Près de soixante ans après les indépendances des années 1960, les pays africains demeurent instables politiquement en dépit des efforts consentis par les peuples, les acteurs nationaux et internationaux à travers des processus multiformes de démocratisation de la gouvernance et des alternances au sommet de l’exercice du pouvoir étatique. Le troisième mandat présidentiel est désormais en évoque dans le continent noir. Les guerres inter ethniques et les conflits intégristes religieux et nationalistes plongent l’Afrique dans le cycle infernal de la violence sociale et politique. L’obsession de l’élite africaine du pouvoir étatique constitue un des facteurs structurels à l’origine des crises récurrentes et du sous- développement de l’une des zones géostratégiques les plus riches de la planète.
Les Africains ont mené sous des formes multiformes la bataille héroïque de l’accession à l’indépendance politique. Les puissances colonisatrices, notamment, la France, l’Angleterre et l’Allemagne, ont fini par accepter la mort dans l’âme, l’accession inéluctable des anciennes colonies à la souveraineté internationale. Tout au long des soixante dernières années post- coloniales, l’élite africaine francophone et anglophone a gouverné de manière souveraine les destinées politiques de l’Afrique. La controverse de la continuité de la domination des anciens pays colonisateurs demeure certes pertinente et toujours actuelle au regard des relations de subordination des Etats africains indépendants aux intérêts stratégiques des Etats du Nord et de ses partenaires techniques et financiers internationaux traditionnels.
L’élite africaine a une lourde responsabilité historique dans le destin tragique de la trajectoire de son continent. Elle exerce pleinement le pouvoir étatique. Rien ne peut expliquer ou justifier la soumission d’un pouvoir démocratique au diktat et aux conditions draconiennes de ses partenaires techniques et financiers. Il faudra dès lors chercher les véritables fondements de la situation lamentable de l’Afrique. Les causes majeures sont endogènes. Aucun pays partenaire fusse- t-il, l’ancien colonisateur, ne peut contrainte à notre époque,un Etat de Droit et un pouvoir politique légitime au service de ses citoyens à accepter de conduire des politiques publiques nuisibles puisque secrétant inexorablement des conséquences fâcheuses pour ses populations, singulièrement sa jeunesse. A moins que cette élite ne soit vraiment contre sa Nation, sa patrie, il est difficile d’admettre le plaidoyer de l’irresponsabilité des dirigeants africains.
Les responsables politiques africains sont les principaux responsables de la situation que vivent les Etats et les citoyens africains. L’évocation des progrès de la croissance économique de quelques pays africains, les avancées de la démocratie pluraliste occultent difficilement le sort de l’Afrique : un continent pauvre, sous développé traînant avec elle le fardeau de sa misère et l’enchevêtrement de problèmes sociaux, culturels, religieux et politiques quasi permanents. Les guerres tribales, les conflits inter ethniques et religieux portent cette image négative de l’Afrique à travers le monde.
Ce qui est en jeu à travers cette démission de l’élite africaine est de l’ordre du politique. L’élite africaine a été vaincue culturellement par l’obsession du pouvoir étatique, les intérêts de groupes privés, la jouissance et le prestige du pouvoir. Les Occidentaux exploitent naturellement intelligemment ces ficelles d’une culture ancrée dans les esprits d’une élite incapable de proposer une rupture avec les options de la mondialisation. Elle a renoncé à la réflexion. Elle préfère consommer les prêts à porter des puissances du monde. Elle a fini par abandonner les missions cardinales de l’Etat central et l’amélioration des conditions de vie des populations. La démocratie pluraliste, le développement, finissent par être encombrants pour des pans entiers de l’élite africaine au pouvoir.
On comprend aisément pour quoi le troisième mandat présidentiel est subitement en vogue dans les pays qui ont pourtant connu des alternances politiques et des drames humains à cause de conflits de pouvoirs entre des franges se disputant le contrôle du pouvoir. Les observateurs des Etats africains avaient pensé à tort que les régimes monarchiques, anti-démocratiques, autoritaires et sanguinaires étaient finis avec la disparition de la génération des pères fondateurs des Etats indépendants. Nous assistons à un phénomène contraire avec le retour en force du parti-Etat, du recul de la démocratie pluraliste et la personnalisation du pouvoir présidentiel.
