction. Je prends toujours le soin de préciser au début de mes contributions ayant trait à l’Affaire Khalifa Sall, que je n’ai jamais lu le Rapport de l’Inspection générale d’Etat (IGE) et que, partant, je ne me prononçais pas sur le fond. Je ne m’y aventurerai pas, puisque je ne suis pas juriste. Et, depuis lors, je ne me suis jamais prononcé sur le fond de ce dossier. Ce qui m’a toujours navré par contre, et qui me navre toujours, c’est le système du ‘’deux poids- deux mesures’’ que le président-politicien et la justice lui ont appliqué.
Si Soro Diop me lit régulièrement et avec attention, il sait que j’ai consacré aux moins quatre contributions à l’Affaire, contributions dans lesquelles j’ai largement développé le caractère sélectif et injuste notre justice. Si ce Soro Diop est honnête – j’en doute maintenant – il sait que si le président-politicien avait envoyé dans les mêmes conditions l’lGE fouiller dans la gestion des présidents d’institutions, des ministres, de certains services de la Justice, des directeurs généraux, des directeurs d’agences ou d’autres services, et que les rapports soient traités avec objectivité et surtout avec la même diligence qui a caractérisé le traitement du rapport qui mettait en cause le Maire de Dakar, dix, vingt, trente ou bien plus rejoindraient Khalifa Sall en prison. Cela, toutes les Sénégalaises, tous les Sénégalais de bonne foi le savent. Je suis sûr qu’en lisant ce chapitre, le bon M. Diop se mettra à vérifier s’ils font véritablement trente ou quarante, car il les connaît parfaitement et est au courant de leurs crimes cachés. Ce sont eux qui cachent plutôt des crimes, et non quelque élite que ce soit.
Je précise aussi en direction de la ‘’cuillère’’[[2]]url:#_ftn2 du président-politicien, que je ne connais que de loin Khalifa Sall. Nous nous rencontrons rarement, à l’occasion de certaines manifestations publiques. Depuis qu’il a été Premier Magistrat de la ville de Dakar (avril 2009), je n’ai pas mis les pieds dans ‘’sa’’ mairie, sauf pour répondre rarement à des manifestations (extérieures) qui s’organisent dans la cour de ladite mairie. Chaque fois que j’interviens dans l’affaire de la fameuse caisse d’avance, c’est pour m’insurger contre ce que tout le monde sait : le président-politicien s’appuie sur une justice sélective pour sacrifier un adversaire politique potentiel et protège sans état d’âme ses amis dont certains, qui ont fait pire que ‘’Kumba amul Ndey’’ (Khalifa Sall, bien entendu), hument tranquillement l’air de la liberté.
Dans sa furie contre ma modeste personne, M. Diop n’a même pas la décence d’épargner ma maigre pension d’enseignant retraité. Et si c’était pour me lancer, et c’est bien possible, ceci : « Crève avec ta maigre pension ! Quant à moi, je me la coule douce avec mon substantiel salaire actuel ! » Si c’était le cas, je le rassure ou, du moins, je le déçois : je me contente de ma maigre pension, comme je me suis toujours contenté de mon aussi maigre salaire d’enseignant en activité. Je remercie infiniment notre SEIGNEUR QUI m’a permis d’entretenir et de continuer d’entretenir ma famille avec seulement de l’argent licite, gagné à la sueur de mon front. Je LE remercie encore plus de m’avoir évité la honte de vendre ma conscience, mon honneur et ma dignité, pour des broutilles. J’appelle ‘broutilles’’ ces gros salaires payés à des parasites qui ne sont d’aucune utilité pour le développement du pays. DIEU m’épargne cet argent-poison !
Notre cher M. Diop s’en est même pris, curieusement, à mon âge. Dans son texte, il m’appelle parfois le ‘’vieux Mody Niang’’. Il va plus loin encore dans ce paragraphe : « Le lecteur qui a la téméraire patience de lire les textes industriels produits par Mody Niang subit le supplice de ses longues et parfois ennuyeuses contributions parées de souvenirs et autres rappels, sur fond de fétichisme des chiffres, pour meubler la pauvreté du discours et l’aridité de l’argumentation. Avec parfois, de troubles réminiscences ! Et qui plus est, il constatera que pour le vieux Mody, naufragé comme par son âge dans l’acrimonie, tous sont maudits. Tous maudits, sauf lui Mody ! ». Je suis déjà naufragé, je suis maudit, selon le vuvuzela du président-politicien et de son docile premier ministre.
