Les réunions Zoom ou Teams vont-elles à long terme remplacer les voyages d’affaires? Ces déplacements professionnels en avion ont chuté depuis le début de la pandémie, laissant un gros trou dans les caisses des compagnies aériennes américaines. Leur rebond va prendre du temps.
«Tous les déplacements se sont soudainement arrêtés mi-mars à cause du Covid», raconte JJ Kinahan à l’AFP. Un changement brutal pour ce salarié du courtier TD AmeriTrade, qui passait jusqu’alors environ 75 nuits par an loin de chez lui pour le travail.
Les avions et chambres d’hôtel ne lui manquent pas. Il regrette surtout de ne pas avoir de nouvelles des réceptionnistes et concierges des établissements où il avait ses habitudes.
Sa compagnie n’autorise pour l’instant les voyages qu’au cas par cas. De toute façon, relève JJ Kinahan, «les gens ne sont pas au bureau».
La pandémie a dévasté les compagnies aériennes: les quatre plus grosses sociétés du secteur aux États-Unis (American, United, Delta et Southwest) ont encore perdu près de 11 milliards de dollars cumulés au troisième trimestre.
Les Américains ont recommencé à se déplacer un peu pour des raisons personnelles: pour la première fois depuis mi-mars, le nombre de clients traversant la sécurité dans les aéroports a dépassé dimanche dernier la barre de 1 million. Ce qui reste bien loin des 2,6 millions enregistrés le même jour en 2019.
De nombreuses entreprises autorisent de nouveau les déplacements, mais accordent leur feu vert au compte-gouttes.
Risques de poursuites
Il n’est parfois pas possible d’éviter les déplacements, comme quand un avocat doit se présenter devant une cour ou qu’une réparation ne peut être faite que par un technicien spécialisé, souligne Alexandra Cunningham, du cabinet juridique Hunton Andrews Kurth.
Si des employés travaillant dans des endroits fermés, comme les abattoirs et les bateaux de croisière, ont pu réclamer des compensations après être tombés malades, il reste à ses yeux compliqué de prouver que le virus a pu être attrapé lors d’un voyage d’affaires.
Mais suivre les recommandations des autorités sanitaires, qui conseillent d’éviter tout voyage non-essentiel, «est actuellement la meilleure façon pour une entreprise de se protéger du risque de poursuites» par un salarié, estime l’avocate.
Il faut aussi théoriquement respecter les règles de quarantaine imposées dans certains Etats, ce qui n’est pas vraiment pratique pour un déplacement d’un ou deux jours.
La désaffection des voyageurs d’affaires est un problème pour les compagnies aériennes: s’ils ne représentent qu’environ 30% des passagers, ils apportent la moitié de leur chiffre d’affaires, selon la fédération représentant le secteur, Airlines for America.
«Gagne-pain»
Cette catégorie «est extrêmement importante pour United, c’était notre gagne-pain», a souligné Scott Kirby, le patron de la compagnie, lors d’une récente conférence téléphonique. Les vols pour raisons professionnelles sont encore en baisse de 85% à 90% chez United.
Scott Kirby se veut optimiste: «On est des créatures sociales», a-t-il martelé, disant s’attendre à un rebond réel des voyages d’affaires entre fin 2021 et 2022, et un retour à la normale en 2024.
«Après le 11-Septembre, tout le monde disait que le monde allait changer, que plus personne n’allait voler. Ils avaient tort», a aussi rappelé jeudi sur la chaîne CNBC le PDG de Southwest Airlines, Gary Kelly. Mais le retour à la normale «ne sera pas de sitôt», a-t-il estimé. «Peut-être dans dix ans.»
Une fois que la situation se rétablira, il pourrait y avoir au final une réduction de 10% à 20% du nombre de voyages d’affaires, a avancé le patron de Delta, Ed Bastian, en reconnaissant «l’impact» des nouvelles technologies vidéo. Mais ce ne sera jamais «un substitut» aux voyages d’affaires, a-t-il affirmé.
Quant au télétravail en tant que tel, il pourrait même profiter aux voyages en avion, a remarqué dans une autre conférence téléphonique le responsable commercial de United, Andrew Nocella: les salariés qui ont fait le choix de s’installer loin du bureau devront bien y retourner quelques jours par mois.
