« Alal bumu la jaral sa ngor, yabbi diko lekkaat, as gor duko def, dañoo wara maandoo »
J’ai utilisé ces mots de la très regrettée Ndèye Marie Ndiaye Gawlo au beau milieu de la première page de mon livre ‘’Le clan des Wade : accaparement, mépris, vanité’’, L’Harmattan, Paris, juin 2009. En note de bas de page, je précisais : « Ces mots de l’artiste compositeur s’appliquent parfaitement à nos hommes et femmes politiques qui troquent sans vergogne nos valeurs cardinales contre les prébendes futiles et périssables qu’ils tirent de l’odieuse gouvernance libérale. En d’autres termes, pour gagner une place dans l’entourage du prince, ils n’ont aucune honte à ravaler ce qu’ils dégueulaient hier. De contempteurs invétérés de l’ancien opposant, ils se transforment du jour au lendemain en de vulgaires encenseurs dès que ce dernier est élu le 19 mars 2000. »
Cette tare de notre société, la détestable transhumance, vit ses plus beaux jours aujourd’hui, publiquement bénie le président-politicien, qui l’entretient sans état d’âme à force de pièces sonnantes et trébuchantes et de sinécures. Les alliances autour de sa candidature dont nous avons été témoins ces derniers jours nous en ont administré encore plus la preuve. Ces alliances devraient avoir pour socle l’attachement à des principes, la proximité des visions et des programmes, etc.
Ce qu’on constate, c’est tout à fait le contraire : des candidats qui affichaient leur ambition pour un meilleur Sénégal, avec des promesses fermes d’imprimer au pays les changements et les ruptures profondes que nous attendons depuis 59 ans ; des candidats qui, pendant cinq, six, sept ans ont pilonné le président sortant et sa gouvernance qu’ils ont traitée de tous les noms d’oiseaux ; ces mêmes candidats, contre toute attente, et à moins de deux mois du scrutin du 24 février 2019, plient bagages et se livrent mains et pieds liés au président-politicien et s’engagent à lui assurer un second mandat.
Le président-politicien ajoute à notre indignation en se félicitant de ces ralliements d’opposants qu’il qualifie de républicains, non sans ironiser sur l’attitude ‘’grotesque et ridicule’’ des autres. Les Ousmane Ngom, Moussa Sy, Me Aïssatou Tall Sall, Me El Hadj Diouf, Abdoulaye Baldé et de nombreux autres sont donc des opposants républicains puisqu’ils ont accepté son jeu politicien. Je rappellerai seulement quelques propos du ‘’républicain’’ Ousmane Ngom qui le clouaient au pilori lors d’un meeting de son camp :
« (…) Aujourd’hui, d’enrichissement illicite ou de blanchiment d’argent, Macky Sall et son Gouvernement sont au premier rang. Ce n’est même pas de la délinquance financière, c’est du grand banditisme financier, parce que son Premier Ministre a dépassé toutes les limites. Il a avoué devant tout le Sénégal avoir blanchi de l’argent mais au moment où il le faisait, la loi sur l’enrichissement illicite n’existait pas encore. » Me Ngom poursuivit son réquisitoire sévère en ces termes : « Mais la loi sur le vol existait déjà, la loi sur le recel et la complicité de vol existait déjà. » Et il en tira cette conclusion : « Kon nak,moom (Macky) ndeyi sacc la. Avant de parler de qui que ce soit, il faut d’abord s’adresser à Macky Sall et à son Premier Ministre qui sont les plus grands blanchisseurs que le Sénégal n’ait jamais connus. » Me Ngom a tenu d’autres propos allègres contre le président-politicien et, avant lui, contre le vieux président politicien avant de se dédire sans état d’âme pour chanter leurs louanges.