Ce renversement du rapport entre l’élite politique et le pouvoir étatique résulte de l’obsession grandissante du pouvoir étatique dans les pays africains. Les élites politiques ne veulent plus quitter le pouvoir après deux mandats à l’instar des pères fondateurs des Etats africains.
Mamadou Sy Albert
Les Africains ont mené sous des formes multiformes la bataille héroïque de l’accession à l’indépendance politique. Les puissances colonisatrices, notamment, la France, l’Angleterre et l’Allemagne, ont fini par accepter la mort dans l’âme, l’accession inéluctable des anciennes colonies à la souveraineté internationale. Tout au long des soixante dernières années post- coloniales, l’élite africaine francophone et anglophone a gouverné de manière souveraine les destinées politiques de l’Afrique. La controverse de la continuité de la domination des anciens pays colonisateurs demeure certes pertinente et toujours actuelle au regard des relations de subordination des Etats africains indépendants aux intérêts stratégiques des Etats du Nord et de ses partenaires techniques et financiers internationaux traditionnels.
L’élite africaine a une lourde responsabilité historique dans le destin tragique de la trajectoire de son continent. Elle exerce pleinement le pouvoir étatique. Rien ne peut expliquer ou justifier la soumission d’un pouvoir démocratique au diktat et aux conditions draconiennes de ses partenaires techniques et financiers. Il faudra dès lors chercher les véritables fondements de la situation lamentable de l’Afrique. Les causes majeures sont endogènes. Aucun pays partenaire fusse- t-il, l’ancien colonisateur, ne peut contrainte à notre époque,un Etat de Droit et un pouvoir politique légitime au service de ses citoyens à accepter de conduire des politiques publiques nuisibles puisque secrétant inexorablement des conséquences fâcheuses pour ses populations, singulièrement sa jeunesse. A moins que cette élite ne soit vraiment contre sa Nation, sa patrie, il est difficile d’admettre le plaidoyer de l’irresponsabilité des dirigeants africains.
Les responsables politiques africains sont les principaux responsables de la situation que vivent les Etats et les citoyens africains. L’évocation des progrès de la croissance économique de quelques pays africains, les avancées de la démocratie pluraliste occultent difficilement le sort de l’Afrique : un continent pauvre, sous développé traînant avec elle le fardeau de sa misère et l’enchevêtrement de problèmes sociaux, culturels, religieux et politiques quasi permanents. Les guerres tribales, les conflits inter ethniques et religieux portent cette image négative de l’Afrique à travers le monde.
Ce qui est en jeu à travers cette démission de l’élite africaine est de l’ordre du politique. L’élite africaine a été vaincue culturellement par l’obsession du pouvoir étatique, les intérêts de groupes privés, la jouissance et le prestige du pouvoir. Les Occidentaux exploitent naturellement intelligemment ces ficelles d’une culture ancrée dans les esprits d’une élite incapable de proposer une rupture avec les options de la mondialisation. Elle a renoncé à la réflexion. Elle préfère consommer les prêts à porter des puissances du monde. Elle a fini par abandonner les missions cardinales de l’Etat central et l’amélioration des conditions de vie des populations. La démocratie pluraliste, le développement, finissent par être encombrants pour des pans entiers de l’élite africaine au pouvoir.
On comprend aisément pour quoi le troisième mandat présidentiel est subitement en vogue dans les pays qui ont pourtant connu des alternances politiques et des drames humains à cause de conflits de pouvoirs entre des franges se disputant le contrôle du pouvoir. Les observateurs des Etats africains avaient pensé à tort que les régimes monarchiques, anti-démocratiques, autoritaires et sanguinaires étaient finis avec la disparition de la génération des pères fondateurs des Etats indépendants. Nous assistons à un phénomène contraire avec le retour en force du parti-Etat, du recul de la démocratie pluraliste et la personnalisation du pouvoir présidentiel.
Ce renversement du rapport entre l’élite politique et le pouvoir étatique résulte de l’obsession grandissante du pouvoir étatique dans les pays africains. Les élites politiques ne veulent plus quitter le pouvoir après deux mandats à l’instar des pères fondateurs des Etats africains.
Mamadou Sy Albert