Je rends grâce à notre SEIGNEUR de m’avoir laissé vivre jusqu’à la vieillesse. Combien d’hommes et de femmes sont-ils (elles) resté (e)s en chemin, à vingt-cinq, trente, quarante ou cinquante ans, laissant derrière des enfants en très bas âges ? Donc, au contraire de ce que croit Soro DIOP, je ne fais pas de ma vieillesse un naufrage. Au contraire, je m’en réjouis et en remercie encore infiniment notre CRÉATEUR. ET si j’osais, je souhaiterais une très longue vie à mon matraqueur. Mais, comme pour lui la vieillesse est un lourd handicap, je m’en garde sagement.
Je ne terminerai pas sans évoquer le style du défenseur zélé du président-politicien. Son texte est particulièrement lourd, parfois difficile, vraiment difficile à comprendre. Si je n’avais pas peur de pécher, j’aurais affirmé qu’il a longuement consulté le dictionnaire le plus complexe, contenant pour l’essentiel les mots les plus compliqués du monde. Je n’ai vraiment pas reconnu le Soro Diop qui travaillait au journal ‘’Le Quotidien’’. Que lui est-il arrivé entre temps, à ce Soro-là ? Je ne crois quand même pas que ce soit pour m’impressionner qu’il a opté pour ce choix de la grandiloquence et du pédantisme. Si c’était le cas, il a piteusement raté son objectif. La qualité d’un texte ne se mesure pas au nombre des gros mots, des mots recherchés. On l’apprécie, au contraire, par sa simplicité. C’est cette simplicité qui faisait la force des œuvres comme celles de Birago Diop, d’Abdoulaye Sadji, d’Ousmane Socé Diop, de Laye Camara, de Mariama Ba, etc.
Le paratonnerre du président-politicien a raté une seconde fois son objectif : en écrivant son pamphlet contre ma modeste personne, il visait sûrement un grand nombre de lecteurs. Il avait donc intérêt à se faire plus simple, plus accessible. Or, son texte est pratiquement hermétique et ne comptera sûrement pas beaucoup de lecteurs. A moins qu’ils consentent un lourd sacrifie pour lire intégralement cette piteuse diatribe qui devait en terminer, une fois pour toutes, avoir le trouble-fête que je serais. Peine perdue, vraiment perdue.
Dakar, le 9 septembre 2018
Mody NIANG
La dernière fois que j’ai eu un contact physique avec ce M. Diop, c’était quand il travaillait au journal ‘’Le Quotidien’’. Nos relations étaient alors bonnes, très bonnes, voire excellentes. C’est lui qui m’avait publié de façon magistrale les ‘’Bonnes Feuilles’’ de mon livre « Qui est cet homme qui dirige le Sénégal ?». Il a ensuite quitté le journal, je ne sais pour quelle (s) raison (s). Depuis lors, je ne me souviens pas l’avoir rencontré une seule fois ou, si c’est le cas, ne me rappelle plus les circonstances.
Pendant un bon moment, je ne savais plus où il était. J’apprendrai, par la suite, et par hasard, qu’il était dans la mouvance présidentielle et conseiller en communication quelque part. Pour marquer sans équivoque son choix, il lui arrivait, il lui arrive encore – la preuve – de s’attaquer violemment à l’opposition et à toutes autres personnes qui ont seulement des divergences avec le président-politicien et, en particulier, osent les exprimer publiquement. Au début, il m’arrivait de lire quelques-uns de ses articles particulièrement salés. Finalement, je ne les lisais plus. Et j’allais sûrement continuer dans ce choix, si un ami ne m’avait pas signalé sa philippique parue à ‘’Dakaractu’’ du 6 septembre, qui me sort de ma réserve. Et c’est dommage, vraiment dommage !
