Chronique d’Albert : L’idéal panafricain se meurt

Mardi 28 Mai 2019

Les pays africains ont fêté le samedi dernier la journée internationale de l’Afrique. Ce moment de communion autour de l’idéal du continent africain impulsé par le premier Président du Ghana indépendant, Kwamé Khrumah, n’est pas encore un événement historique à la dimension des attentes des panafricanistes du monde. L’Afrique reste à la marge de la gouvernance mondiale.
 
Journée internationale de l’Afrique. Elle dit très ou trop peu de chose aux peuples africains. Des décennies après la décision de l’organisation africaine de consacrer une journée internationale au continent noir, cet événement reste marginal dans le fonctionnement des Etats post- indépendants et le vécu réel des populations africaines.
 
La journée internationale  est plus fêtée d’ailleurs à l’étranger, plus précisément, dans les pays où existe une diaspora - intellectuelle, politique et économique- suffisamment  imprégnée du sens du combat panafricaniste et sa portée actuelle dans le contexte de la mondialisation.
 
Le Sénégal ne fait guère exception à ce peu d’intérêt africain accordé à la journée internationale. Ici et là, quelques  sénégalais ont respecté la tradition de la fête. L’absence d’intérêt national et d’engouement populaire au plus sommet des Etats africains a évidemment une explication. Elle est  éminemment politique.
 
Elle traduit l’inexistence d’un commun vouloir africain, d’une stratégie panafricaniste, d’une vision unitaire et d’une approche consensuelle pour bâtir l’Etat fédéral : politique, économique et culturel.
 
Les pays africains accusent un retard énorme dans ce domaine unitaire, au moment où tous les autres continents unifiés autour d’une histoire commune et d’une volonté partagée de défense d’intérêts stratégiques des continents, entrent dans une nouvelle ère mondialisé du monde.
 
Les blocs continentaux sont déjà constitués et fonctionnent pour se protéger de l’étranger. L’Afrique traîne derrière toutes les zones géo-stratégiques. L’Afrique est le seul continent  éclaté en petits pays sans une organisation de protection de ses intérêts propres. Le continent  subit plus que les autres, les effets de  la globalisation du marché, du commerce international et de la gouvernance politique et économique.
 
Français, occidentaux, américains, chinois, russes ont tissé à ce titre des stratégies de conquête et /ou de reconquête  des espaces économiques, politiques, culturels de l’Afrique.
Pendant ce temps de reconquête et de recolonisation africaine par le reste du monde globalisé, l’Union Africaine ne dispose d’aucune stratégie unitaire de la gouvernance africaine.
 
La diversité des approches de la coopération internationale constitue une des faiblesses majeures du continent africain. L’Afrique est désunie face au monde global  dictant sa loi aux plus faibles.
 
Le sentiment panafricain se meurt ainsi progressivement. Très peu parmi ces responsables  ont à cœur l’Afrique, sa misère, son potentiel culturel et économique. L’écrasante majorité des responsables politiques africains ne pensent  valoriser le continent.
 
Le recul de la coopération entre les pays africains témoigne en réalité des liens de subordination et de domination des pays africains par des intérêts internationaux.
 
Chacun des pays africain dépend d’un pays étranger protecteur, de préférence occidentale, des bailleurs de fonds et des groupes privés internationaux. Cette Afrique - là, n’est point celle des pères fondateurs du panafricanisme. Elle est plutôt  dominée, marginalisée et exclue de la gouvernance politique, économique de la planète.
Mamadou Sy Albert
 
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