«Les déplacements professionnels seront peut-être différents, mais nous pensons qu’ils reviendront.» En attendant, leur chute continuera à peser dans les comptes des compagnies aériennes. (AFP/NXP)
«Tous les déplacements se sont soudainement arrêtés mi-mars à cause du Covid», raconte JJ Kinahan à l’AFP. Un changement brutal pour ce salarié du courtier TD AmeriTrade, qui passait jusqu’alors environ 75 nuits par an loin de chez lui pour le travail.
Les avions et chambres d’hôtel ne lui manquent pas. Il regrette surtout de ne pas avoir de nouvelles des réceptionnistes et concierges des établissements où il avait ses habitudes.
Sa compagnie n’autorise pour l’instant les voyages qu’au cas par cas. De toute façon, relève JJ Kinahan, «les gens ne sont pas au bureau».
La pandémie a dévasté les compagnies aériennes: les quatre plus grosses sociétés du secteur aux États-Unis (American, United, Delta et Southwest) ont encore perdu près de 11 milliards de dollars cumulés au troisième trimestre.
Les Américains ont recommencé à se déplacer un peu pour des raisons personnelles: pour la première fois depuis mi-mars, le nombre de clients traversant la sécurité dans les aéroports a dépassé dimanche dernier la barre de 1 million. Ce qui reste bien loin des 2,6 millions enregistrés le même jour en 2019.
De nombreuses entreprises autorisent de nouveau les déplacements, mais accordent leur feu vert au compte-gouttes.
Risques de poursuites
Il n’est parfois pas possible d’éviter les déplacements, comme quand un avocat doit se présenter devant une cour ou qu’une réparation ne peut être faite que par un technicien spécialisé, souligne Alexandra Cunningham, du cabinet juridique Hunton Andrews Kurth.
Si des employés travaillant dans des endroits fermés, comme les abattoirs et les bateaux de croisière, ont pu réclamer des compensations après être tombés malades, il reste à ses yeux compliqué de prouver que le virus a pu être attrapé lors d’un voyage d’affaires.
Mais suivre les recommandations des autorités sanitaires, qui conseillent d’éviter tout voyage non-essentiel, «est actuellement la meilleure façon pour une entreprise de se protéger du risque de poursuites» par un salarié, estime l’avocate.
Il faut aussi théoriquement respecter les règles de quarantaine imposées dans certains Etats, ce qui n’est pas vraiment pratique pour un déplacement d’un ou deux jours.
La désaffection des voyageurs d’affaires est un problème pour les compagnies aériennes: s’ils ne représentent qu’environ 30% des passagers, ils apportent la moitié de leur chiffre d’affaires, selon la fédération représentant le secteur, Airlines for America.
«Gagne-pain»
Cette catégorie «est extrêmement importante pour United, c’était notre gagne-pain», a souligné Scott Kirby, le patron de la compagnie, lors d’une récente conférence téléphonique. Les vols pour raisons professionnelles sont encore en baisse de 85% à 90% chez United.
Scott Kirby se veut optimiste: «On est des créatures sociales», a-t-il martelé, disant s’attendre à un rebond réel des voyages d’affaires entre fin 2021 et 2022, et un retour à la normale en 2024.
«Après le 11-Septembre, tout le monde disait que le monde allait changer, que plus personne n’allait voler. Ils avaient tort», a aussi rappelé jeudi sur la chaîne CNBC le PDG de Southwest Airlines, Gary Kelly. Mais le retour à la normale «ne sera pas de sitôt», a-t-il estimé. «Peut-être dans dix ans.»
Une fois que la situation se rétablira, il pourrait y avoir au final une réduction de 10% à 20% du nombre de voyages d’affaires, a avancé le patron de Delta, Ed Bastian, en reconnaissant «l’impact» des nouvelles technologies vidéo. Mais ce ne sera jamais «un substitut» aux voyages d’affaires, a-t-il affirmé.
Quant au télétravail en tant que tel, il pourrait même profiter aux voyages en avion, a remarqué dans une autre conférence téléphonique le responsable commercial de United, Andrew Nocella: les salariés qui ont fait le choix de s’installer loin du bureau devront bien y retourner quelques jours par mois.
«Les déplacements professionnels seront peut-être différents, mais nous pensons qu’ils reviendront.» En attendant, leur chute continuera à peser dans les comptes des compagnies aériennes. (AFP/NXP)