Que dire de l’ancien candidat Abdoulaye Baldé ? Le quotidien ‘’L’Observateur’’ nous a facilité la tâche pour suivre la trajectoire tortueuse de candidat. Ainsi, ‘’L’OBS’ n°2723 rappelle sa déclaration-ci : « Nous sommes dans l’opposition et s’il y a des gens qui sont à côté du peuple, nous y serons avec eux. Nous sommes un parti centriste et modéré et à chaque fois qu’on aura constaté que les intérêts du peuple sont menacés, que le gouvernement en place n’applique pas le programme pour lequel il a été élu, nous nous mettrons du côté de ceux qui le combattent (…). Notre mission, c’est de rappeler au gouvernement les promesses qu’il a faites au peuple. »
Un an plus tard, le ton monte, du moins en apparence et il déclare dans les colonnes de ‘’L’OBS’ n° 2838 du 06 mars 2013 : « Je pense que pour le moment ils n’ont rien fait. Ils n’ont pas de programme, pas de visibilité, pas de réalisation, aucune perspective et les coupures d’électricité sont toujours là. Les étudiants sont toujours dans la rue, en train de faire des grèves. C’est le même constat avec les enseignants et les professeurs. Ils nous ont promis une couverture médicale universelle, mais on attend toujours. Mais aussi des bourses sociales qui vont peut-être concerner une cinquantaine ou mille familles, alors que les Sénégalais font plus de treize millions. » Et, ironisant, il conclut : « Je pense que le gouvernement fait de l’enfantillage. »
Il ne s’arrête pas en si bon chemin et se montre plus radical. Dans le même quotidien (n° 3299 du 19/09/2014), il lance : « J’ai accompli ma mission à la tête de cette association (l’Amicale des Maires du Sénégal) que j’ai décidé de quitter. Je ne veux plus d’un second mandat, car ma seule ambition aujourd’hui est de bouter hors du pays le président Macky Sall en 2017. » Il était donc si pressé de débarrasser le Sénégal de Macky Sall. Il n’avait même pas la patience d’attendre le 24 février 2019. Et il saisissait toutes les opportunités pour charger son adversaire (du moment). Aussi, ironisa-t-il après sa tournée économique au Sud du pays. En réalité, pour lui, « Macky Sall était venu à Ziguinchor pour baptiser les enfants d’autrui, faire une campagne électorale déguisée, mais aussi et surtout pour faire du saupoudrage aux populations de la Casamance. » Il s’est fait aussi le devoir de lui rappeler que « toutes les infrastructures (qu’il) a inaugurées à Ziguinchor sont des réalisations d’Abdoulaye Wade » (‘’L’OBS’’ n° 3426 du 23 février 2015).
Rappelons, pour en terminer avec lui, qu’en septembre 2018, il a réitéré avec force sa candidature à l’élection présidentielle du 24 février 2019, non sans constater avec regret que « les valeurs démocratiques du Sénégal sont aujourd’hui bafouées », pour justifier encore plus son engagement à « bouter Macky Sall hors du pouvoir ». Il était alors l’invité de ‘’opinion.fr’’. Vous avez bien lu, mes chers compatriotes. Voilà que, à moins de deux mois de l’élection présidentielle, celui qui s’engageait à bouter le candidat sortant hors du pouvoir va se livrer pieds et mains liés à lui pour contribuer à sa réélection.
Rappelons quand même que, dans le cadre de la ‘’Traque des Biens mal acquis’’, la Commission d’Instruction de la Haute Cour de Justice aurait déjà bouclé l’enquête le concernant. Il ne restait, semble-t-il, que le chemin de la Haute Cour. Il se serait enrichi de façon illicite, lui et son épouse, jusqu’à hauteur de cinq milliards. Avait-il peur d’aller en prison ? En tous les cas, le risque est désormais nul pour lui, puisqu’il a rejoint le camp de celui fait et défait les destins politiques, en fonction de ses propres intérêts.
Peut-on l’appeler, celui-là (M. Baldé), un opposant républicain ? Il ne l’est pas plus que celui qui l’a reçu, à un moment où il devait être conduit en justice. Une telle félonie est impensable dans les grandes démocraties. Le président-politicien n’est malheureusement pas dans la peau d’un républicain. Rien, dans sa gouvernance n’est républicain. Tout, au contraire, y est politicien et souvent carrément contraire à la morale et à l’éthique. La République ne compte pas pour une seule once pour lui, dans son objectif de se faire réélire coûte que coûte.
