Les enquêteurs venus arrêter mercredi le président sud-coréen suspendu Yoon Suk Yeol pour sa tentative ratée d’imposer la loi martiale sont engagés dans un nouveau face-à-face contre sa garde rapprochée qui bloque leur opération, a constaté l’AFP.
Les agents du CIO, l’entité qui centralise les investigations sur M. Yoon, « sont dans une impasse face au Service de sécurité présidentiel (PSS) après avoir montré leurs mandats », dont un ordre d’arrêt, a rapporté pour sa part l’agence de presse Yonhap.
Le PSS a déjà fait échouer leur premier essai le 3 janvier.
M. Yoon, suspendu de ses fonctions, risque son mandat pour avoir instauré brièvement la loi martiale le 3 décembre, une mesure choc qu’il avait justifiée par sa volonté de protéger le pays des « forces communistes nord-coréennes » et d’« éliminer les éléments hostiles à l’État ».
Au sein d’un Parlement cerné par des soldats, un nombre suffisant de députés avait rapidement contrecarré ses plans en votant un texte exigeant la levée de cet état d’exception. Mis sous pression par les élus, des milliers de manifestants prodémocratie et contraint par la Constitution, M. Yoon avait dû obtempérer.
« L’exécution du mandat d’arrêt présidentiel a démarré. La situation est un moment crucial pour maintenir l’ordre et l’État de droit en Corée du Sud », a déclaré dans un communiqué le président par intérim, Choi Sang-mok, rappelant « l’importance d’éviter le conflit physique ».
Des directs télévisés ont montré des effectifs du CIO et de la police bloqués par des personnes non-identifiées alors qu’ils tentaient d’entrer dans la résidence de M. Yoon.
Les enquêteurs, qui ont prévenu qu’ils appréhenderaient quiconque faisant obstruction, ont été pris dans un « affrontement physique alors qu’ils essa(yaient) d’entrer par la force dans la résidence présidentielle », a affirmé Yonhap, sans dire qui était impliqué dans le camp adverse.
Des coups de poing ont volé des deux côtés, selon une journaliste de l’AFP.
Au moins une personne a été blessée après être tombée durant cette altercation et a été exfiltrée par les pompiers, ont montré des images télévisées.
Pendant ce temps, des enquêteurs tentent d’accéder au site en passant par un chemin de randonnée tout près, d’après Yonhap TV.
Devant le domicile présidentiel, des partisans chantent à tue-tête « Mandat illégal ! » en brandissant des drapeaux américains.
Par ailleurs, quelque 30 députés du Parti du pouvoir au peuple (PPP) de M. Yoon sont sur place pour protéger leur leader, a indiqué Yonhap.
Début de son procès
Le pays est plongé dans le chaos politique depuis le coup de force du très impopulaire Yoon Suk Yeol, suspendu le 14 décembre après l’adoption par l’Assemblée nationale d’une motion de destitution contre lui.
Les enquêteurs du CIO avaient tenté une première fois de l’appréhender le 3 janvier mais se sont heurtés au PSS déterminé à ne pas les laisser faire.
Leur mandat d’arrêt avait été renouvelé quelques jours plus tard.
Pour cette deuxième descente qui s’annonçait extrêmement tendue, la police a décidé de ne pas porter d’arme à feu, se limitant à des gilets pare-balles, ont expliqué les médias locaux.
Des agents de protection de Yoon Suk Yeol renforçaient depuis des jours les défenses de son domicile, avec des barbelés et des barrages de bus bloquant l’entrée.
En cas d’arrestation, ce qui serait une première pour un chef de l’État sud-coréen en exercice, Yoon Suk Yeol peut être maintenu en garde à vue pendant 48 heures en vertu du mandat actif. Les enquêteurs devront en demander un nouveau pour éventuellement prolonger sa détention.
L’équipe juridique de l’ex-magistrat star qualifie l’ordre de l’arrêter d’« invalide ».
Son chef de cabinet, Chung Jin-suk, a dit mardi que son bureau était « prêt à envisager toutes les options d’enquêtes et de visites » à M. Yoon « dans un lieu tiers ».
Egalement mardi, la Cour constitutionnelle a lancé l’examen de la destitution du dirigeant conservateur, avec une première très courte audience. M. Yoon ne s’est pas présenté au titre d’« inquiétudes » concernant la sécurité. Le procès continuera même sans lui.
La Cour a jusqu’à la mi-juin pour décider de l’avenir de Yoon Suk Yeol, toujours officiellement le président en attendant le verdict. La juridiction pourra soit le démettre définitivement, soit le rétablir dans ses fonctions. [AFP]