Le titre de sa diatribe est déjà fort révélateur de sa volonté de me régler mon compte pour de bon. Voici le fameux titre : « Mody Niang et la bien-pensance furieuse ». Ce titre a besoin d’être clarifié pour le commun des mortels, car il n’est pas simple, il pose même problème. D’après le ‘’Petit Larousse illustré 2012’’, la bien-pensance, c’est ‘’l’opinion, le comportement des bien-pensants’’. Quant aux bien-pensants, ce sont des personnes ‘’dont les convictions sont jugées traditionnelles et conformistes’’. C’est cette dernière définition qu’il m’applique certainement, s’attardant sur le côté négatif, si côté négatif il y a.
Je lui fais d’abord remarquer que ces convictions ‘’ne sont jugées (que) traditionnelles et conformistes’’. Elles ne le sont donc pas forcément. Et même si elles l’étaient effectivement, sa position par rapport à mes convictions me laisse absolument indifférent, comme me laissent parfaitement indifférentes les siennes, si toutefois il en a encore. Je lisais avec délectation ses écrits, quand il travaillait au journal ‘Le Quotidien’’. Tous les vices, tous les maux, tous les crimes comme la corruption, la concussion, la fraude, le conflit d’intérêt, le népotisme, les détournements de deniers publics, la détestable transhumance, la mal gouvernance et la mauvaise gestion en général, tous ces maux tremblaient dès que le bon M. Diop se mettait devant son ordinateur. Il les dénonçait avec une vigueur, une conviction qui pouvaient faire bouger des montagnes. Aujourd’hui, on retrouve exactement les mêmes maux, les mêmes vices, les même crimes dans la gouvernance du président-politicien. Qu’il renonce à ses convictions – s’il en a encore –, qu’il s’adapte à la nauséabonde gouvernance de son mentor, c’est son droit le plus absolu ! Mais, qu’il nous laisse le droit de les dénoncer, nous que le pouvoir et ses ‘’délices’’ fugaces n’ont pas retournés.
Un ami me disait hier, qu’entre la période où M. Diop a été congédié du journal ‘’Le Quotidien’’ et le moment où il a trouvé du travail – et quel travail –, il a traversé péniblement le désert. Aujourd’hui qu’il a bien sa place dans le ‘’paacoo’’’, il se comporte comme un aveugle qui a ramassé deux yeux. Xamatoul lu ko të, dirait le wolof njaay. Qu’il se la coule douce, c’est son droit le plus absolu. Mais, qu’il nous laisse le nôtre, pour que nous en disposions comme nous l’entendons !
Heureusement que DIEU, notre SEIGNEUR, ne nous a jamais privés de nos yeux. Nous les avions toujours rivés sur la nauséabonde gouvernance du vieux président-politicien. Aujourd’hui, nous continuons de les river sur celle de son successeur, qui marche pas à pas sur le chemin tortueux que le vieux prédateur lui a largement ouvert en quittant le pouvoir. Il n’y a que Soro Diop, et d’autres de son acabit, qui ne s’en rendent pas compte. Il n’y a que lui et nombre d’autres renégats qui, comme lui, ont retourné sans honte leurs vestes et refusent obstinément de savoir que la gouvernance du vieux président-politicien et celle du président-politicien Jr sont parfaitement superposables. Elles traînent les mêmes crimes, les mêmes forfaits, les mêmes délits, les mêmes scandales. M. Diop aura-t-il le courage de nier cette évidence, cette réalité qui crève les yeux. Ah ! J’oubliais qu’il n’en a plus, les ‘’délices’’ du pouvoir étant passés par là !
Notre bon M. Diop me traite aussi de nihiliste. Selon lui, je ferme les yeux sur toutes les réalisations du président-politicien. Pas du tout. Il fait bien des réalisations, mais c’est sur elles que j’ai des problèmes, en particulier sur leur pertinence et leur coût. Et puis, pouvait-il ne pas en faire du tout ? Le 25 mars 2012, nous avons porté 65% de nos suffrages (exprimés) sur sa candidature, sur la base d’engagements solennellement pris et de promesse fermes qu’il nous avait faites qu’il gouvernerait mieux le pays.
