Cisjordanie Après le « choc » de l'attaque israélienne à Jénine, la constatation des dégâts

Jeudi 23 Mai 2024

Les talkies-walkies crachent, de jeunes membres de groupes armés palestiniens chargent dans un pick-up des croix antichars. Jénine, dans le nord de la Cisjordanie, sort d’un long raid israélien sous « le choc », et constate les dégâts.

 

Des toiles noires jonchent des ruelles étroites du camp de réfugiés éponyme, déchirées après avoir servi de couverture contre des drones israéliens.

 

L’armée israélienne vient d’achever jeudi une opération qui visait selon elle des « cellules terroristes du Hamas et du Djihad islamique dans la région de Jénine ». Elle a tué 12  personnes, selon le ministère palestinien de la Santé à Ramallah, dont quatre enfants, et en a blessé 25.

 

« L’armée est entrée dans le camp mardi matin alors que les élèves étaient sur le chemin de l’école », raconte Abdoul Jabbar al-Shalabi, directeur d’un centre social pour la jeunesse dans le camp de Jénine.  

 

« Les unités spéciales sont d’abord entrées, puis les tireurs d’élite se sont déployés sur les toits », ainsi que d’autres unités, décrit-il. « C’était le choc. Ma fille passait un examen et j’ai dû aller la chercher dans le camp ».

 

Dans les rues de Jénine – un des bastions des factions armées palestiniennes dans le nord de la Cisjordanie, occupée par Israël depuis 1967 – des pièces endommagées de véhicules blindés israéliens, un drapeau du groupe du Djihad islamique.

 

À l’extérieur du camp, des centaines de personnes participent à un cortège funéraire, dont des militants armés du Djihad islamique qui scandent « Allah Akbar », tirant en l’air avec des armes automatiques en guise de salut.  

 

Un hommage particulier a été rendu au chirurgien Oussaid Jabarin par le personnel de l’hôpital gouvernemental de la ville, rassemblé lors d’une cérémonie à sa mémoire.  

 

« Tristesse »

 

Les violences dans ce territoire ont été exacerbées par la guerre à Gaza entre Israël et le Hamas, déclenchée par une attaque sans précédent du mouvement islamiste menée depuis la bande de Gaza sur le territoire israélien le 7 octobre.

 

Selon le ministère palestinien de la Santé, au moins 517 personnes ont été tuées par des soldats ou des colons israéliens en Cisjordanie depuis le 7 octobre.

 

Depuis cette même date, au moins 12 Israéliens ont été tués dans le territoire occupé, dans des attaques ou des attentats perpétrés par des Palestiniens, selon des données officielles israéliennes.

 

L’armée a déclaré avoir perquisitionné la maison d’Ahmed Barakat, membre d’un groupe armé palestinien soupçonné d’être impliqué dans une attaque contre un civil israélien l’année dernière. Sa maison a été réduite en ruines lors de l’opération.

 

Les troupes israéliennes se sont aussi positionnées dans un bâtiment de deux étages, où des matelas en mousse étaient après leur départ éparpillés.

 

Abdoul Jabbar al-Shalabi décrit des portes cassées dans le centre social, des équipements sportifs endommagés, et des traitements contre le diabète aussi.  

 

Après le départ des troupes, des enfants reviennent jouer dans les rues et tapent le ballon devant des gravats.

 

Dans le camp, des dizaines de bâtiments portent les stigmates des récents heurts, ont constaté dans la matinée des journalistes de l’AFP. Certaines structures ont été complètement détruites.  

 

« Le camp n’est plus vivable, les eaux usées sont mélangées à l’eau potable depuis qu’elles ont été détruites par les énormes bulldozers de l’armée israélienne », dit jeudi après-midi M. Shalabi.

 

Fayza Abou-Qoutna, 60 ans, se dit fatiguée des raids israéliens dans le camp où elle vit depuis des décennies.

 

« Chaque fois qu’ils viennent à Jénine, la ville est détruite », déplore-t-elle. « Nous vivons dans la tristesse, nous vivons dans la misère ». [AFP]

 
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