Le rapport de la Cour des comptes sur la situation des finances publiques sénégalaises sur la période budgétaire 2019-2024 révèle l’existence de pratiques hors des circuits officiels. Conséquence : l’encours de la dette publique au 31 mars 2024 est « bien supérieur aux chiffres officiels fournis par le gouvernement » sous le régime de l’ancien président Macky Sall. Selon la Cour, le total de la dette a cette période était de 18 558,91 milliards de francs CFA, soit « 99,67% du produit intérieur brut ».
Rendu public ce 12 février 2025, le rapport la dette intérieure à 6 694,71 milliards de francs CFA au 31 mars 2024. Et dans ce flux, l’audit révèle « une dette bancaire importante non retracée dans la comptabilité publique » d’un montant de 2517,14 milliards de francs CFA à la date indiquée plus haut.
Pour la Cour des comptes, ce mode de gestion parallèle hors circuit pose au moins deux difficultés pour les finances publiques : « un problème de transparence et de soutenabilité budgétaire », d’une part, et « un manque de contrôle des remboursements et une accumulation de charges financières imprévues », d’autre part.
Une dette n’étant jamais perdue, sa gestion hors cadre budgétaire et sans « suivi centralisé des échéanciers » a coûté aux contribuables sénégalais une somme de 21,73 milliards de francs CFA « en paiement d’intérêts et de pénalités de retard », souligne l’audit de l’institution de contrôle publique dans son rapport. L’Etat se retrouve ainsi exposé « à des risques accrus, notamment des taux d’intérêts élevés et des échéances non maîtrisées ».
De plus, souligne le document, « le remboursement de cette dette pèse lourdement sur les marges de manœuvre budgétaires de l’État, réduisant la capacité de financement des politiques publiques ».
En plus d’avoir été l’objet de traitement hors les canaux officiels, « une partie des emprunts n’a pas reçu l’aval du Parlement, ce qui constitue une irrégularité dans la gestion budgétaire ».
Ces déséquilibres étant insupportables, la Cour des comptes a formulé plusieurs recommandations aux autorités sénégalaises. Soit « une meilleure transparence et traçabilité de la dette, avec un encadrement strict des emprunts et un suivi centralisé des remboursements », « la limitation des emprunts bancaires hors circuit budgétaire, afin de garantir un meilleur contrôle parlementaire », « un renforcement du suivi des échéanciers de remboursement, pour éviter le paiement excessif de pénalités et d’intérêts ».
Elle propose également « une réforme du système de gestion des certificats nominatifs d’obligations (CNO), pour assurer une meilleure transparence et éviter les dérapages budgétaires. » [IMPACT.SN]