Annuellement, nous mettons à sa disposition un budget qu’il utilise à sa guise (presque 4000 milliards en 2018). Waaw, il peut s’enrichir, enrichir sa famille et sa belle famille, les hauts responsables du parti-Etat, etc., mais il ne peut pas s’en arrêter là : il faut quand même qu’il fasse quelques réalisations ! Quand ces réalisations sont coûteuses plus que de raison, plus de prestige que de développement, nous avons le droit de protester ! Je ne m’attarderai pas sur des infrastructures comme l’Autoroute ‘’Ila Touba’’, le fameux Train Express régional (TER), le Centre international de conférences Abdou Diouf (CICAD), etc. Ni sur nos 6 millions de cartes biométriques qui nous ont coûté 52 milliards de francs CFA, ni sur la réhabilitation du Building administratif qui en est, semble-t-il, à près de 29 milliards (d’autres disent même 40), ni sur la construction des pavillons dans les différentes universités, etc.
Oui, il construit des infrastructures, mais dans quelles conditions les construit-il ? Je ne m’attarderai surtout pas sur elles. Dans nombre de mes contributions, j’ai exprimé sans fard mes réserves (motivées) par rapport aux tonitruantes réalisations que tient à nous vendre coûte que coûte M. DIOP. En outre, son mentor n’avait-il pas déclaré qu’une gouvernance ne se limitait pas à des constructions d’infrastructures, que ce n’était pas l’essentiel : il fallait aussi travailler à bonifier les valeurs, les principes, les bonnes habitudes, etc. Où en est-il avec ce second objectif ? La réponse coule de source : il a travesti le pays, tout le pays qui s’éloigne de plus en plus de nos valeurs cardinales, cédant la place à l’argent et aux ‘’honneurs’’. Le parti-Etat a violemment bousculé la Nation, reléguée au second plan.
Ce bon M. Diop doit beaucoup m’en vouloir et je ne sais vraiment pas pourquoi. Lisons ce qu’il écrit d’entrée de jeu, me concernant : « Et toujours dans un style qui manque d’élégance et de courtoisie envers le Chef de l’Etat, c’est à se demander si les contributions écrites ne sont pas devenues la pension mensuelle du vieil enseignant. ». Ce n’est pas tout. Au milieu du texte, il me pilonne plus fort encore : « Sa fixation morbide, on dirait maladive, sur le Président de la République Macky Sall, assortie d’une arrogance verbale indécente, surtout envers quelqu’un qui a l’âge de son cadet, invalide son objectivité.»
Le pouvoir rend vraiment fou. D’où prend-il cette certitude que le président-politicien a l’âge de mon cadet ? On dit que son mentor est né après l’indépendance. Quant à feu mon frère cadet (que la terre de Touba lui soit légère), il est né dix ans au moins avant. Que voulait-il prouver par un tel mensonge grossier ? Plaire à son bienfaiteur ! Il y a des compatriotes qui sont tombés vraiment bas au Sénégal !
Pour revenir à mon « style qui manque d’élégance et de courtoisie envers le Chef de l’Etat », là, il a peut-être raison : je n’ai vraiment pas beaucoup de respect pour le président-politicien. Le respect se cultive, se mérite. Quand on renie tous ses engagements ; quand on bénit la détestable transhumance ; quand, Président de la République, on est manifestement partisan et injuste, en mettant notamment le coude sur le dossier de Kumba am ndey et en envoyant avec diligence celui de Kumba amul ndey au Parquet ; quand on encourage et entretient la corruption en rendant inoffensifs tous les organes de contrôle et en mettant en hibernation les sanctions négatives ; quand, avec l’argent du contribuable on achète des consciences pour se faire réélire ; quand, Président de la République, on danse publiquement et se fait applaudir par ses courtisans, etc., je ne vois pas comment on peut espérer se faire respecter. En tout cas, ce ne sera par moi.
