Coup d’État - L’UA suspend le Niger et se montre réservée sur une intervention militaire

Mardi 22 Aout 2023


Réuni le 14 août, le Conseil de paix et de Sécurité (CPS) de l’UA a décidé « de suspendre immédiatement la participation de la République du Niger de toutes les activités de l’UA et de ses organes et institutions jusqu’au rétablissement effectif de l’ordre constitutionnel dans le pays », selon un communiqué publié mardi.
 
Dans ce texte, le CPS prend « note de la décision de la CEDEAO (Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest) », de « déployer une force » au Niger, une option qui rend l’organisation continentale sceptique.
 
Il demande à la Commission de l’UA « une évaluation des implications économiques, sociales et sécuritaires » d’un tel déploiement, tout en affichant clairement sa préférence pour la voie diplomatique.
 
Le CPS dit appuyer les « efforts de la CEDEAO dans son engagement soutenu en faveur du rétablissement de l’ordre constitutionnel par des moyens diplomatiques », puis affirme soutenir un « rétablissement pacifique » de l’ordre constitutionnel au Niger.
 
Il « invite » également « la junte militaire au Niger à coopérer avec la CEDEAO et l’UA en vue d’un rétablissement pacifique et rapide de l’ordre constitutionnel ».
 
Le CPS appelle aussi ses États membres à « mettre pleinement en œuvre les sanctions imposées par la CEDEAO » contre le Niger, tout en demandant leur « application progressive » et que soit minimisé leur « effet disproportionné sur les citoyens du Niger ».
 
À Niamey, la télévision nationale a annoncé mardi que douze soldats avaient été tués dimanche dans la région de Tillabéri (sud-ouest), dans une embuscade de djihadistes présumés.
 
Transition de trois ans rejetée
 
Les militaires qui ont renversé le président Bazoum, élu en 2021, ont principalement justifié leur coup d’État par la « dégradation de la situation sécuritaire ».
 
De son côté, la CEDEAO maintient vouloir « rétablir l’ordre constitutionnel au Niger ». Elle répète sa préférence pour une solution diplomatique mais agite toujours la menace de l’usage de la force.  
 
Une délégation de l’organisation s’est rendue samedi à Niamey pour négocier une sortie de crise. Ses émissaires ont rencontré le chef du régime militaire, le général Abdourahamane Tiani, et le président renversé Mohamed Bazoum.
 
 « Notre visite au Niger a été très fructueuse » et « a dégagé une piste pour commencer à discuter », a déclaré l’ancien président nigérian Abdulsalami Abubakar, qui a conduit la délégation. « Nous espérons arriver à quelque chose », a-t-il affirmé, mardi.
 
La CEDEAO a annoncé le 10 août son intention de déployer une force ouest-africaine pour rétablir M. Bazoum et a assuré vendredi dernier avoir fixé « le jour de l’intervention », sans en préciser la date.  
 
 « Si une agression devait être entreprise contre nous, elle ne sera pas la promenade de santé à laquelle certains croient », a répondu samedi le général Tiani, peu après avoir annoncé une transition de trois ans maximum avant une restitution du pouvoir aux civils. Un délai jugé inacceptable par l’organisation ouest-africaine.  
 
Parmi les principaux partenaires internationaux du Niger, la France qui déploie quelque 1500 militaires pour la lutte antidjihadiste au Niger a affiché son soutien total à la CEDEAO, tandis que les États-Unis ont appelé à une résolution pacifique de la crise.  
 
Les militaires au pouvoir à Niamey ont dénoncé le 3 août une série d’accords militaires avec la France, dont certains sont assortis d’un préavis d’un mois.  
 
Mardi, Abdoulaye Seydou, dirigeant du M62, une coalition de la société civile opposée à la présence militaire française, a affirmé que son mouvement n’accorderait pas « une seconde » à la France pour retirer ses troupes, à l’expiration de ce délai.  
 
En marge du sommet des Brics qui se tient actuellement en Afrique du Sud, le directeur général chargé de l’Afrique au ministère des Affaires étrangères chinois, Wu Peng, a affirmé que la situation au Niger « doit être résolue grâce à un dialogue pacifique, par le biais de la CEDEAO et de l’Union africaine ».
 
La libération du président Mohamed Bazoum, retenu prisonnier depuis le coup d’État, est l’une des exigences de nombreux pays de la communauté internationale.  
 
Dans une tribune au quotidien français le Figaro, sa fille Zazia Bazoum Mohamed, qui vit à Paris, a assuré que son père, en refusant de démissionner, a « décidé de se battre pour la sauvegarde de la démocratie », rappelant qu’il a été « démocratiquement élu » et demandant sa libération. (AFP)
 
 
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