Défiance du blocage russe - Le cargo au départ de l’Ukraine arrive en Turquie

Jeudi 17 Aout 2023


Le premier cargo au départ de l’Ukraine après la fin de l’accord sur les céréales est arrivé jeudi soir comme prévu à Istanbul, malgré le blocus russe, selon les sites de trafic maritime.
 
Le porte-conteneurs Joseph Schulte, battant pavillon de Hong Kong, a quitté mercredi le port ukrainien d’Odessa, un défi lancé à la Russie qui menace d’attaquer de tels navires depuis qu’elle a mis fin en juillet à l’accord par lequel l’Ukraine pouvait exporter ses céréales.
 
Le porte-conteneurs emprunte « un nouveau couloir humanitaire » établi par Kyiv, a affirmé le président ukrainien Volodymyr Zelensky, tandis que la Russie a procédé le week-end dernier à des tirs de sommation envers un cargo qui se dirigeait vers Izmaïl, un port sur le Danube dans le sud de l’Ukraine.
 
La présidence turque a brisé jeudi soir son silence sur ces tirs visant un navire qui appartient, bien que battant le pavillon de Palaos, à une compagnie turque.
 
« Les interlocuteurs en Russie ont été mis en garde pour éviter ce genre d’initiative qui pourrait faire monter les tensions en mer Noire », a affirmé Ankara.
 
Moscou a en outre intensifié ses attaques contre les infrastructures portuaires ukrainiennes de la mer Noire et du Danube depuis son retrait de l’accord sur les céréales conclu sous l’égide de l’ONU et de la Turquie et entré en vigueur à l’été 2022.
 
Ce dernier permettait aux céréales ukrainiennes de quitter les ports du sud de l’Ukraine malgré le blocus mis en place par la Russie.  
 
Dans le même temps, la communauté internationale cherche à trouver un moyen de sécuriser les itinéraires pour le transport vers le reste du monde des céréales à temps pour la récolte de cet automne, l’Ukraine et la Russie en étant des exportateurs de premier plan.  
Nouvelle initiative américaine
L’accord de l’année dernière a contribué à faire baisser les prix mondiaux des denrées alimentaires et à fournir aux Ukrainiens d’importants revenus. L’Ukraine exporte désormais via le Danube une grande partie de ses produits agricoles.  
 
Selon le Wall Street Journal, des responsables américains sont en pourparlers avec la Turquie, l’Ukraine et ses voisins concernant l’augmentation du trafic le long du Danube, qui se jette dans la mer Noire à la frontière entre l’Ukraine et la Roumanie.
 
L’un de ces responsables a affirmé que Washington allait étudier toutes les options, y compris celle d’un accompagnement militaire des navires de commerce ukrainiens.
 
Mais un officiel du ministère turc de la Défense ayant requis l’anonymat a semblé écarter jeudi cette initiative.  
« Nos efforts se concentrent sur la réactivation de l’accord sur les céréales », a-t-il déclaré à la chaîne de télévision privée turque NTV.
 
Le président turc Recep Tayyip Erdogan espère rencontrer son homologue russe Vladimir Poutine ce mois-ci et le rétablissement de l’accord sur les exportations de céréales ukrainiennes devrait être à l’ordre du jour de leurs discussions.
 
M. Erdogan a tenté de maintenir la neutralité de son pays et de rehausser son rôle diplomatique depuis le déclenchement de la guerre.  
 
La Turquie a ainsi accueilli deux premières séries de pourparlers de paix avec l’Ukraine et a intensifié ses échanges avec la Russie tout en fournissant des armes à Kyiv.
 
Contre-offensive diplomatique
 
Les Russes se sont retirés de l’accord sur les céréales après avoir affirmé qu’il n’avait pas atteint son objectif de profiter aux populations touchées par la famine, en particulier en Afrique avec laquelle ils cherchent à renforcer les liens pour éviter un isolement sur la scène mondiale.
 
La Russie a depuis demandé à la Turquie de l’aider en vue d’exporter des céréales vers les pays africains en écartant l’Ukraine.
 
Dans un entretien jeudi avec l’AFP, le chef de la diplomatie ukrainienne Dmytro Kouleba a dans ce contexte annoncé un combat « de longue haleine » pour « faire renaître » les relations de Kyiv avec l’Afrique.
 
Les tentatives russes d’obtenir le contrôle unilatéral de la navigation sur la mer Noire interviennent sur fond de contre-offensive militaire déclenchée en juin par les forces ukrainiennes.  
 
Pas de pression
 
Cette contre-offensive s’appuie sur de nouveaux équipements occidentaux, mais progresse lentement.  
 
Seule l’Ukraine décidera des termes d’une éventuelle négociation de paix avec la Russie, a répété jeudi le chef de l’OTAN, Jens Stoltenberg.
 
Deux jours plus tôt, son directeur de cabinet Stian Jenssen avait irrité Kyiv en laissant entendre qu’une solution au conflit pourrait être que l’Ukraine cède des territoires à la Russie en contrepartie d’une adhésion à l’OTAN.  
 
M. Kouleba a assuré que l’Ukraine « ne ressentait pas » la pression de ses alliés occidentaux pour obtenir des résultats rapides.
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