J’insiste sur la danse du président-politicien. Voilà ce qu’en pense notre Soro national : «Mody Niang et quelques opposants ont poussé des urticaires parce que le Président Macky Sall a dansé. » Je n’ai pas poussé des urticaires mais j’ai été indigné, très indigné. M. DIOP a peut-être raison de le souligner : ce n’est pas maintenant seulement que la danse est tolérée sous nos cieux. Elle l’y a toujours été. Peut-être. Mais elle est fortement condamnable, moralement prohibée quand elle est le fait d’un kilifa, à plus forte raison d’un Président de la République. Il est vrai que les minables courtisans du prince et lui-même ne s’en émeuvent pas parce qu’un politicien qui danse ne dérange personne dans leur milieu. Or lui, le mentor de Soro Diop, est un politicien pur et dur qui peut se permettre tous les écarts.
En tout cas moi, citoyen Mody Niang, militant du Parti Sénégal, je n’ai aucun respect pour ce président-là, qui a mis tout le pays sens dessus dessous. Quand j’écris le concernant, je me soucie peu de ‘’style, d’élégance et de courtoisie’’. Personne, fût-il le virulent Soro Diop, ne peut m’obliger à aimer ce président-politicien. Pour l’en convaincre, je lui cite Alfred de Vigny qui écrivait : « On ne doit avoir ni amour, ni haine pour les hommes qui gouvernent. On ne leur doit que les sentiments qu’on a pour son cochet : il conduit bien ou il conduit mal. Voilà tout. » Par cette citation, je réponds en même temps aux nombreux autres Soro Diop qui m’accusent de nourrir de la haine pour le vieux président-politicien et son fils biologique.
Soro Diop n’en a pas terminé avec ma pauvre personne. Il me traite de ‘’terroriste intellectuel’’, trouve dans mes ‘’textes industriels’’, une ‘’agressivité manichéenne’’ et me prête une ‘’logique bipolaire’’ qu’il se fait le devoir d’expliquer : « Le pouvoir, chez lui, incarne le camp du Mal. Forcément. L’opposition, c’est le camp du Bien. Absolument. C’est du Mody, tout en brut et en brute. Et ça ose de parler de dictature! Lui, il est propre comme l’eau de zam-zam. Il est nickel des racines des cheveux aux gros orteils. Mody le béni, quoi ! »
Vraiment, à ma très grande surprise, Soro Diop n’a pas beaucoup d’estime pour moi. A la limite, il ne doit pas m’aimer – il n’y est pas obligé d’ailleurs. Ce qui n’a aucune sorte d’importance pour tous les deux. En tout cas, je ne savais pas que j’étais un terroriste intellectuel. Je ne me savais, non plus agressif. Waaye nak, nit du xam boppam. Je diviserais aussi le pays en deux camps : celui du pouvoir, le camp du mal, et celui de l’opposition, le camp du bien. Tant qu’on est en vie, on peut toujours avoir des surprises. J’en ai abondamment aujourd’hui avec cette ‘’logique bipolaire’ qu’il me prête. Je croyais vraiment que, même autour de la table du ‘’paacoo’’, Soro Diop ne ferait jamais certaines réflexions, ne me prêterait jamais certaines idées saugrenues[[1]]url:#_ftn1 .
Diviser le pays en camps : celui du bien et celui du mal ! Wolof Njaay néena, ku la xamul éey la lay wooye. Malgré les apparences, Soro Diop ne me connaît point. S’il me connaissait vraiment tant soit peu, il n’aurait jamais écrit ceci, me concernant : « Lui, il est propre comme l’eau de zam-zam. Il est nickel des racines des cheveux aux gros orteils. Mody le béni, quoi ». Je lui lance un défi : où m’a-t-il jamais entendu parler de moi-même, en conversation, dans mes contributions ou dans mes livres ? Je serais « propre comme l’eau dezam-zam (…) et nickel des racines des cheveux aux gros orteils ! ». Je serais même béni ! Quand même ! Heureusement que notre SEIGNEUR ne m‘a jamais associé au pouvoir ! Je lui en sais gré du mieux que je peux.