Il a eu le même comportement coupable avec de nombreux autres transhumants comme Moussa Sy, Modou Diagne Fada, El Hadj Diouf, etc. A WhatsAPP, des vidéos mettent en évidence leurs pitoyables retournements de vestes dont leurs proches ne doivent pas être très fiers. Nous rappelons, enfin, qu’il a à ses côtés comme Ministre délégué, Souleymane Jules Diop qui, maintenant, dit qu’il est son frère. A-t-il déjà oublié ses chroniques ? Dans celle du 8 décembre 2011 en particulier, il a été particulièrement féroce avec celui qui est devenu son frère et président aujourd’hui. Après avoir insinué son implication dans l’attribution par les Wade d’une licence aux trafiquants de drogue qui s’étaient installés à Ndagane Samba – feu Djibo Ka étant alors Ministre de l’Economie maritime –, il l’interpelle ainsi :
« A Macky Sall, nous demandons la vérité sur cette affaire. Nous ne pouvons déroger à cette règle sans être injustes. Il louait un modeste appartement à Derklé. Il possède maintenant une radio qui vaut 200 millions de francs, un appartement plus coûteux à Huston, une maison qui vaut un milliard de francs dans laquelle il vient de déménager avec un parc automobile que personne ne possède dans ce pays. Qu’il nous dise comment il s’est bâti cette fortune colossale en six ans ! Nous osons aussi lui demander, lui qui a fait nommer sa sœur à l’ambassade du Sénégal à Paris, son frère à l’ambassade du Sénégal en Chine, son beau-frère au Consulat à New-York, s’il ne souffre pas des mêmes maux dont il accable l’actuel régime. »
Voilà le Sénégal ! Voilà ce qu’en a fait le président-politicien ! Reniant lui-même pratiquement tous ses engagements, usant sans état d’âme de son décret et de ses fonds spéciaux, il a bousculé toutes nos valeurs cardinales comme le sens de l’honneur et de la dignité, le respect de la parole donnée, l’attachement à des principes, etc., et leur a substitué la course effrénée vers l’argent et les ‘’honneurs’’. Par ses sinécures, il a rendu carrément méconnaissables des hommes et des femmes qui ne supportent plus que d’autres compatriotes regardent ailleurs, soutiennent d’autres candidats que le leur.
Pour mériter encore plus de sinécures, ils rivalisent d’ardeur à le défendre, parfois de façon trois maladroite, avec des arguments éculés qu’ils ne maîtrisent même pas. Je peux comprendre que, pris dans les ‘’délices’’ du pouvoir, ils soient toujours portés à le défendre. Ce que je comprends moins, c’est qu’ils ne s’y préparent généralement pas. En particulier, je suis gêné et déçu quand l’un d’entre eux prétend qu’aucun candidat ne doit avoir pour objectif de changer le système alors qu’il compte dans sa coalition des hommes et des femmes qui ont assumé des responsabilités dans le même système. De même, quand il ignore que le montant annuel (officiel) des fonds spéciaux du président-politicien est de huit milliards, il devrait s’abstenir de prendre part à un débat où il n’est manifestement pas à l’aise et, le sachant, tente de cacher ses limites dans la diversion.
Dakar, le 4 février 2019
Mody Niang
J’ai utilisé ces mots de la très regrettée Ndèye Marie Ndiaye Gawlo au beau milieu de la première page de mon livre ‘’Le clan des Wade : accaparement, mépris, vanité’’, L’Harmattan, Paris, juin 2009. En note de bas de page, je précisais : « Ces mots de l’artiste compositeur s’appliquent parfaitement à nos hommes et femmes politiques qui troquent sans vergogne nos valeurs cardinales contre les prébendes futiles et périssables qu’ils tirent de l’odieuse gouvernance libérale. En d’autres termes, pour gagner une place dans l’entourage du prince, ils n’ont aucune honte à ravaler ce qu’ils dégueulaient hier. De contempteurs invétérés de l’ancien opposant, ils se transforment du jour au lendemain en de vulgaires encenseurs dès que ce dernier est élu le 19 mars 2000. »
Cette tare de notre société, la détestable transhumance, vit ses plus beaux jours aujourd’hui, publiquement bénie le président-politicien, qui l’entretient sans état d’âme à force de pièces sonnantes et trébuchantes et de sinécures. Les alliances autour de sa candidature dont nous avons été témoins ces derniers jours nous en ont administré encore plus la preuve. Ces alliances devraient avoir pour socle l’attachement à des principes, la proximité des visions et des programmes, etc.
Ce qu’on constate, c’est tout à fait le contraire : des candidats qui affichaient leur ambition pour un meilleur Sénégal, avec des promesses fermes d’imprimer au pays les changements et les ruptures profondes que nous attendons depuis 59 ans ; des candidats qui, pendant cinq, six, sept ans ont pilonné le président sortant et sa gouvernance qu’ils ont traitée de tous les noms d’oiseaux ; ces mêmes candidats, contre toute attente, et à moins de deux mois du scrutin du 24 février 2019, plient bagages et se livrent mains et pieds liés au président-politicien et s’engagent à lui assurer un second mandat.
