Conflit d’intérêts : un membre de l'équipe de Macron jette l’éponge

Mercredi 8 Mars 2017

PARIS (Reuters) - Un membre de l'équipe d'experts qui a participé à l'élaboration des propositions d'Emmanuel Macron pour la Santé, le Dr Jean-Jacques Mourad, a annoncé mardi sa démission en raison de ses liens avec les laboratoires Servier.
 
"Je reconnais ne pas avoir fait état de mes liens avec le laboratoire Servier, ni au moment d’intégrer ce groupe, ni au cours de nos travaux", a-t-il déclaré dans un communiqué.
 
"Les équipes d’En Marche ! n’étaient pas au courant de ces liens d’intérêts, parfaitement transparents par ailleurs car identifiables sur le site gouvernemental dédié", a-t-il ajouté.
Ce cardiologue jure avoir "préservé (sa) liberté de pensée" et n'avoir en aucun cas suggéré des idées ou des actions "en lien avec (ses) relations avec l’industrie pharmaceutique".
 
L'entourage du candidat a aussi dit qu'il n'avait pas informé l'ex-ministre de l'Economie et "En Marche !" de son activité de consultance pour Servier : 66 missions de janvier 2013 et juin 2016 et plus de 80.000 euros de frais de restaurant et de transport, selon le site LeMonde.fr.
 
Emmanuel Macron a réagi à l'annonce de sa démission.
 
"J'en prends acte et je le remercie de cet esprit de responsabilité", a-t-il dit lors d'un déplacement aux Mureaux.
 
Le candidat d'"En Marche !" à l'élection présidentielle a promis une "grande loi de moralisation de la vie publique" et contre les conflits d'intérêts s'il est élu en mai.
 
HYPERTENSION ARTÉRIELLE SÉVÈRE
Jean-Jacques Mourad dit avoir participé à ses propositions sur le remboursement à 100% des lunettes et prothèses dentaires et auditives, le service sanitaire, le médicament à l’unité et le rétablissement de la prise en charge à 100% des formes sévères de l’hypertension artérielle.
 
C'est ce dernier point qui pouvait notamment induire un conflit d'intérêt, le traitement de l'hypertension artérielle sévère étant une spécialité de ce cardiologue et de Servier.
 
Le Dr Mourad souligne pour sa part que la prise en charge à 100% de ce type d'affection est une revendication portée devant le Conseil d'Etat par un collectif de patients.
 
Il souligne qu'il effectue "depuis des années, à l’instar de nombreux experts, des missions de consultance et d’orateur pour plusieurs laboratoires pharmaceutiques" mais qu'il a démissionné de toutes ses fonctions dans des agences publiques.
 
"Aujourd’hui, mes liens avec Servier sont clairs : j’ai coordonné des études cliniques, réfléchi à des molécules en développement et les aide à avoir une communication éthique sur leurs produits", ajoute-t-il.
 
Il prend soin de préciser que cette activité "n’a aucune connexion avec le médicament Mediator", distribué par Servier jusqu'à son interdiction en 2009 et au centre d'un des scandales sanitaires les plus graves qu'ait connus la France.
 
Ce médicament destiné aux diabétiques en surpoids est présumé responsable de centaines de décès entre 1976 et 2009, selon une étude épidémiologique commandé par l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé.
 
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