Je n’aurais jamais cru que l’imagination de notre Soro national était aussi fertile ! Où a-t-il pu inventer tout cela ? Le pouvoir et ses ‘’délices’’ peuvent-il transformer un individu à ce point ? Ce n’est pas tout d’ailleurs : je ferais partie « de ces élites (qui) cherchent à cacher aux Sénégalais les faits (…) terriblement têtus (et) aussi visibles que l’ile de Gorée émergent au large de Dakar. » Il insiste particulièrement sur la culpabilité « du Maire Sall (qui) s’est fait le khalife de l’argent indu, de près de 1 milliard 800 avancé dans une caisse dont il a noirci la blanche gestion. « C’est ça la vérité », affirme-t-il pour conclure son sévère réquisitoire alors qu’il reste à l’accusé un dernier recours, même si on sait que. . . .
D’abord, M. Diop sait que la gestion de cette caisse d’avance n’a jamais été blanche. Depuis des décennies, elle a été gérée de la même manière. Pour revenir à « ces élites (qui) cherchent à cacher aux Sénégalais les faits », j’ai l’impression qu’il ne me lit pas, ou qu’il me lit en diagonale, ou avec distraction. Je prends toujours le soin de préciser au début de mes contributions ayant trait à l’Affaire Khalifa Sall, que je n’ai jamais lu le Rapport de l’Inspection générale d’Etat (IGE) et que, partant, je ne me prononçais pas sur le fond. Je ne m’y aventurerai pas, puisque je ne suis pas juriste. Et, depuis lors, je ne me suis jamais prononcé sur le fond de ce dossier. Ce qui m’a toujours navré par contre, et qui me navre toujours, c’est le système du ‘’deux poids- deux mesures’’ que le président-politicien et la justice lui ont appliqué.
Si Soro Diop me lit régulièrement et avec attention, il sait que j’ai consacré aux moins quatre contributions à l’Affaire, contributions dans lesquelles j’ai largement développé le caractère sélectif et injuste notre justice. Si ce Soro Diop est honnête – j’en doute maintenant – il sait que si le président-politicien avait envoyé dans les mêmes conditions l’lGE fouiller dans la gestion des présidents d’institutions, des ministres, de certains services de la Justice, des directeurs généraux, des directeurs d’agences ou d’autres services, et que les rapports soient traités avec objectivité et surtout avec la même diligence qui a caractérisé le traitement du rapport qui mettait en cause le Maire de Dakar, dix, vingt, trente ou bien plus rejoindraient Khalifa Sall en prison. Cela, toutes les Sénégalaises, tous les Sénégalais de bonne foi le savent. Je suis sûr qu’en lisant ce chapitre, le bon M. Diop se mettra à vérifier s’ils font véritablement trente ou quarante, car il les connaît parfaitement et est au courant de leurs crimes cachés. Ce sont eux qui cachent plutôt des crimes, et non quelque élite que ce soit.
Je précise aussi en direction de la ‘’cuillère’’[[2]]url:#_ftn2 du président-politicien, que je ne connais que de loin Khalifa Sall. Nous nous rencontrons rarement, à l’occasion de certaines manifestations publiques. Depuis qu’il a été Premier Magistrat de la ville de Dakar (avril 2009), je n’ai pas mis les pieds dans ‘’sa’’ mairie, sauf pour répondre rarement à des manifestations (extérieures) qui s’organisent dans la cour de ladite mairie. Chaque fois que j’interviens dans l’affaire de la fameuse caisse d’avance, c’est pour m’insurger contre ce que tout le monde sait : le président-politicien s’appuie sur une justice sélective pour sacrifier un adversaire politique potentiel et protège sans état d’âme ses amis dont certains, qui ont fait pire que ‘’Kumba amul Ndey’’ (Khalifa Sall, bien entendu), hument tranquillement l’air de la liberté.
Dans sa furie contre ma modeste personne, M. Diop n’a même pas la décence d’épargner ma maigre pension d’enseignant retraité. Et si c’était pour me lancer, et c’est bien possible, ceci : « Crève avec ta maigre pension ! Quant à moi, je me la coule douce avec mon substantiel salaire actuel ! » Si c’était le cas, je le rassure ou, du moins, je le déçois : je me contente de ma maigre pension, comme je me suis toujours contenté de mon aussi maigre salaire d’enseignant en activité. Je remercie infiniment notre SEIGNEUR QUI m’a permis d’entretenir et de continuer d’entretenir ma famille avec seulement de l’argent licite, gagné à la sueur de mon front. Je LE remercie encore plus de m’avoir évité la honte de vendre ma conscience, mon honneur et ma dignité, pour des broutilles. J’appelle ‘broutilles’’ ces gros salaires payés à des parasites qui ne sont d’aucune utilité pour le développement du pays. DIEU m’épargne cet argent-poison !