Le président-politicien ajoute à notre indignation en se félicitant de ces ralliements d’opposants qu’il qualifie de républicains, non sans ironiser sur l’attitude ‘’grotesque et ridicule’’ des autres. Les Ousmane Ngom, Moussa Sy, Me Aïssatou Tall Sall, Me El Hadj Diouf, Abdoulaye Baldé et de nombreux autres sont donc des opposants républicains puisqu’ils ont accepté son jeu politicien. Je rappellerai seulement quelques propos du ‘’républicain’’ Ousmane Ngom qui le clouaient au pilori lors d’un meeting de son camp :
« (…) Aujourd’hui, d’enrichissement illicite ou de blanchiment d’argent, Macky Sall et son Gouvernement sont au premier rang. Ce n’est même pas de la délinquance financière, c’est du grand banditisme financier, parce que son Premier Ministre a dépassé toutes les limites. Il a avoué devant tout le Sénégal avoir blanchi de l’argent mais au moment où il le faisait, la loi sur l’enrichissement illicite n’existait pas encore. » Me Ngom poursuivit son réquisitoire sévère en ces termes : « Mais la loi sur le vol existait déjà, la loi sur le recel et la complicité de vol existait déjà. » Et il en tira cette conclusion : « Kon nak,moom (Macky) ndeyi sacc la. Avant de parler de qui que ce soit, il faut d’abord s’adresser à Macky Sall et à son Premier Ministre qui sont les plus grands blanchisseurs que le Sénégal n’ait jamais connus. » Me Ngom a tenu d’autres propos allègres contre le président-politicien et, avant lui, contre le vieux président politicien avant de se dédire sans état d’âme pour chanter leurs louanges.
Que dire de l’ancien candidat Abdoulaye Baldé ? Le quotidien ‘’L’Observateur’’ nous a facilité la tâche pour suivre la trajectoire tortueuse de candidat. Ainsi, ‘’L’OBS’ n°2723 rappelle sa déclaration-ci : « Nous sommes dans l’opposition et s’il y a des gens qui sont à côté du peuple, nous y serons avec eux. Nous sommes un parti centriste et modéré et à chaque fois qu’on aura constaté que les intérêts du peuple sont menacés, que le gouvernement en place n’applique pas le programme pour lequel il a été élu, nous nous mettrons du côté de ceux qui le combattent (…). Notre mission, c’est de rappeler au gouvernement les promesses qu’il a faites au peuple. »
Un an plus tard, le ton monte, du moins en apparence et il déclare dans les colonnes de ‘’L’OBS’ n° 2838 du 06 mars 2013 : « Je pense que pour le moment ils n’ont rien fait. Ils n’ont pas de programme, pas de visibilité, pas de réalisation, aucune perspective et les coupures d’électricité sont toujours là. Les étudiants sont toujours dans la rue, en train de faire des grèves. C’est le même constat avec les enseignants et les professeurs. Ils nous ont promis une couverture médicale universelle, mais on attend toujours. Mais aussi des bourses sociales qui vont peut-être concerner une cinquantaine ou mille familles, alors que les Sénégalais font plus de treize millions. » Et, ironisant, il conclut : « Je pense que le gouvernement fait de l’enfantillage. »
Il ne s’arrête pas en si bon chemin et se montre plus radical. Dans le même quotidien (n° 3299 du 19/09/2014), il lance : « J’ai accompli ma mission à la tête de cette association (l’Amicale des Maires du Sénégal) que j’ai décidé de quitter. Je ne veux plus d’un second mandat, car ma seule ambition aujourd’hui est de bouter hors du pays le président Macky Sall en 2017. » Il était donc si pressé de débarrasser le Sénégal de Macky Sall. Il n’avait même pas la patience d’attendre le 24 février 2019. Et il saisissait toutes les opportunités pour charger son adversaire (du moment). Aussi, ironisa-t-il après sa tournée économique au Sud du pays. En réalité, pour lui, « Macky Sall était venu à Ziguinchor pour baptiser les enfants d’autrui, faire une campagne électorale déguisée, mais aussi et surtout pour faire du saupoudrage aux populations de la Casamance. » Il s’est fait aussi le devoir de lui rappeler que « toutes les infrastructures (qu’il) a inaugurées à Ziguinchor sont des réalisations d’Abdoulaye Wade » (‘’L’OBS’’ n° 3426 du 23 février 2015).
Rappelons, pour en terminer avec lui, qu’en septembre 2018, il a réitéré avec force sa candidature à l’élection présidentielle du 24 février 2019, non sans constater avec regret que « les valeurs démocratiques du Sénégal sont aujourd’hui bafouées », pour justifier encore plus son engagement à « bouter Macky Sall hors du pouvoir ». Il était alors l’invité de ‘’opinion.fr’’. Vous avez bien lu, mes chers compatriotes. Voilà que, à moins de deux mois de l’élection présidentielle, celui qui s’engageait à bouter le candidat sortant hors du pouvoir va se livrer pieds et mains liés à lui pour contribuer à sa réélection.