Notre cher M. Diop s’en est même pris, curieusement, à mon âge. Dans son texte, il m’appelle parfois le ‘’vieux Mody Niang’’. Il va plus loin encore dans ce paragraphe : « Le lecteur qui a la téméraire patience de lire les textes industriels produits par Mody Niang subit le supplice de ses longues et parfois ennuyeuses contributions parées de souvenirs et autres rappels, sur fond de fétichisme des chiffres, pour meubler la pauvreté du discours et l’aridité de l’argumentation. Avec parfois, de troubles réminiscences ! Et qui plus est, il constatera que pour le vieux Mody, naufragé comme par son âge dans l’acrimonie, tous sont maudits. Tous maudits, sauf lui Mody ! ». Je suis déjà naufragé, je suis maudit, selon le vuvuzela du président-politicien et de son docile premier ministre.
Je rends grâce à notre SEIGNEUR de m’avoir laissé vivre jusqu’à la vieillesse. Combien d’hommes et de femmes sont-ils (elles) resté (e)s en chemin, à vingt-cinq, trente, quarante ou cinquante ans, laissant derrière des enfants en très bas âges ? Donc, au contraire de ce que croit Soro DIOP, je ne fais pas de ma vieillesse un naufrage. Au contraire, je m’en réjouis et en remercie encore infiniment notre CRÉATEUR. ET si j’osais, je souhaiterais une très longue vie à mon matraqueur. Mais, comme pour lui la vieillesse est un lourd handicap, je m’en garde sagement.
Je ne terminerai pas sans évoquer le style du défenseur zélé du président-politicien. Son texte est particulièrement lourd, parfois difficile, vraiment difficile à comprendre. Si je n’avais pas peur de pécher, j’aurais affirmé qu’il a longuement consulté le dictionnaire le plus complexe, contenant pour l’essentiel les mots les plus compliqués du monde. Je n’ai vraiment pas reconnu le Soro Diop qui travaillait au journal ‘’Le Quotidien’’. Que lui est-il arrivé entre temps, à ce Soro-là ? Je ne crois quand même pas que ce soit pour m’impressionner qu’il a opté pour ce choix de la grandiloquence et du pédantisme. Si c’était le cas, il a piteusement raté son objectif. La qualité d’un texte ne se mesure pas au nombre des gros mots, des mots recherchés. On l’apprécie, au contraire, par sa simplicité. C’est cette simplicité qui faisait la force des œuvres comme celles de Birago Diop, d’Abdoulaye Sadji, d’Ousmane Socé Diop, de Laye Camara, de Mariama Ba, etc.
Le paratonnerre du président-politicien a raté une seconde fois son objectif : en écrivant son pamphlet contre ma modeste personne, il visait sûrement un grand nombre de lecteurs. Il avait donc intérêt à se faire plus simple, plus accessible. Or, son texte est pratiquement hermétique et ne comptera sûrement pas beaucoup de lecteurs. A moins qu’ils consentent un lourd sacrifie pour lire intégralement cette piteuse diatribe qui devait en terminer, une fois pour toutes, avoir le trouble-fête que je serais. Peine perdue, vraiment perdue.
Dakar, le 9 septembre 2018
Mody NIANG
[[1]]url:#_ftnref1 De toute ma vie, je n’ai jamais eu un seul mot inconvenant à l’endroit de cet homme.
[[2]]url:#_ftnref2 Un proverbe wolof dit que « Boroom kuddu dul akk ». Traduit en français, cet adage donne : « Même devant un plat chaud, celui qui a une cuillère ne risque pas de se brûler les doigts. » ‘’Cuillère’’ se dit en wolof ‘’kuddu’’. On a donc l’habitude, au Sénégal, d’appeler ‘’cuillères’’, les courtisans défenseurs acharnés du couple présidentiel. Ils jouent le rôle de parapluie et de paratonnerre.