Rappelons quand même que, dans le cadre de la ‘’Traque des Biens mal acquis’’, la Commission d’Instruction de la Haute Cour de Justice aurait déjà bouclé l’enquête le concernant. Il ne restait, semble-t-il, que le chemin de la Haute Cour. Il se serait enrichi de façon illicite, lui et son épouse, jusqu’à hauteur de cinq milliards. Avait-il peur d’aller en prison ? En tous les cas, le risque est désormais nul pour lui, puisqu’il a rejoint le camp de celui fait et défait les destins politiques, en fonction de ses propres intérêts.
Peut-on l’appeler, celui-là (M. Baldé), un opposant républicain ? Il ne l’est pas plus que celui qui l’a reçu, à un moment où il devait être conduit en justice. Une telle félonie est impensable dans les grandes démocraties. Le président-politicien n’est malheureusement pas dans la peau d’un républicain. Rien, dans sa gouvernance n’est républicain. Tout, au contraire, y est politicien et souvent carrément contraire à la morale et à l’éthique. La République ne compte pas pour une seule once pour lui, dans son objectif de se faire réélire coûte que coûte.
Il a eu le même comportement coupable avec de nombreux autres transhumants comme Moussa Sy, Modou Diagne Fada, El Hadj Diouf, etc. A WhatsAPP, des vidéos mettent en évidence leurs pitoyables retournements de vestes dont leurs proches ne doivent pas être très fiers. Nous rappelons, enfin, qu’il a à ses côtés comme Ministre délégué, Souleymane Jules Diop qui, maintenant, dit qu’il est son frère. A-t-il déjà oublié ses chroniques ? Dans celle du 8 décembre 2011 en particulier, il a été particulièrement féroce avec celui qui est devenu son frère et président aujourd’hui. Après avoir insinué son implication dans l’attribution par les Wade d’une licence aux trafiquants de drogue qui s’étaient installés à Ndagane Samba – feu Djibo Ka étant alors Ministre de l’Economie maritime –, il l’interpelle ainsi :
« A Macky Sall, nous demandons la vérité sur cette affaire. Nous ne pouvons déroger à cette règle sans être injustes. Il louait un modeste appartement à Derklé. Il possède maintenant une radio qui vaut 200 millions de francs, un appartement plus coûteux à Huston, une maison qui vaut un milliard de francs dans laquelle il vient de déménager avec un parc automobile que personne ne possède dans ce pays. Qu’il nous dise comment il s’est bâti cette fortune colossale en six ans ! Nous osons aussi lui demander, lui qui a fait nommer sa sœur à l’ambassade du Sénégal à Paris, son frère à l’ambassade du Sénégal en Chine, son beau-frère au Consulat à New-York, s’il ne souffre pas des mêmes maux dont il accable l’actuel régime. »
Voilà le Sénégal ! Voilà ce qu’en a fait le président-politicien ! Reniant lui-même pratiquement tous ses engagements, usant sans état d’âme de son décret et de ses fonds spéciaux, il a bousculé toutes nos valeurs cardinales comme le sens de l’honneur et de la dignité, le respect de la parole donnée, l’attachement à des principes, etc., et leur a substitué la course effrénée vers l’argent et les ‘’honneurs’’. Par ses sinécures, il a rendu carrément méconnaissables des hommes et des femmes qui ne supportent plus que d’autres compatriotes regardent ailleurs, soutiennent d’autres candidats que le leur.
Pour mériter encore plus de sinécures, ils rivalisent d’ardeur à le défendre, parfois de façon trois maladroite, avec des arguments éculés qu’ils ne maîtrisent même pas. Je peux comprendre que, pris dans les ‘’délices’’ du pouvoir, ils soient toujours portés à le défendre. Ce que je comprends moins, c’est qu’ils ne s’y préparent généralement pas. En particulier, je suis gêné et déçu quand l’un d’entre eux prétend qu’aucun candidat ne doit avoir pour objectif de changer le système alors qu’il compte dans sa coalition des hommes et des femmes qui ont assumé des responsabilités dans le même système. De même, quand il ignore que le montant annuel (officiel) des fonds spéciaux du président-politicien est de huit milliards, il devrait s’abstenir de prendre part à un débat où il n’est manifestement pas à l’aise et, le sachant, tente de cacher ses limites dans la diversion.
Dakar, le 4 février 2019
Mody Niang